Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bahreïn ou Bahrain (îles) (suite)

Sous un climat désertique (précipitations de l’ordre de 70 mm par an en moyenne), l’agriculture est sous la dépendance de sources et de nappes, d’ailleurs abondantes et captées par galeries souterraines, qui ont permis à des cultures relativement denses de se développer en arc de cercle le long des côtes de la moitié nord de l’île principale (palmeraies, cultures maraîchères, luzernières).

L’activité traditionnelle principale des îles était constituée par la pêche des huîtres perlières, qui occupait environ 500 bateaux par an vers 1930, de juin à septembre, et qui a notablement décliné depuis cette date devant la concurrence des perles de culture. La pêche des poissons, surtout dans des pièges fixes profitant des marées, est encore active, de même que l’artisanat de la construction de barques.

Mais la vie de l’archipel a été transformée par les découvertes pétrolières, les plus anciennes du golfe Persique, effectuées en 1932 dans le cœur de l’anticlinal qui constitue l’île principale, à ‘Awālī, situé précisément au centre de la grande île. Le gisement, exploité par la Bahrain Petroleum Company (Bapco), à capitaux américains, est en production depuis 1934. Il a fourni pendant une vingtaine d’années 1 Mt par an, puis a dépassé 2 Mt depuis 1958 pour approcher 4 Mt. Mais l’importance pétrolière de Bahreïn est due en outre à l’existence d’une puissante raffinerie, qui traite plus de 10 Mt de brut fourni par l’Aramco (Arabian American Oil Company) et provenant de l’Arabie Saoudite par un oléoduc sous-marin. La raffinerie est située à proximité de Sitra, sur la côte orientale de l’île principale, et le même quai pétrolier, s’avançant dans la mer au large de Sitra, exporte les produits de la raffinerie comme ceux du gisement d’‘Awālī.

L’île conserve enfin une fonction de redistribution commerciale, concrétisée par l’établissement d’un port franc en 1958. Le port est constitué par la très belle rade, abritée du nord et du nord-ouest, délimitée par l’île principale, l’île de Muḥarraq et la jetée qui les réunit, reliant la capitale, Manāma (au nord-est de Bahreïn), à la ville de Muḥarraq. C’est l’agglomération principale, restée traditionnelle d’aspect, par opposition aux agglomérations modernes développées autour des gisements et de la raffinerie.

X. P.

Bakou

V. de l’U. R. S. S., capit. de la république de l’Azerbaïdjan ; 1 261 000 hab.


Bakou, cinquième agglomération urbaine de l’U. R. S. S., est un exemple typique de la croissance d’une ville-champignon sur un des plus anciens gisements pétrolifères du monde. Sa population, de l’ordre de 15 000 habitants à la fin du xixe s., passait à 330 000 habitants en 1923, à près de 800 000 habitants à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Située sur le littoral sud de la presqu’île d’Apcheron, au fond d’une large baie, Bakou n’a longtemps été qu’un petit port de pêche de la Caspienne, un centre du commerce de la soie avec l’Iran, soumis à la domination des Perses, puis des Turcs Seldjoukides. Sur une butte se dresse toujours la ville des chāhs de Chirwān, entourée d’un mur d’enceinte et renfermant la forteresse, la tour de la Vierge, des palais et des mosquées dont la construction s’échelonne du xiie au xve s.

La fortune et l’extension de Bakou tiennent à l’exploitation d’un gisement de pétrole dont plus de 700 Mt ont été extraites en un siècle depuis le début de l’exploitation (1871). Les réserves sont accumulées dans une série d’horizons jusqu’à plus de 5 000 m de profondeur. Ce sont des capitaux français et britanniques qui, dans le dernier tiers du xixe s., ont permis le démarrage de la production : en 1901, le gisement fournissait la moitié de la production mondiale. La ville s’est entourée d’une forêt de derricks. La pollution chimique s’est ajoutée aux effets d’un climat déjà redoutable, marqué par de fortes chaleurs et des vents desséchants, pour en faire un lieu maudit, mais où les populations montagnardes et rurales d’Azerbaïdjan, d’Arménie, de Géorgie, de Perse ont afflué en quête de gains rapides. La ville grandit avec l’essor du pétrole. L’agglomération s’étendit de façon sauvage, au gré de bidonvilles surgissant à proximité des lieux de travail : il ne faut pas s’étonner si Bakou a été l’un des puissants foyers révolutionnaires.

À la fonction extractive s’ajoute le transport et le raffinage. Bakou devint un des ports d’exportation du brut, concentré par un réseau dense de voies ferrées drainant la presqu’île d’Apcheron : en 1913, le trafic en direction d’Astrakhan dépassait 5 Mt. Le pipe-line, long de 880 km, unissant Bakou à Batoumi sur la mer Noire, fut mis en service en 1906. Cinq grandes raffineries traitaient la partie non exportée à quelques kilomètres de la ville, à Tchernagorod, « la ville noire ».

Bakou a beaucoup changé et est devenue une grande capitale, aux multiples fonctions. Le déclin relatif du pétrole se manifesta aussitôt après 1945, causé d’une part par l’épuisement des couches superficielles surexploitées durant le conflit, d’autre part par la concurrence du gisement s’étendant entre Volga et Oural, et qui donna de tels espoirs qu’on le baptisa « le Second-Bakou ». En fait, la production est inférieure au niveau d’avant la guerre (environ 20 Mt), et sa part dans la production de l’Union a sensiblement diminué. L’exploitation du gisement s’est déplacée de la presqu’île vers la mer, où l’application des nouvelles techniques de forage a permis l’extraction de plus de la moitié (contre 2 p. 100 en 1940) de la production du bassin. L’extraction du gaz fournit plus de 9 milliards de mètres cubes, contre 3 seulement avant la guerre : un gazoduc l’achemine en direction de Tbilissi et d’Erevan. Les raffineries qui ne fonctionnent pas à pleine capacité reçoivent des bruts du Turkménistan et s’adjoignent des installations pétrochimiques. Ainsi, cette production n’est plus l’activité principale : elle s’éloigne de la ville ou se diversifie. Il s’y ajoute des secteurs industriels développés au cours de la guerre ou créés après celle-ci : cimenteries, filatures et tissages de laine et de coton, cuirs, industries alimentaires et toutes les industries d’outillage, d’équipement et mécaniques liées au forage du pétrole et à l’activité du port. Celui-ci s’est ensablé avec l’accélération du retrait de la Caspienne ; un avant-port a été construit : Port Apcheron, dont la fonction n’est plus exclusivement l’exportation du pétrole.