Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Belgique (suite)

La Flandre, elle, s’orientait vers un art nationaliste, inauguré par le barde Peter Benoit (1834-1901), poursuivi par Jan Blockx (1851-1912) et Edgar Tinel (1854-1912). Cantates et opéras n’ont guère franchi les frontières, mais le rôle de ces pionniers, notamment dans la promotion d’une culture populaire flamande, demeure considérable. Au tournant du siècle, les compositeurs flamands s’inspirèrent utilement des « Cinq » russes lorsqu’ils voulurent aborder l’orchestre : August de Boeck (1865-1937), Lodewijk Mortelmans (1868-1952) et surtout Paul Gilson (1865-1942) furent de brillants orchestrateurs.

Entre 1890 et 1930 environ, Bruxelles fut un centre musical au rayonnement international, et nombre de partitions françaises, de Chabrier, Chausson ou Vincent d’Indy à Milhaud, connurent leur création au théâtre de la Monnaie, cependant que les concerts de la « Libre Esthétique » ou du « Groupe des XX » propageaient la musique de chambre.

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le groupe des « synthétistes » — sept disciples de Paul Gilson — fut l’équivalent belge des « Six ». Le plus éminent d’entre eux, Jean Absil (1893-1974), s’est acquis une réputation internationale grâce à une œuvre aussi vaste que personnelle. Francis de Bourguignon (1890-1961), Gaston Brenta (1902-1969), André Souris (1899-1970), animateur exceptionnel, Albert Huybrechts (1899-1938) et René Bernier (né en 1905) complètent l’aile « française » des « Synthétistes ». En marge d’eux, il faut citer le fécond et dynamique Raymond Chevreuille (né en 1901). Camille Schmit (né en 1908), Pierre Froidebise (1914-1962) et Marcel Quinet (né en 1915).

Pendant ce temps, l’école flamande ne s’est que lentement dégagée du postromantisme straussien, dont l’influence marque l’œuvre de Flor Alpaerts (1876-1954), pour s’orienter à son tour vers l’exemple de Ravel et de Roussel, avec le fécond Arthur Meulemans (1884-1966), Robert Herberigs (né en 1886), August Baeyens (1895-1966) ou les « Synthétistes » flamands Maurits Schoemaker (1890-1964) et surtout Marcel Poot (né en 1901). Les noms de Willem Pelemans (né en 1901), de Louis de Meester (né en 1904), de Renier Van der Velden (né en 1910), de Norbert Rosseau (né en 1907) et de David Van de Woestijne (né en 1915) illustrent la vitalité de la génération moyenne des musiciens flamands, que domine l’éminent symphoniste Victor Legley (né en 1915).

L’éventail actuel de la création musicale, tant wallonne que flamande, est exceptionnellement ouvert. Les tendances de l’avant-garde internationale coexistent désormais avec des courants plus traditionnels. Le chef de file de la jeune musique belge demeure Henri Pousseur (né en 1929), l’un des pionniers internationaux de la nouvelle musique au même titre qu’un Boulez ou un Stockhausen. À ses côtés, on citera Pierre Bartholomée (né en 1937), fondateur de l’ensemble « Musiques nouvelles », dont l’activité à Bruxelles correspond à celle du Domaine musical à Paris. L’avant-garde flamande est particulièrement active et dynamique avec le groupe « Spectra », de Gand, réunissant autour de son initiateur L. de Meester les noms de Karel Goeyvaerts (né en 1923) et de Lucien Goethals (né en 1931). Il faut citer aussi Philip Boesmans (né en 1936), Raymond Baervoets (né en 1930) et Herman Van San (né en 1929), sorte de Xenakis belge. Les tendances plus traditionnelles trouvent de talentueux défenseurs, tant du côté wallon, avec Jacques Leduc (né en 1932) ou Eric Feldbusch (né en 1922), que flamand, avec Nini Bulterijs (née en 1929), Frederik Devreese (né en 1929), Jacqueline Fontyn (née en 1930) et Willem Kersters (né en 1929). Le festival biennal de Bruxelles tient le public belge au courant de la musique nouvelle dans le monde, et si les concerts traditionnels demeurent très conservateurs dans leurs programmes, la radio témoigne davantage d’audace et d’éclectisme. L’organisme Cebedem (Centre belge de documentation musicale), subventionné par l’État, s’occupe de l’édition et de la propagation de la production nationale. Enfin, d’éminents musicologues et interprètes contribuent au rayonnement de la vie musicale belge, tandis que la présence à Bruxelles de Maurice Béjart* fait de cette ville un des hauts lieux du ballet.

H. H.

 M. Lorrain, G. Lekeu, sa correspondance, sa vie, son œuvre (Liège, 1923). / P. Bergmans, Henri Vieuxtemps (Turnhout, 1926). / C. Van den Borren, Peter Benoit (Office de publicité, Bruxelles, 1942). / F. Blockx, Jan Blockx (Bruxelles, 1943). / F. Rasse, Notice sur Auguste de Boeck (Bruxelles, 1943). / E. Christen, Ysaye (Labor et Fidès, Genève, 1946). / P. Prist, l’Enfant de génie de la musique contemporaine, Guillaume Lekeu (Office de publicité, Bruxelles, 1946). / P. Tinel, Edgar Tinel (Éd. universitaires, Bruxelles, 1946). / A. Ysaye, Eugène Ysaye, sa vie, son œuvre, son influence (l’Écran du Monde, Bruxelles, 1947). / A. Vandernoot, Francis de Bourguignon (Bruxelles, 1949). / P. Douliez, Peter Benoit (Bloemendaal, 1954). / R. Wangermee, la Musique belge contemporaine (Renaissance du livre, Bruxelles, 1959). / F. van der Mueren, Perspectief van de Vlaamse Muziek sedert Benoit (Hasselt, 1961). / R. de Guide, Jean Absil, vie et œuvre (Casterman, 1965). / C. Mertens, Hedendaagse Muziek in België (Bruxelles, 1967). / On peut également consulter les brochures biographiques avec catalogues d’œuvres (Cebedem, Bruxelles).


Les grandes étapes de l’histoire de la Belgique


Des origines à l’indépendance


Les Celtes. La domination romaine

• Les territoires qui forment l’actuelle Belgique ont été très anciennement occupés ; il est même possible que les hommes soient plus nombreux au Néolithique que durant la période romaine.

• viie s. av. J.-C. : les Celtes introduisent la technique du fer entre Sambre et Meuse.

• 57 av. J.-C. : César, au cours de la guerre des Gaules, défait les Nerviens et les Aduatiques.

• 51 av. J.-C. : la soumission des Eburons et des Trévires marque le début de la domination romaine. Rome laisse subsister l’unité territoriale des civitates et, dans la civitas, les subdivisions en pagi.

• 27 av. J.-C. : Auguste divise la Gaule en Gallia togata (provincia) et en Gallia comata : de celle-ci fait partie la vaste province de Belgique, qui s’étend du Rhin aux confins de la région parisienne et de la mer du nord au lac Léman.

• Fin du iiie s. : les civitates de la Belgique sont réparties entre trois provinces : la Belgica prima (métropole : Trèves), la Belgica secunda (métropole : Reims) et la Germania secunda (métropole : Cologne).