Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Belgique (suite)

• Si la Belgique romaine compte peu de villes (Tongres, Tournai, Bavay), elle joue un rôle important dans la stratégie et l’économie romaines, grâce surtout aux routes, le long desquelles se créent des bourgades actives. Il semble que la partie méridionale du pays soit particulièrement marquée par la civilisation romaine, comme en témoignent le nombre de villas et de nécropoles, et les traces d’agriculture et d’industrie (lainages, fer, verreries). Le Nord et le littoral, peu accueillants, soumis aux eaux, sont nettement moins développés.


Les invasions germaniques

• Milieu du iiie s. : une première vague de Germains (Francs, Saxons, Frisons) ravage le pays, obligeant les populations à fortifier les villes et à multiplier les refuges.

• En même temps, le christianisme pénètre en Belgique (évêché de Tongres vers 343), mais il ne s’implante guère que dans les villes et dans les gros bourgs.

• Vers 350 : les Francs Saliens s’installent en Campine ; ils remontent ensuite le cours de l’Escaut. D’autres Francs forcent le passage de Trèves.

• Milieu du ve s. : la Belgica prima est pratiquement sous la domination franque ; en 455, Chlodion est à Tournai.

• La frontière linguistique de la Belgique ne correspond évidemment pas aux limites de l’invasion franque. On peut dire, en simplifiant, que les territoires du Nord (future Flandre, Brabant, Campine), qui étaient peu peuplés avant le ve s. et qui reçoivent la masse des envahisseurs, vont être très marqués par l’influence germanique ; la partie méridionale, au contraire, fortement romanisée (future Wallonie), « assimila » ses Francs au profit de la culture latine.


Mérovingiens et Carolingiens (vie-ixe s.)

• Le Franc Clovis ayant fini par conquérir toute la Gaule (v. 500), les territoires qui formeront la Belgique restent, sous les Mérovingiens, à la périphérie des royaumes francs (Neustrie à l’ouest, Austrasie à l’est). Par contre, l’influence des maires du palais, et notamment celle de Pépin le Bref — né près de Liège —, rend à la région arrosée par la Meuse une importance qui sera consacrée par Charlemagne : Aix-la-Chapelle, sa capitale, est aux confins de la Belgique.

• Comme dans tout l’Occident, la civilisation est essentiellement rurale ; les villes sont surtout des centres administratifs. Les voies d’eau (Meuse, Escaut) concentrent l’activité marchande et sont jalonnées de bourgades (Anvers, Gand, Tournai, Dinant, Namur...) promises souvent à un avenir de prospérité. L’exportation par la mer (marins frisons) des étoffes de drap et de toile, à laquelle correspond l’importation de produits agricoles, constitue l’activité essentielle du commerce.

• C’est dans les villes que le christianisme — un moment gêné par les invasions germaniques — se développe surtout. Des évêchés apparaissent de nouveau à Tongres (siège qui s’installe ensuite à Maastricht, puis à Liège) ainsi qu’à Tournai, Arras, Noyon, Cambrai et Thérouanne. Dans les campagnes, l’évangélisation fait des progrès à partir du milieu du viie s. grâce à des apôtres comme saint Amand dans la vallée de l’Escaut, saint Lambert dans la région de Liège et saint Hubert en Ardenne. De nombreuses abbayes viennent fortifier l’œuvre des évêques.


L’époque des principautés et des villes (ixe-xive s.)

• 843 : le traité de Verdun fait de l’Escaut une frontière. À l’ouest, les territoires (Flandre) passent à Charles le Chauve ; les territoires de l’Est (Hainaut, Brabant, etc.) reviennent à Lothaire : c’est un pays appelé Lotharingie que, durant un siècle, se disputent France et Allemagne.

• 925 : la Lotharingie est rattachée à l’Allemagne. L’Escaut devient frontière entre la France et l’Empire. Mais, dans les territoires de la future Belgique — excentrique —, l’influence des souverains se défait rapidement, ce qui favorise la féodalité.

• En Lotharingie se forment plusieurs principautés pratiquement autonomes au sein de l’Empire : Liège*, dont le prince-évêque, au xie s., étend très loin sa domination ; le Brabant*, qui s’organise autour de la maison de Louvain (Godefroi Ier, comte de Louvain, au xie s., prend le titre de comte de Brabant et de Louvain, et Henri Ier [† 1235] devient duc de Brabant) ; le Hainaut*, qui est constitué en comté dès le ixe s.

• En Flandre*, l’autorité du comte supplante rapidement celle du roi de France, d’autant plus que les intérêts économiques tournent la Flandre vers l’Angleterre, pays qui sera en guerre quasi permanente avec les Capétiens. Au xe et au xie s., la zone côtière est gagnée sur la mer et vigoureusement améliorée, grâce surtout aux communautés monastiques. Les défrichements gagnent le sud du pays, où la forêt charbonnière se restreint constamment.

• En même temps, les villes s’étendent et deviennent des centres de trafic international et d’industrie : chaudronnerie et orfèvrerie mosane, draperie flamande. Les foires et le commerce contribuent à la prospérité de villes comme Ypres, Bruges, Gand, Anvers, Bruxelles, Louvain, Malines, qui se développent, se peuplent et se couvrent de monuments. Ces villes aspirent à se gouverner elles-mêmes. Les princes doivent compter avec les « coutumes » et les privilèges des villes : celles-ci sont longtemps dominées par un patriciat ancien et riche, qui monopolise le commerce.

• L’hégémonie patricienne, de moins en moins supportée par les travailleurs, provoque des troubles, notamment au xive s. : la révolte des tisserands de Gand est l’une des plus célèbres. Le patriciat doit partout abandonner une grande partie de ses monopoles. Mais le corporatisme triomphant va devoir compter avec la domination de princes bien plus puissants que ceux qu’a connus jusqu’ici la Belgique : les ducs de Bourgogne, qui, pour la première fois, vont réunir la plupart des États belges.


Les ducs de Bourgogne (xive-xve s.)

• 1384 : le duc de Bourgogne Philippe* le Hardi (1364-1404) recueille de son beau-père la Flandre et l’Artois* ; mais il reste un des grands feudataires du royaume de France. Son fils Jean* sans Peur (1404-1419) se détache de son suzerain en apparaissant comme le chef de la faction bourguignonne, favorable aux Anglais.