Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
Y

Yeats (William Butler) (suite)

 J. Unterecker, A Reader’s Guide to William Butler Yeats (Londres, 1959). / Letters on Poetry from William Butler Yeats to Dorothy Wellesley (Londres, 1964). / H. Orel, The Development of William Butler Yeats (Kansas City, 1968). / J. R. Moore, Masks of Love and Death : Yeats as Dramatist (Ithaca, N. Y., 1971).

Yémen

En ar. al-Yaman, région de la péninsule arabique, aujourd’hui divisée en deux États : la République arabe du Yémen au nord (capit. Ṣan‘ā’) et la République démocratique et populaire du Yémen au sud (capit. al-Cha‘ab ; v. princ. Aden) [v. art. suiv.].


Al-Yaman signifie « la droite », car cette région se trouve à la main droite de la Ka‘ba sacrée, à La Mecque. Le prophète Mahomet l’aurait lui-même désigné ainsi.


Les origines

Dans l’Antiquité, du xe ou du viiie s., on ne peut encore le savoir avec précision, jusqu’à l’islām, cinq États principaux ont existé au Yémen, guerroyant entre eux, se conquérant parfois mutuellement : les royaumes minéen, à Ma‘īn, au nord, de Saba au centre (capit. Mā’rib), de Qataban au sud-ouest (capit. Timna), du Hadramaout au sud (capit. Chabwa), puis, plus récents, les royaumes ḥimyarites, qui supplantèrent Saba.

Le plus célèbre de tous a été celui de Saba, qui a étendu son influence jusqu’à l’Oman et « semble avoir largement colonisé l’Afrique et fondé le royaume d’Abyssinie, dont le nom vient d’Ḥabachat, un peuple arabe du Sud-Ouest » (Bernard Lewis). Indissociables de la civilisation sud-arabique, les deux Yémens ont joué un rôle économique important dans l’Antiquité comme producteurs de parfums (aromates, myrrhe, laudanum) et aussi comme plaques tournantes de première importance entre l’Inde et l’Afrique orientale, d’une part, et la Méditerranée, d’autre part, régions que le pays mettait en communication à la fois par ses flottes sur la mer Rouge et par les caravanes qu’il lançait à travers l’Arabie, vers le littoral méditerranéen. Riche au point de vue agricole, le Yémen a été désigné par les Arabes comme « al-Khaḍrā’ » (« la Verte ») car il a été cultivé par un ingénieux système d’irrigation axé sur le grand barrage de Mā’rib, construit par un roi sabéen au viiie s. av. J.-C. (les spécialistes ne sont pas sûrs de la date).

La destruction de ce barrage, sans doute sous l’effet d’un séisme, a ruiné en grande partie l’économie du pays. Pour la plupart sédentaires — cela est notable dans le contexte de la péninsule arabique —, divisées jusqu’à nos jours en castes — ce qui est très original en Arabie —, les populations se sont organisées en États qui ont pu être des monarchies parlementaires dirigées par des rois prêtres ou laïcs (la recherche et l’archéologie n’ont pas encore définitivement tranché). L’archéologie sud-arabique a livré des témoignages d’une civilisation qui a dû, à certaines époques, être brillante, comme en témoignent les vestiges découverts à Mā’rib et à Timna : importants restes urbains, stèles, statues et surtout une écriture qualifiée d’himyarite (ou de sud-arabique), nom dérivé de celui du pays ḥimyar et de la dynastie du même nom, qui s’empara de Saba en 115 ou en 118 av. J.-C. et qui dura jusqu’au ive s. de notre ère. En 328, cet État ḥimyarite-sabéen englobera Saba, Rhaydān (pays ḥimyar), le Hadramaout et le Yamanat (corne sud-ouest de l’Arabie). Trait commun avec les autres Sémites, la religion sud-arabique est fondée sur des cultes astraux.

Une première décadence de ces royaumes survient avec la rupture du barrage de Mā’rib (120) et avec la découverte, par les Romains, du système des moussons, qui permet à ces derniers d’accaparer la plus grande partie du commerce sud-arabique.

Au ive s., le christianisme et le judaïsme font leur apparition en force dans la région, et l’un des derniers rois ḥimyarites, Dhū Nuwās, impose le judaïsme à ses sujets, en grande partie chrétiens, qui se révoltent. Les Abyssins chrétiens traversent la mer Rouge et envahissent le pays, imposant de 521 à 575 une domination cruelle aux Yéménites restés juifs et animistes, et précipitant le pays dans la ruine, alors qu’au même moment le grand barrage de Mā’rib se rompt définitivement. À la demande, semble-t-il, des derniers Ḥimyarites, les Perses Sassanides* envoient alors une expédition qui débarque à Aden, conquièrent le pays et lui imposent le zoroastrisme (575).

En 628, le gouverneur sassanide du Yémen se convertit à une nouvelle religion venue du nord : l’islām*. Le Yémen devient une province musulmane dépendant de La Mecque et prend le parti d’‘Alī contre Mu‘āwiya, s’orientant ainsi vers le chī‘isme, qui deviendra un chī‘isme particulier et « national », le zaydime, du nom de la dynastie qui se constitue à Ṣa‘da, dans le nord du pays, en 893, alors que Ta‘izz et la plaine côtière restent sunnites.

À partir du xe s., alors que le califat se désagrège à Bagdad, au Yémen comme dans le reste de l’« Empire musulman », des principautés rivales naissent, se livrant à des guerres religieuses et économiques, par exemple pour la possession de ports importants, comme celui de Moka (al-Mukhā), centre de culture et d’exportation de café, ou celui d’Aden, point de départ vers l’Inde, l’Insulinde et l’Afrique orientale.

En 1276, Marco Polo aurait dénombré 80 000 habitants à Aden.

En 1517, les Turcs Ottomans s’emparent des plaines côtières du Yémen, d’Aden (1538), mais mettront de longues années à réduire la résistance farouche des montagnes zaydites.


L’occupation étrangère, l’indépendance

Vers 1635, les Yéménites reprendront Aden, mais, en 1728, un gouverneur de Laḥidj (Lahdj), dans l’arrière-pays d’Aden, se rend indépendant du pouvoir de Ṣan‘ā’ et s’empare d’Aden en 1735. Dès 1799, face au péril que représente l’expédition de Bonaparte en Égypte pour la route des Indes, les Britanniques occupent l’îlot de Perim, à l’entrée de la mer Rouge ; en 1839, ils s’emparent de l’île de Socotora (Ṣuquṭra) et d’Aden, dont ils envahissent aussi l’arrière-pays. L’ouverture du canal de Suez en 1869 donne une importance capitale à la mer Rouge, et les Turcs lancent une opération de grande envergure contre le pays (en dehors des possessions britanniques). En 1871, après une longue résistance autour des imāms zaydites, Ṣan‘ā’ est prise d’assaut et intégrée au vilâyet (préfecture) ottoman du Yémen. C’est donc au milieu du xixe s. que le « Grand Yémen », comme l’ont toujours appelé les nationalistes du pays, est démantelé, le Nord étant sous la coupe des Turcs, le Sud sous celle des Britanniques.