Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bahia (suite)

Les régions et leur mise en valeur

On peut distinguer d’abord, autour de la baie de Tous-les-Saints (où se situe Salvador), une zone de plaines et de collines, affectée d’un climat tropical chaud et humide, à la saison sèche peu marquée. Cette région, appelée Recôncavo, est parmi les plus anciennement peuplées du Brésil : c’est là en effet que s’installèrent les premiers colons portugais et que se développa dès l’époque coloniale une société dont la prospérité reposait principalement sur la canne à sucre. Par la suite, l’économie s’est diversifiée ; ainsi se sont développées des plantations d’hévéas destinés à la production du caoutchouc. Mais la production de canne dépasse encore 3 Mt.

Dès qu’on franchit les escarpements qui limitent à l’ouest le Recôncavo, on pénètre dans une région soumise à un climat beaucoup plus sec, qui s’apparente au climat du nord-est du Brésil, caractérisé par l’irrégularité et la faiblesse des précipitations, qui n’atteignent plus 1 000 mm et même parfois tombent au-dessous de 500 mm. Cette immense zone de l’intérieur est constituée surtout de plateaux, surmontés de grandes crêtes, offrant l’apparence de moyennes montagnes, telle la chapada Diamantina. Parfois, le plateau est creusé de vallées, comme la grande vallée du São Francisco qui le coupe du nord au sud. L’ensemble est soumis à la sécheresse, qui explique, en partie, la faiblesse des activités agricoles. C’est essentiellement une zone d’élevage intensif, pratiqué dans de grandes propriétés. Le troupeau bovin approche 5 millions de têtes.

Le littoral sud de l’État comprend une zone longtemps vide d’hommes, où le climat chaud et humide entretenait une grande forêt tropicale. À la fin du xixe et au début du xxe s. se développa une agriculture pionnière, fondée sur les plantations de cacao. Aujourd’hui, le cacao se cultive dans de grandes exploitations traitant elles-mêmes leur récolte, ou dans de petites propriétés qui ont réussi à se maintenir malgré l’accélération du mouvement de concentration foncière depuis la grande crise de 1929. Ces petits exploitants vendent leur récolte aux vastes domaines qui sont seuls pourvus des équipements nécessaires au traitement du cacao. La production de l’État dépasse largement 100 000 t.

Entre la région semi-aride consacrée à l’élevage extensif et le Recôncavo s’étend une zone de transition où les pluies permettent un certain nombre de cultures, en particulier celles du tabac (près de 40 000 t) et du coton (65 000 t). Il s’agit le plus souvent de petites propriétés, exploitées surtout par des Noirs qui, au moment de l’abolition de l’esclavage, ont fui les plantations de canne à sucre du Recôncavo.


Les hommes et leurs problèmes

L’État s’est rapidement peuplé dès le début de la colonisation portugaise ; c’est là que se développa la première capitale de la colonie, la ville de Salvador. Ce peuplement ancien s’est effectué dans le cadre de la société coloniale, avec une aristocratie constituée par les colons portugais possesseurs des grandes propriétés de canne à sucre du Recôncavo ou des grands domaines destinés à l’élevage, et une masse d’esclaves noirs que les Portugais durent très tôt importer d’Afrique pour remplacer la main-d’œuvre indienne, peu nombreuse et rapidement décimée par le dur travail dans les plantations. De ce fait, Noirs et mulâtres constituent aujourd’hui la partie la plus importante de la population. Ce fort pourcentage de Noirs distingue l’État de Bahia du reste du Brésil, au point qu’on l’a appelé parfois l’État noir du Brésil.

L’État est un pays d’émigration vers les autres régions du Brésil, principalement vers le sud-est (en particulier vers São Paulo et Rio de Janeiro). Récemment, un certain nombre de départs se sont produits vers la nouvelle capitale, Brasília.

Pourtant, deux éléments nouveaux permettent d’espérer une solution à ces problèmes de sous-emploi. D’une part, on a découvert du pétrole dans la partie basse du Recôncavo, zone de subsidence de l’époque secondaire remplie de sédiments crétacés. Ce pétrole est actuellement exploité (plus de 5 Mt extraites annuellement) et alimente une grande raffinerie, située dans la baie de Tous-les-Saints, à Mataripe. D’autre part, l’État est englobé dans l’ensemble des États du Nord-Est, qui bénéficient de l’aide du gouvernement fédéral et de lois spéciales visant à lutter contre le sous-développement. C’est ainsi que des facilités financières et fiscales diverses ont entraîné certains industriels du Sud-Est à investir leurs capitaux dans la création de nouvelles usines dans l’État, plus précisément aux abords de la capitale, dans la zone industrielle d’Aratu.

M. R.

➙ Brésil / Nordeste / Salvador.

Bahreïn ou Bahrain (îles)

En ar. Baḥrayn, archipel du golfe Persique, près de la côte d’Arabie.


Au nord-ouest de la péninsule de Qaṭar, l’archipel compte une vingtaine d’îles, dont six principales. Trois d’entre elles concentrent pratiquement toute la vie : l’île principale de Bahreïn, culminant à la colline d’al-Dukhkhān à 136 m d’altitude, rectangle allongé de 48 km sur 20, et les îles plus petites de Muḥarraq au nord-est et de Sitra à l’est, reliées toutes deux par des jetées à l’île principale.

Connues depuis l’époque assyrienne, les îles ont joué de tout temps un rôle de relais commercial et de point stratégique dans le golfe Persique. Occupées par les Portugais au xvie s., puis tombées sous la dépendance de la Perse de 1602 à 1783, elles sont depuis cette date entre les mains de la dynastie locale des Āl Khalīfa, venue d’Arabie, qui a chassé les émirs protégés des Persans. La tutelle britannique y a été établie en 1914. Elle a été levée en 1971 par la proclamation de l’indépendance de l’archipel. La moitié de la population environ se rattache au chī‘isme duodécimain iranien, tandis que l’autre moitié, dont la dynastie régnante, appartient à l’islām orthodoxe sunnite. La population chī‘ite est dispersée dans les villages, tandis que la population sunnite est concentrée dans les villes de Manāma et Muḥarraq, autour des princes.