Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bashō (suite)

C’est dire que la poésie fut sa vie, et que sa vie même fut un long poème jamais achevé. Ses notes de voyage, ses méditations poétiques, son abondante correspondance, ses haïku partout mêlés à ceux de ses disciples dans les haikai-renga composés au gré de ses pérégrinations, forment un ensemble dans lequel tout choix, tout fractionnement se révèle arbitraire. Un haïku, du reste, quand bien même il offrirait une signification totale en soi, ne prend toute sa valeur que si les circonstances de sa composition sont connues, de sorte que les « anthologies de haïku » publiées ici ou là ne peuvent donner de l’art de Bashō qu’une image appauvrie et plate, une musique sans « résonance », comme si d’une symphonie l’on isolait quelques accords dispersés, si beaux soient-ils.

Cela est vrai, dans une moindre mesure, des haibun, qui, malgré leur aspect plus élaboré, restent cependant les fragments, polis et repolis, parfois des années durant, d’un poème unique. Ce caractère apparaît singulièrement dans les cinq kikō et les deux nikki (« journaux ») qu’il conviendrait de lire dans leur ordre chronologique : Nozarashi-kikō, récit d’un voyage en Iga (automne 1684 - été 1685) ; Kashima-kikō, voyage à Kashima, dans le centre de Honshū, en 1687-88 ; Oi no kobumi, suite du précédent (1688, 1re éd. en 1708) ; Sarashina-kikō, retour à Edo, à l’automne 1688 ; Oku no Hosomichi, d’Edo à Ise par les provinces de l’extrême Nord, du printemps à l’automne de 1689 ; remanié jusqu’en 1694, ce récit ne fut imprimé qu’en 1702 ; Genjūan-ki, journal d’un séjour à Ishiyama, près de Kyōto (été 1690) ; Saga-nikki, d’une retraite à Saga (été 1691).

La concision de la phrase, la simplicité recherchée des vocables, la savante limpidité de l’expression atteignent à l’absolue perfection dans l’Oku no Hosomichi (la Sente étroite du Bout-du-Monde), où mieux que partout ailleurs le haïku, au terme d’une description ou d’une méditation en prose, en condense la totalité, comme dans une formation cristalline se rassemblent et s’ordonnent instantanément les éléments jusque-là diffus dans une masse liquide.

C’est alors que naît, du contraste entre l’invariant (fueki) et le fluide (ryūkō), entre la nature des choses et de l’homme, relativement permanente, et le destin éphémère, le cours sans cesse changeant de l’histoire, le sabi, la « patine », lente altération que le temps inflige même au bronze ou au roc, et par contrecoup le wabi, le pathétique, source et condition de toute beauté, dont il souligne en même temps la fragilité et les limites étroites.

Impermanente beauté, seul attachement en ce monde d’un poète qui, à l’instar de son maître Saigyō accusant les fleurs de cerisier de faire obstacle à son renoncement, exhale sur son lit de mort ses regrets en un ultime haïku :
Malade en chemin
en rêve encore je parcours
la lande desséchée.

R. S.

 Bashō, Œuvres complètes (en japonais, Tōkyō, 1962 ; 10 vol.). / M. Ueda, Zeami, Bashō, Yeats, Pound, a Study in Japanese and English Poetics (Mouton, 1965). / La Sente étroite du Bout-du-Monde (trad. par R. Sieffert in l’Éphémère, Maeght, 1968).

Basidiomycètes

Classe de Champignons comprenant notamment la plupart des grandes espèces comestibles.



Définition

Les Basidiomycètes sont des Champignons eumycètes caractérisés par la présence de basides, organes piriformes ou cylindriques qui donnent naissance aux spores haploïdes unicellulaires, ou basidiospores, portées extérieurement par des stérigmates, le plus souvent au nombre de quatre par baside ; celles-ci sont généralement disposées en une palissade, appelée hyménium, qui constitue la partie fertile de la fructification, ou carpophore. L’ensemble des Basidiomycètes est extrêmement diversifié et comporte un nombre considérable d’espèces (30 000 à 40 000). Les plus représentatifs sont les Champignons charnus, à chapeau pourvu de tubes ou de lamelles, où se rencontrent la plupart des espèces comestibles ou vénéneuses des prés et des bois. Cependant, tous les Basidiomycètes ne possèdent pas de carpophore typique ; à cette classe appartiennent également des formes microscopiques, Rouilles et Charbons, parasites des plantes sauvages ou cultivées.


Mode de reproduction

En germant, la basidiospore produit un mycélium cloisonné haploïde, à segments uninucléés (mycélium primaire), qui peut porter des spores végétatives : arthrospores, oïdies ou conidies ; mais ce mode de reproduction imparfait est moins fréquent chez les Basidiomycètes que chez les Ascomycètes. La reproduction sexuelle est caractérisée par l’absence d’organes sexuels différenciés ; la conjugaison se fait entre cellules de filaments primaires ou entre conidies provenant d’une même spore (homothallisme) ou de thalles compatibles d’origine différente (hétérothallisme bipolaire ou tétrapolaire). Le mycélium secondaire qui en résulte, binucléé et souvent « bouclé », constitue une phase durable indépendante, parfois très développée et différenciée en rhizomorphes ou sclérotes ; c’est lui qui assure la pérennité du Champignon. Dans des conditions favorables, il donne naissance au carpophore, sur lequel se formera l’hyménium porteur de basides. Dans chacune d’elles, les deux noyaux sexuels fusionnent en un noyau de fécondation qui subit aussitôt la méiose ; les quatre noyaux haploïdes se répartissent dans quatre basidiospores exogènes.


Classification

Elle est fondée en premier lieu sur les caractères morphologiques de la baside. Typiquement, celle-ci est claviforme, non partagée, pourvue au sommet de quatre stérigmates ; elle caractérise la sous-classe des Homobasidiomycètes. Les Hétérobasidiomycètes groupent tous les Champignons à basides cloisonnées, de types morphologiques variés : cylindriques, à cloisons transversales (Auriculaires) et issues d’une cellule enkystée (téleutospore des Rouilles, chlamydospore des Charbons), ou divisées en quatre loges par des cloisons longitudinales (Trémelles).

À l’intérieur de ces groupes, la classification en ordres est interprétée diversement suivant les auteurs. Le mode de développement de l’hyménium, à croissance définie ou indéfinie, formé à l’intérieur du carpophore ou libre, permet toutefois de caractériser les principales sections du vaste ensemble des Homobasidiés (R. Heim, 1969).