Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bible (suite)

Vulgate, traduction latine de la Bible, version officielle de l’Église catholique romaine.
Le grec, langue primitive de l’Église, n’est plus guère compris en Occident à partir du iiie s. Dans le monde romain s’impose la nécessité d’une traduction latine des livres saints. Des versions faites sur le grec commencent à circuler : on les appelle, dans la terminologie couramment reçue, les vieilles latines.
Leur multiplicité n’allait pas sans inconvénient pour l’utilisation de la Bible. C’est ainsi que naît la Vulgate. Elle est l’œuvre de saint Jérôme* (347-420). Après avoir commencé une révision des anciennes versions existantes, il entreprend une véritable traduction d’après l’original hébreu. Car, fait assez rare pour l’époque, Jérôme connaît l’hébreu. Il mettra quinze années pour mener son œuvre à bien.
Reconnue, non sans avoir rencontré de vives résistances, version officielle de l’Église à partir du viie s., elle est définitivement approuvée par le concile de Trente en 1546.

bibliothèque

Collection de documents classés dans un certain ordre.


La « bibliothèque » a pour mission de conserver la pensée humaine transcrite au moyen d’écritures très diverses et fixées sur des supports d’une grande variété : ardoise, os, cuir, métaux divers, tablettes d’argile cuite ou crue gravées de caractères cunéiformes, tablettes enduites de cire, « ostraca », rouleaux de papyrus, rouleaux de parchemin et enfin codex figurant, dès l’Antiquité classique, le livre tel que nous le connaissons aujourd’hui. L’histoire des bibliothèques est donc très étroitement liée à l’histoire de l’écriture, à l’histoire du livre et à celle des supports que l’évolution des techniques multiplie et que l’on groupe sous le terme de documents, graphiques, photographiques, phoniques, audio-visuels.

Par ailleurs, le terme de bibliothèque ne doit s’appliquer qu’à une collection de documents classés et organisés en vue d’être utilisés pour l’étude, la recherche ou l’information générale. On distingue divers types de bibliothèques : nationales, publiques, universitaires, spécialisées. Il existe également, suivant les catégories de lecteurs, des bibliothèques spéciales à l’intention d’un public particulier : bibliothèques d’entreprises, d’hôpitaux, de prisons, bibliothèques pour aveugles, etc. La conservation exclusive d’un type de documents entraîne d’autre part une autre distinction : journaux (hémérothèques), enregistrements phoniques (discothèques, phonothèques), etc.


Historique

Les premiers documents conservés ont été vraisemblablement des archives confiées à des fonctionnaires, ou à des prêtres, et appartenant à des palais et à des temples. Des scribes et des ateliers de copistes étaient chargés de transcrire et de recopier les textes. Les fouilles de Ninive ont mis au jour des tablettes d’argile gravées de caractères cunéiformes, et l’on évalue à 30 000 le nombre des documents qui constituaient, au viie s. av. J.-C., la bibliothèque d’Assourbanipal ; ils étaient placés sur des étagères, dans des jarres numérotées.

L’Égypte ancienne conservait essentiellement, sous forme de tablettes ou de rouleaux de papyrus, des recueils juridiques et des rituels. Diodore de Sicile évoque la bibliothèque de Ramsès II (v. 1301 - v. 1235 av. J.-C.). Celle du temple d’Héliopolis était consacrée à la thérapeutique.

C’est toutefois au monde grec que se rattachent les premiers souvenirs historiques relativement précis. On a découvert en Crète, au voisinage des palais de Cnossos et de Mycènes, de nombreuses tablettes d’argile séchée, conservées dans des jarres, des paniers et des boîtes. Après une éclipse de plusieurs siècles correspondant à la diffusion de la littérature orale reparaît une information écrite, et l’on a cru pouvoir compter parmi les collectionneurs les plus notoires Pisistrate et Polycrate. À l’époque classique, les grands écrivains, notamment Euripide et Aristote, possédaient une bibliothèque privée.

La bibliothèque la plus prestigieuse du monde grec est celle d’Alexandrie, de caractère encyclopédique. Créée par Ptolémée Ier avec l’aide de Démétrios de Phalère vers 297 av. J.-C., la bibliothèque du Musée et son annexe du Serapeum totalisaient 700 000 volumes, groupés par genres et répertoriés dans un catalogue. Le nom de Callimaque reste attaché à ce fonds qui attirait savants et chercheurs de tous les coins du monde civilisé. Le Musée fut détruit aux cours des guerres, et le Serapeum, enrichi de certaines collections provenant de la bibliothèque de Pergame, devait, en 391 de notre ère, subir le même sort.

Il est souvent question de bibliothèque dans la correspondance de Cicéron, qui y voit l’« âme » de sa maison. Si l’on prête à César l’idée d’une bibliothèque publique, la première réalisation, sur le mont Aventin, est due à Caius Asinius Pollio. Auguste en construisit deux : l’Octavienne et la Palatine. Trajan fonda l’Ulpienne. Il y aurait eu à Rome, au ive s., vingt-huit bibliothèques. Hadrien avait d’autre part doté Athènes d’une fort élégante bibliothèque. D’importants dépôts de littérature chrétienne apparurent sur le territoire byzantin, et l’on vit se substituer peu à peu au « rouleau » le « codex » de parchemin. Les guerres et les invasions barbares entraînèrent la destruction de ces fonds. Seuls quelques manuscrits furent recueillis à Constantinople ou dans les bibliothèques monastiques d’Occident.

C’est en effet aux bibliothèques religieuses médiévales que l’on doit la sauvegarde de la culture occidentale, y compris la littérature païenne. Des scriptoria de copistes s’établirent auprès des monastères, et la règle de saint Benoît prescrivit la transcription des manuscrits anciens et la lecture de textes sacrés. Les bibliothèques monastiques étaient de dimensions très restreintes (200 à 300 ouvrages à Saint-Gall et à Saint-Riquier, 600 à Bobbio), et les manuscrits de parchemin étaient enfermés dans une armoire (armarium).