Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Azerbaïdjan (suite)

L’irrigation a radicalement transformé l’agriculture. En amont, la construction du barrage de Minguetchaour a permis l’extension des périmètres irrigués, de moins de 500 000 ha en 1913 à plus d’un million et demi d’hectares en 1968. La plantation de ceintures forestières de protection contre les vents arides, la diffusion des espèces de coton à longues fibres, l’introduction de plantes nouvelles (maïs fourrager, oléagineux comme le tournesol, sésame, tung) ont contribué à la mise en culture, dans le cadre de kolkhozes, de plusieurs dizaines de milliers d’hectares des steppes stériles. Ainsi la superficie cultivée en coton passe de 100 000 ha en 1913 à 250 000 après 1960 (dont 10 000 ha de coton à fibres colorées, spécialité des régions transcaucasiennes). Partout la vie pastorale se sédentarise, et le troupeau de bovins gagne sur celui des ovins. Dans le Lenkoran, la commercialisation des produits traditionnels a entraîné une croissance de la production et une diversification des cultures : citronniers et plantes à parfum se partagent avec le thé et le riz le territoire cultivé.

Le gisement pétrolifère de Bakou ne constitue plus l’unique ressource de la République. Son importance relative s’est sensiblement réduite, des industries de reconversion ont pris à Bakou même la place des industries liées au pétrole. L’exploitation se fait au large de la presqu’île d’Apcheron ; de nouveaux gisements, d’importance réduite, ont été découverts à Naftalan (au sud de Minguetchaour) et à Neftetchala (delta de la Koura). La région montagneuse de Kirovabad renferme des minerais polymétalliques ; plomb argentifère, cuivre, fer, minerais d’aluminium ; les centres d’extraction se dispersent dans les montagnes transcaucasiennes. Un combinat concentre les activités métallurgiques et chimiques à Kirovabad même.

Les succès de la mise en valeur, la stabilisation des nomades, la hausse des niveaux de vie ont attiré la population dans quelques gros centres : la moitié vit dans des agglomérations urbaines, près du quart dans celle de Bakou. Ses origines sont fort variées. Les statistiques recensent environ 4 millions d’Azerbaïdjanais, dont 3,7 millions vivent dans les limites de la République, à côté de près d’un demi-million d’Arméniens, de plusieurs dizaines de milliers de Turcs, de Persans, de ressortissants des républiques d’Asie centrale. En fait, le peuple azerbaïdjanais se compose des descendants de nombreuses tribus caucasiennes ou d’origine asiatique, presque tous marqués par l’islām. L’évolution économique et démographique récente les a fondus en une masse moins différenciée par les langues ou les traditions. Par ailleurs, plus d’un demi-million de Russes vivent dans la République, notamment dans les centres miniers et à Bakou : on note une européanisation rapide de la vie, bien que soient préservées les langues et les coutumes. Par le taux d’excédent naturel qui reste élevé (3 p. 100 par an) et par la croissance, supérieure à la moyenne de l’U. R. S. S., de la production par tête et des niveaux de consommation, l’Azerbaïdjan appartient aux régions d’avenir, en voie de développement rapide : c’est une réserve de forces productives.

A. B.


L’histoire

L’Azerbaïdjan, aujourd’hui partagé entre l’U. R. S. S. et l’Iran, fut une satrapie de l’Empire achéménide. Elle fut conquise par les Arabes en 642 : ils lui donnèrent une certaine prospérité. Par la suite, la population, d’origine iranienne, fut fortement transformée par les influences turcomanes. Durant la domination mongole (1236-1498) puis sous les Séfévides (1502-1736), l’Azerbaïdjan connut de nouveau la prospérité, notamment le khānat de Chirvan (Chemakha). Au xviiie s., les Russes commencèrent à s’intéresser à la région : il en résulta de longues guerres avec les Turcs et la Perse. Finalement, par le traité de Guioulistan (1813), les Russes se virent attribuer plusieurs khānats, notamment ceux de Chirvan et de Bakou, ce qui les mit en contact avec la mer Caspienne. Le traité de Tourkmantchaï (1828) compléta leurs conquêtes vers le sud. Les habitants de l’Azerbaïdjan russe, qui dépendirent des gouvernements de Bakou et d’Ielisavetpol (auj. Kirovabad), furent désignés sous le nom de Tatars ou de musulmans.

Le mouvement révolutionnaire né en Russie en 1905 provoqua dans l’Azerbaïdjan russe la formation, en 1911, du parti de l’Égalité (Moussavat) ; en mars 1917, la révolution russe et la présence de l’armée turque en Transcaucasie favorisèrent l’alliance entre la Turquie et le parti de l’Égalité. Il fut même question de la formation d’une fédération groupant l’Azerbaïdjan, la Géorgie et l’Arménie : mais les haines religieuses et raciales firent échouer le projet.

Cependant, une République indépendante d’Azerbaïdjan fut proclamée en mai 1918 ; elle fut reconnue de facto par les Alliés le 15 janvier 1920 ; mais dès avril l’Armée rouge occupait le pays, et peu après était créée la République socialiste fédérative soviétique de l’Azerbaïdjan. En 1922, cette république fut incorporée à la Fédération transcaucasienne des républiques soviétiques ; en 1936 elle devint République fédérale de l’U. R. S. S.

Occupé par les troupes soviétiques durant la Seconde Guerre mondiale, l’Azerbaïdjan iranien (Ādharbaydjān) fut, en novembre 1945, proclamé république autonome, d’obédience communiste ; l’Iran y rétablit son contrôle dès le 11 décembre 1946.

P. P.

➙ Bakou / Iran / Turquie / U. R. S. S.

Azevedo (Aluízio)

Écrivain brésilien (São Luís, Maranhão, 1857 - Buenos Aires 1913).


Fils d’un diplomate portugais, Aluízio Azevedo vit jusqu’à l’âge de vingt et un ans comme les autres jeunes bourgeois de la fin de l’Empire au Brésil. Après le lycée dans la province du Maranhão, il part pour Rio de Janeiro, alors siège de la Cour, pour compléter ses études. Doué pour la peinture et le dessin, il y fréquente l’école des Beaux-Arts et travaille comme caricaturiste dans la presse. Azevedo, qui rêve à des études de peinture en Italie, espère une bourse du gouvernement impérial, mais la mort de son père l’oblige à retourner en province. Déçu par son expérience de la Cour, il se consacre à la littérature : son premier roman, Uma lágrima de mulher (Une larme de femme) [1880], de style romantique, fait l’éloge de la province où « les rêves sont plus nus et les âmes plus solides ».

À partir de 1879, Azevedo s’intéresse activement aux polémiques sociales de son temps et collabore à la rédaction d’un journal anticlérical de São Luís. Ce changement d’attitude coïncide avec l’influence accrue de la littérature réaliste et naturaliste française, par le biais de la littérature portugaise moderne, surtout du romancier Eça de Queirós.