Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bible (suite)

Au début du iiie s., le livre des Psaumes, répertoire de chants liturgiques dont une partie avait été composée dès l’époque monarchique et à l’époque perse, reçoit sa forme définitive. La littérature de sagesse et d’édification donne encore l’Ecclésiaste, Tobie, Esther, l’Ecclésiastique (entre 250 et 190). Le livre de la Sagesse, élaboré à Alexandrie au cours du ier s. av. J.-C., clôt la liste des livres de l’Ancien Testament.


Les deux premiers siècles chrétiens : le Nouveau Testament

Les livres du Nouveau Testament sont un produit de la communauté chrétienne primitive. On croit souvent et à tort que les Évangiles furent les premiers écrits chrétiens. Sans doute la division classique du Nouveau Testament, à savoir Évangiles, Actes des Apôtres, Épîtres de saint Paul, Épîtres catholiques et Apocalypse, est responsable de cette confusion. Cette présentation en effet ne suit pas l’ordre chronologique.

Ce sont les Épîtres de saint Paul qui, dans leur ensemble, furent d’abord écrites.

Les auteurs catholiques et protestants qui tiennent à l’authenticité paulinienne des 14 épîtres que la tradition attribue à saint Paul, placent leur date de composition entre 49-52, date du 2e voyage missionnaire de l’apôtre, et 67, année de sa seconde captivité à Rome et de sa mort. Ils admettent toutefois que l’Épître aux Hébreux, si elle se rattache à Paul, a comme auteur un disciple de l’apôtre, de culture alexandrine, qui composa son œuvre entre 67 et 70.

Cependant, un grand nombre d’exégètes protestants ou indépendants contestent l’authenticité paulinienne d’un certain nombre de lettres. Ils admettent avec des nuances que la majorité des épîtres ont été écrites par Paul. Ils contestent surtout l’authenticité des trois épîtres dites « pastorales », à savoir la première et la seconde à Timothée, et celle de Tite. Le vocabulaire de ces écrits est sensiblement différent de celui des autres épîtres ; la situation historique et religieuse qu’elles reflètent correspond à une période postérieure à la vie de l’apôtre. Elles sont la mise en application de l’enseignement donné par saint Paul à une situation qui correspond historiquement à la vie des Églises au début du iie s. C’est donc vers la fin du ier s. ou au début du iie que ces épîtres auraient pu être composées.

Pour l’Épître aux Hébreux, l’exégèse non catholique la détache davantage du contexte paulinien et place sa composition entre 81 et 96, sous la persécution de Domitien.

Les lettres de saint Paul étaient nées au gré des circonstances, suscitées par les problèmes particuliers que l’apôtre avait eu à résoudre au cours de ses voyages ; les écrits narratifs du Nouveau Testament, les quatre Évangiles et les Actes des Apôtres sont des œuvres élaborées, révélatrices de l’ensemble de la vie religieuse des premières communautés chrétiennes aux environs de l’an 70 de notre ère.

Les trois premiers Évangiles — Marc, Luc, Matthieu, selon l’ordre de composition — furent écrits entre 66 et 70 d’après l’opinion classique, un peu plus tard, entre 70 et 80, selon d’autres.

L’auteur de l’Évangile de Luc est aussi celui des Actes des Apôtres. Les deux ouvrages, à l’origine, n’en formaient vraisemblablement qu’un seul. Compte tenu que le livre des Actes est la suite de l’Évangile de Luc, on peut fixer sa date de composition vers 70 ou 80-90 selon la position prise au sujet de l’Évangile de Luc.

Avec le quatrième Évangile, l’Évangile selon saint Jean, nous touchons à la fin de l’âge apostolique. Dernier des écrits du Nouveau Testament, il suscite une multitude d’interprétations tant sur son auteur que sur la date de sa composition. Il touche, au moins pour ses éléments essentiels, à un témoin direct de la vie de Jésus de Nazareth, et le texte dans sa rédaction définitive doit remonter aux années 90-100.

La tradition attribue à l’auteur du quatrième Évangile le livre qui clôt la Bible chrétienne : l’Apocalypse. Bien qu’il ait été composé à peu près à la même époque que l’Évangile de Jean, à la fin du règne de Domitien en 96, il paraît difficile de conclure à l’unité d’auteur. Il y a pourtant entre les deux ouvrages « une certaine proximité qui resterait à expliquer » (O. Cullmann). La question reste en suspens.

Plus étroite est la relation entre l’auteur du quatrième Évangile et les trois épîtres dites « de saint Jean ». La majorité des critiques voient un lien très réel entre ces écrits : disons que si l’auteur n’est pas le même il appartient au moins au même milieu théologique. Il est malaisé de préciser le moment où elles furent écrites : vers la fin du ier s.

Le recueil assez disparate des Épîtres catholiques est constitué par l’épître de Jacques, les deux épîtres de Pierre, les trois épîtres de Jean (déjà traitées) et l’épître de Jude. Réunies sans aucun souci ni chronologique ni théologique, elles apparaissent dans les dernières années du ier s. De nombreux auteurs protestants et indépendants reculent même jusqu’aux environs de 150 apr. J.-C. la composition de la seconde épître de Pierre.

I. T.

➙ Hébreux / Juif / Morte (manuscrits de la mer) / Testament (Ancien et Nouveau).

 M. Goguet, Introduction au Nouveau Testament (Leroux, 1923-1926 ; 5 vol.). / O. Eissfeldt, Einleitung in das Alte Testament (Tübingen, 1934 ; 3e éd., 1964). / A. Lods, Histoire de la littérature hébraïque et juive (Payot, 1950). / A. Robert et A. Feuillet (sous la dir. de), Introduction à la Bible (Desclée, 1957-1959 ; 2 vol.). / Dictionnaire encyclopédique de la Bible (Brépols, 1960). / W. Harrington, Record of Revelation, of the Promise, of the Fulfilment (Chicago, 1965-66 ; 3 vol. ; trad. fr. Nouvelle Introduction à la Bible, Éd. du Seuil, 1971). / O. Cullmann, le Nouveau Testament (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1966 ; 2e éd., 1967). / C. Hauret, Initiation à l’Écriture sainte (Beauchesne, 1966). / E. Jacob, l’Ancien Testament (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1967 ; 2e éd., 1970). / Dictionnaire archéologique de la Bible (Hazan, 1970). / J. Negemann, Atlas du Proche-Orient biblique (Elzevir-Séquoia, 1971).