Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bagdad (suite)

La population, qui était estimée à 185 000 habitants en 1918 et à 515 000 en 1947, a en effet considérablement augmenté dans les deux dernières décennies. Elle s’élevait à 1 750 000 habitants en 1965, et à environ 2 400 000 en 1970, sans d’ailleurs que les bases économiques expliquent cette croissance, bien que Bagdad, dont l’activité reste dominée par les fonctions administratives et de centre commercial, accueille également l’industrialisation naissante de l’Iraq.

La physionomie des quartiers est dominée par le contraste qui s’est dessiné depuis 1955. La ville ancienne, avec les noyaux suburbains de al-Karkh et du vieux bourg de Kāẓimayn isolé sur sa butte de méandre à 4 km au nord, reste d’aspect très archaïque, avec ses bazars, ses quartiers de résidence à rues tortueuses et maisons à étage à encorbellement, éclaircis cependant par quelques vastes percées le long desquelles s’est alignée une architecture composite de bâtiments administratifs et d’immeubles commerciaux ou bancaires. Les quartiers nouveaux, qui s’étalent largement aux dépens de la palmeraie des rives et dans les plaines désertiques désormais à l’abri des eaux, sont tracés suivant un urbanisme moderne très large, où les zones résidentielles se différencient par leur niveau social : quartiers musulmans aisés au nord à al-Wazīriyya et al-A‘ẓamiyya ; lotissements socialisés et cités de recasement dans les anciens chenaux de crue, au-delà des digues des rives gauche et droite ; quartiers aisés du sud et du sud-est, à forte proportion chrétienne (Alwiyya), avec les résidences officielles et les ambassades (Karrada Mariam, Karrada Charqiyya), où apparaissent des commerces et des activités tertiaires de niveau élevé.

X. P.


L’histoire

Bagdad est fondée au viiie s. sur les deux rives du Tigre par le 2e calife ‘abbāsside al-Manṣūr. Celui-ci la baptise Madīnat al-Salām (« ville de la paix ») et s’y installe en 763. Très vite, la capitale ‘abbāsside connaît un grand essor et devient la métropole économique, intellectuelle et artistique du monde musulman. Exaltée par les poètes, qui l’appellent le paradis sur la terre, la ville constitue une véritable merveille avec ses somptueux palais et ses magnifiques jardins. Sa splendeur et ses activités, Bagdad les conserve même pendant la période de Sāmarrā (836-892), capitale fondée par al-Mu‘taṣim pour son armée turque.

Le commerce des cotonnades et soieries reste florissant, de même que la manufacture de cuir et de papier et la fabrication des cristaux, des foulards et des tabliers. Ces activités, ajoutées à l’existence d’une armée et à la pratique de l’esclavage, expliquent l’extension démographique de Bagdad (1 million d’habitants au xe s.) et la diversité ethnique et religieuse de sa population.

La ville est également un haut lieu intellectuel. La plupart des califes et surtout al-Ma’mūn (813-833) ne lésinent pas sur les moyens pour encourager la science et la culture. En 830, al-Ma’mūn institue à Bagdad un centre de traduction baptisé Dār al-Ḥikma, ou Maison de la Sagesse, grâce auquel de nombreux manuscrits grecs disparus nous sont parvenus en version arabe.

Sous les Buwayhides (945-1055), Bagdad commence à décliner. La division de la population en sectes politico-religieuses, dont les plus importantes sont les sunnites et les chī‘ites, engendre des conflits que les Buwayhides exploitent à des fins politiques. Les ‘ayyārūn, mouvement progressiste dirigé contre les riches et les autorités, terrorisent la bourgeoisie de Bagdad. Bien structurés, constituant un État dans l’État, les ‘ayyārūn lèvent les taxes sur les marchés, pillent les boutiques et les maisons, entretenant ainsi un climat d’insécurité. Des incendies et des inondations viennent s’ajouter à ces troubles pour provoquer d’immenses dégâts dans la capitale ‘abbāsside.

Le 10 février 1258, les Mongols donnent le coup de grâce à la ville. Plus de 100 000 habitants sont massacrés, de nombreux quartiers sont détruits, et la ville reste pendant quelque temps à la merci du pillage et des incendies. Aux xiiie et xive s., les géographes en parlent comme d’une ville en ruine.

Passée aux Turcs en 1410, Bagdad ne se relève pas pour autant de son déclin. En 1508, les Persans l’enlèvent aux Turcs. Mais ces derniers la reprennent en 1534 et en font un chef-lieu d’un vilāyet. Au xvie s., Bagdad paraît retrouver une partie de sa prospérité d’antan. Les voyageurs européens la décrivent comme un rendez-vous des caravanes et un grand centre commercial pour l’Arabie, la Perse et la Turquie. En 1623, la ville est de nouveau occupée par les Persans. Les Turcs, sous le commandement du sultan Mūrad IV, la reprennent en 1638. Depuis et jusqu’à la Première Guerre mondiale, Bagdad est gouvernée tant bien que mal par les Ottomans, d’abord par des pachas semi-autonomes, puis à partir de 1831 par des wālis relevant directement de l’autorité de Constantinople.

En 1917, la ville est prise d’assaut par les Anglais, qui établissent en 1920 leur mandat sur toute la Mésopotamie. Dix ans plus tard, en 1930, Bagdad devient la capitale d’un pays indépendant, l’Iraq.

M. A.

➙ ‘Abbāssides / Iraq / Mésopotamie.

Bahamas

Anc. îles Lucayes, État insulaire de l’Atlantique.


L’archipel s’étend du sud-est de la Floride, au large de la côte nord d’Haïti, sur 1 000 km de longueur, de part et d’autre du tropique du Cancer. Il est formé de 700 îles de superficies et de formes très variées, et d’une multitude d’îlots, d’écueils et de rochers. La superficie totale atteint 11 405 km2. La population s’élève à 180 000 habitants en 1973, inégalement répartis d’une île à l’autre. Colonie britannique, l’ensemble de l’archipel a bénéficié de l’autonomie interne à partir de 1964 et a obtenu son indépendance en 1973. La capitale, Nassau, est située dans l’île de New Providence, qui rassemble 62 p. 100 de la population (plus de 100 000 hab. sur seulement 155 km2).