Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bible (suite)

Éléments d’initiation biblique

apocryphe, se dit de tout écrit qui, se présentant comme un livre biblique, ne fait pas partie du canon officiel juif ou chrétien. Écrits dans un but d’édification ou de polémique religieuse, les apocryphes imitent ou veulent compléter les Écritures : par exemple l’Ascension d’Isaïe, le livre d’Hénoch, les divers Évangiles de l’Enfance, l’Évangile selon les Hébreux, etc. Il faut noter que dans l’Ancien Testament les catholiques admettent certains livres qui sont tenus pour apocryphes par les juifs et les protestants. Ces écrits contestés sont appelés par les catholiques deutérocanoniques.

canon des Écritures, liste officielle des écrits bibliques considérés comme authentiques et inspirés par Dieu. Ils constituent la règle infaillible de la foi et de la morale. Le canon juif a été fixé par l’Assemblée de Yabné (ou Jamnia) entre 90 et 100. Le canon catholique a été promulgué par le concile de Trente en 1546.
Les protestants, n’ayant pas d’autorité suprême doctrinale, n’ont pas à proprement parler de canon officiel. Pour l’Ancien Testament, ils adoptent le canon juif et pour le Nouveau Testament celui des catholiques, à l’exception des luthériens, qui considèrent comme apocryphes l’Épître aux Hébreux, celle de Jacques, la seconde de Pierre et l’Apocalypse.

critique biblique, examen méthodique du texte sacré pour en connaître le sens et la portée.
La critique textuelle a pour but d’établir l’état original d’un texte dont on ne possède que des copies. Il existe des fautes de copistes, sans parler de déformations dues à l’ignorance ou de retouches faites dans un but apologétique ou doctrinal, pour mettre le texte en harmonie avec les idées du temps.
La critique littéraire étudie la langue du texte, le milieu historique qui le conditionne, les sources utilisées, le genre de l’œuvre, la personne de l’auteur.
La critique historique établit la valeur du livre comme document d’histoire soit en matière de faits, soit en matière de doctrine.
La critique d’interprétation, ou herméneutique, concerne les principes et la méthode d’interprétation du texte en fonction des résultats obtenus par l’examen critique textuel, littéraire et historique.
Les croyants ont longtemps répugné à soumettre le texte sacré à cet examen critique, auquel ne saurait se soustraire aucune œuvre littéraire. Cette radiographie du texte sacré leur paraissait une profanation en même temps qu’une menace pour leur foi. À l’heure actuelle, les travaux des savants protestants et catholiques ont montré l’utilité et même la nécessité de cet examen méthodique, et la critique biblique a acquis le droit de cité dans les Églises.

deutérocanonique, v. apocryphe, ci-dessus.

exégèse, explication méthodique des Écritures, faite selon les normes établies par la critique biblique.

exégète, commentateur de la Bible.

inspiration, terme théologique pour désigner l’« influence active » de Dieu dans la composition des livres de la Bible. Pour les juifs et les chrétiens, la Bible a une origine à la fois humaine et divine, en ce sens que Dieu pousse l’auteur à écrire et l’anime dans son travail. C’est à cause de cette influence de Dieu que les Écritures sont dites « livres saints », « livres sacrés » ou « livres inspirés ».

Peschitto (mot araméen signif. la simple), la plus ancienne des versions syriaques de la Bible. Sa partie la plus ancienne remonte à la fin du iie s. Elle a été achevée dans sa forme actuelle au ve s.

rouleau biblique, manuscrit biblique composé de feuillets cousus bout à bout. Nous ne possédons d’aucun livre de la Bible le texte primitif écrit du vivant même des auteurs. On peut en dire autant d’ailleurs de toutes les œuvres de l’Antiquité. Ce qui nous est parvenu, ce sont des copies qui furent faites sur des peaux traitées à cet effet ou sur des feuilles de papyrus. Les manuscrits anciens se présentent à nous sous deux formes.
Ou bien les feuillets, sur lesquels le texte est disposé en colonnes, étaient empilés les uns sur les autres et assemblés de façon à former un codex, prototype de notre livre.
Ou bien, et c’est la forme la plus ancienne, les feuillets étaient cousus bout à bout, formant ainsi une longue bande qui s’enroulait autour d’un axe. Plus exactement, pour faciliter le maniement de ce rouleau écrit, on fixait aux deux bouts un bâtonnet, et, au fur et à mesure de la lecture, on déroulait d’un côté et on enroulait de l’autre. D’où l’expression courante dans la Bible : « Dérouler ou rouler le livre » ; c’est l’ouvrir ou le fermer.
Les fouilles faites aux environs de la mer Morte nous ont livré deux spécimens de ces rouleaux. Le premier, découvert en 1947, contient le livre d’Isaïe : il mesure 7,94 m de long et comporte 54 colonnes de texte. Le second, trouvé en 1967, porte un texte essénien : il a 8,60 m et 66 colonnes de texte.
Dès l’ère chrétienne, le codex est de plus en plus employé parce que d’un maniement plus facile et surtout moins encombrant. En effet, la Bible peut être rassemblée en un seul volume, tandis qu’il faut trente à quarante rouleaux pour avoir la totalité du texte sacré.
Toutefois, le rouleau biblique est encore employé de nos jours dans la liturgie de la Synagogue, pour la lecture de la Torah.

Septante, la plus importante des versions grecques de l’Ancien Testament.
Son nom, version des Septante, vient de la légende qui veut qu’elle ait été composée à Alexandrie par soixante-douze savants juifs en soixante-douze jours, sous le règne de Ptolémée II Philadelphe (283-246).
Les juifs installés dans le monde grec après la ruine de Jérusalem en 587 av. J.-C. s’étaient rapidement hellénisés. Ne comprenant plus guère l’hébreu, ils sentent le besoin d’avoir une traduction en langue grecque des livres saints. La composition de la Septante fut une œuvre de longue haleine, qui s’échelonna sur plus d’un siècle. Les premiers essais de traduction se situent vers 250 av. J.-C., et on peut considérer que, vers 130, la majeure partie des livres bibliques est traduite.
Très vite, la nouvelle Bible grecque s’impose avec une autorité égale à celle de l’original hébreu. Et, en mettant à la portée des païens le texte sacré, elle constitue pour les juifs un moyen non négligeable d’influence religieuse. L’Église chrétienne adopte la version des Septante : les auteurs du Nouveau Testament l’utilisent ainsi que les Pères de l’Église. Aujourd’hui encore, les Églises grecques d’Orient lisent l’Ancien Testament dans une version dérivée de la Septante.