Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Basidiomycètes (suite)

Hétérobasidiomycètes

Ils comprennent deux des groupes les plus importants de parasites des végétaux vasculaires, les Rouilles et les Charbons, ou caries ; d’autres vivent en saprophytes ou parasitent les Insectes, les Champignons ou les Mousses. On y distingue quatre ordres. Les Urédinales (Rouilles) parasitent les organes verts de multiples plantes supérieures ; leur cycle de développement comporte plusieurs stades, spermogonies, écidies, urédospores et téleutospores, qui peuvent se succéder sur le même hôte ou sur deux espèces végétales distinctes (espèces dites « hétéroxènes », comme la Rouille du Blé, Puccinia graminis) [v. cycle de reproduction]. Les Ustilaginales (Charbons) se développent principalement dans les inflorescences ou les graines de leur hôte, et tout leur cycle s’accomplit sur une seule espèce de plante (autoxénie) ; elles sont responsables de graves affections des plantes cultivées, surtout des céréales (Charbon du Maïs, carie du grain de Blé). Les Auriculariales sont soit saprophytes et gélatineuses comme les Auricularia, parfois comestibles (Oreille-de-Judas), soit en relation symbiotique avec des Cochenilles sur les plantes qu’elles attaquent (Septobasidium, surtout répandu dans les régions tropicales). Les Trémellales, de consistance gélatineuse, à baside cloisonnée longitudinalement, vivent en saprophytes sur le vieux bois. Entre les Hétérobasidiés et les Homobasidiés prennent place des formes à baside entière, mais atypique (Tulasnelles, Calocères), qui constituent l’ordre des Protoclavariales.


Homobasidiomycètes

À ce groupe appartiennent la plupart des grands carpophores auxquels est communément réservé le nom de Champignon : Agarics, Bolets, Polypores, Clavaires, Vesses-de-Loup. Beaucoup sont des saprophytes ; leur mycélium végète dans le sol, le fumier, l’humus, le bois, et contribue activement à la décomposition des débris végétaux. Certains sont parasites des plantes supérieures, surtout des arbres, auxquels ils causent de sérieux dommages. Le mycélium de nombreuses espèces entre en association symbiotique étroite avec les racines des plantes arbustives ou herbacées, sous forme de mycorhizes. Les nombreux types morphologiques représentés parmi les Homobasidiés peuvent se regrouper autour de deux faciès principaux : chez les Gastéromycètes, la fructification est un conceptacle clos, et l’hyménium est endocarpe (= angiocarpe) ; chez les Hyménomycètes, le carpophore est ouvert ou étalé et, à maturité tout au moins, la surface fertile est librement exposée ; de ce groupe, on détache parfois les espèces dont le mycélium constamment exposé offre une croissance indéfinie (ordre des Aphyllophorales). Les Hyménomycètes proprement dits, Agaricales, Astérosporales et Bolétales, sont hémiangiocarpes : leur hyménium (défini) est, au début de son développement, protégé par un voile.


L’ordre des Aphyllophorales

Il offre des dispositifs hyméniens très variés : réceptacle discontinu ou lames lisses des Corticium, tubes cylindriques ou alvéoles irréguliers des Polypores, aiguillons des Hydnes, lames coriaces des Lentins, hyménium lisse ou plissé sur les branches dressées des Clavaires. Les Polypores, à chair coriace ou ligneuse, plus rarement spongieuse, forment souvent sur le bois, abattu ou sur pied, de larges carpophores en auvent. Beaucoup sont des parasites de blessures des arbres : pourriture brune de diverses essences (Polyporus sulfureus), pourriture alvéolaire du cœur du chêne (Stereum frustulosum), échauffure du bois de hêtre (S. purpureum), cœur rouge des conifères (Xanthochrous pini). La Fistuline hépatique, ou Langue-de-Bœuf, est comestible à l’état cru. La Mérule (Gyrophana lacrymans) s’attaque aux bois d’habitation, aux cuirs, au papier, dans les locaux humides ou peu aérés. Le réceptacle des Clavariés, terricoles ou lignicoles, est une masse charnue dressée, simple ou rameuse (Clavaires), ou aplatie en lames (Sparassis crispa) ; beaucoup sont comestibles, mais le Cl. formosa est fortement purgatif. Les Cantharellés ont un chapeau pourvu de rides ou de plis radiés qui les rapprochent des Agarics. La Chanterelle, ou Girolle (Cantharellus cibarius), est un des Champignons les plus communs, comestible recherché ; à cette famille appartient également la Trompette-des-Morts (Craterellus cornucopioides).


Les Agaricales, Astérosporales et Bolétales

Elles groupent tous les Champignons à chapeau charnu et symétrie axiale, dont l’hyménium est constitué de lamelles rayonnantes sous le chapeau (Agaricales et Astérosporales) ou de tubes séparables du chapeau (Bolétales). Parmi les Champignons à lamelles, les Astérosporales, ou Lactario-Russulés, se distinguent par leur chair grenue et cassante, leurs spores verruqueuses, et ont des affinités avec certaines formes hypogées. Les Russules, à chapeau de couleurs vives, comportent de nombreuses espèces à chair de saveur variable, âcres, nauséeuses ou douces, celles-ci toutes consommables ; la Russule verdoyante, ou Palomet (R. virescens), la Charbonnière (R. cyanoxantha) sont très appréciées. Les Lactaires diffèrent des Russules par la présence d’un latex, ou « lait » ; à côté d’espèces savoureuses comme le vineux (L. Sanguifluus), on rencontre de nombreux Lactaires trop âcres pour être consommés. Les Agarics proprement dits se répartissent en de multiples familles, qu’on distingue par la couleur de leurs spores et par l’absence ou la présence d’une volve à leur base (Volvaires, Amanites), et d’un anneau (Amanites, Lépiotes, Pholiotes) ou d’une cortine (Cortinaires) entourant le pied. Les Lépiotes, Amanites, Tricholomes, Psalliotes fournissent des comestibles appréciés ; le Champignon de couche (Psalliota hortensis) fait l’objet d’une culture intensive. Mais c’est aussi aux Agaricales qu’appartiennent la plupart des espèces toxiques, dont l’Amanite phalloïde mortelle. Les Bolétales sont caractérisées par les tubes dont est constitué l’hyménium. Quelques Bolets sont particulièrement réputés pour leur saveur : Cèpe de Bordeaux (Boletus edulis), Tête-de-Nègre (B. Badius), Indigotier (B. cyanescens).

Les Paxilles et Gomphides, à lames séparables du chapeau, se classent à côté des Bolets.