Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Azevedo (Aluízio) (suite)

Après la publication de O mulato (le Mulâtre, 1881), premier grand roman naturaliste brésilien, Azevedo devient un des écrivains les plus appréciés par la critique de la Cour. Il se rend de nouveau à Rio et, jusqu’en 1895, publie une série de romans qui le consacrent auprès du public. Malgré sa réussite littéraire, sa situation financière s’améliore peu. Attiré par la vie luxueuse du milieu social de son père, il entre en 1895 dans la carrière diplomatique et se laisse dès lors absorber entièrement par ses nouvelles activités. Ainsi, dix-huit ans avant sa mort, disparaît l’écrivain Aluízio Azevedo.

Avant la parution des premiers romans naturalistes, vers 1880, une assez riche tradition littéraire brésilienne s’était déjà constituée, dont le souci principal était de représenter les types et les mœurs du pays. Chaque écrivain s’était consacré à la description d’une nouvelle région, ce qui a mené certains critiques à qualifier cette littérature d’extensive. En fait, ce n’est qu’avec Machado de Assis que le roman brésilien va procéder à une analyse approfondie de la société.

Avec le Mulâtre, Azevedo ajoute une région, le Maranhão, à la géographie du roman brésilien, mais il le fait dans le cadre d’une problématique nouvelle. Son thème est la vie mesquine de la province, le racisme de la population blanche de São Luís et l’hypocrisie des mauvais prêtres.

Les valeurs de la petite bourgeoisie de Rio de Janeiro, classe à laquelle appartiennent les personnages de Casa de pensão (Pension de famille, 1884) et quelques-uns de O cortiço (Botafogo, 1890), sont aussi violemment critiquées. L’émigré portugais, propriétaire des masures de O cortiço, est un des meilleurs personnages du roman brésilien. Azevedo peint avec vigueur l’exploitation à laquelle il soumet ses locataires, puis sa conversion aux mœurs raffinées de la bourgeoisie : sommé par la famille de sa jeune fiancée, il n’hésite pas à livrer à la police la négresse avec qui il avait vécu jusqu’à sa prospérité. Le roman se clôt par la visite d’une commission de la Société pour l’abolition de l’esclavage, qui lui apporte son titre de membre de cette société.

Lorsque Azevedo décrit ainsi l’origine des grands ensembles de masures, embryon des « favelas » contemporaines, il dresse une sorte de gigantesque fresque des milieux populaires de la fin du xixe s. Sa galerie de personnages typiques révèle le mélange de races des quartiers pauvres de l’époque. Il faut cependant remarquer qu’Azevedo, si lucide pour discerner les mobiles du comportement de la bourgeoisie impériale, n’envisage pas de causes économiques ou sociales à la pauvreté extrême de ses héros populaires. La justification de leurs problèmes, il la cherche dans le domaine de la biologie et de la géographie. C’est par là et aussi par sa façon complaisante d’évoquer la vie amoureuse ou sexuelle de ses héros qu’Azevedo paie le tribut de son attachement à l’école naturaliste, à laquelle il doit toutefois d’avoir porté un regard plus critique sur la société de son temps.

A.-M. M.

 J. Montello, Aluízio Azevedo (Rio de Janeiro, 1958). / N. Werneck Sodré, O naturalismo no Brasil (Rio de Janeiro, 1965).

azote

Corps simple gazeux.



Découverte

En 1772, Daniel Rutherford (1749-1819) d’une part et Cavendish* d’autre part obtinrent un « air méphitique », ou « air phlogistique », qui est l’azote atmosphérique. Cavendish poussa plus loin encore son étude et rechercha si toute cette partie de l’air pouvait être transformée en acide nitrique. À cet effet, il traita avec l’étincelle électrique un certain volume d’air par un excès d’air déphlogistiqué (oxygène) jusqu’à volume résiduel constant ; il élimina l’excès d’oxygène et obtint un petit résidu gazeux, mais ce résultat ne fut pas interprété et ce n’est qu’une centaine d’années plus tard que fut découvert l’argon, cause essentielle de ce résidu.

C’est Lavoisier* qui appela azote l’air méphitique, par suite de sa propriété de ne pas permettre la respiration, et c’est Chaptal qui, en 1790, suggéra le nom de nitrogène adopté par les Anglais.

L’azote joua par la suite un rôle dans diverses étapes importantes de la chimie ; ainsi Wöhler en 1827 réalisa la synthèse de l’urée
O=C(NH2)2,
qui fut le point de départ de la chimie organique de synthèse ; à la même époque, Liebig et J.-B. Dumas* mirent au point le dosage de l’azote dans les substances organiques, et Liebig montra que l’azote, le phosphore et le potassium, nécessaires à la croissance des végétaux, sont tirés constamment du sol, d’où la possibilité d’augmenter la fertilité par des engrais minéraux artificiels.


État naturel

L’azote ne représente que 0,03 p. 100 de la lithosphère et se trouve être ainsi, avec le fluor, le dix-septième élément par abondance décroissante. Il est toutefois l’élément dominant de l’air* (78 p. 100). On trouve aussi de l’azote libre dans certains gaz de volcans. L’azote combiné à d’autres éléments se rencontre dans la matière organique et constitue en moyenne 16 p. 100 des protéines ; des matières organiques fossiles comme les charbons ont des teneurs généralement faibles en azote, mais qui ont été il y a quelques dizaines d’années une des sources industrielles indirectes de sels d’ammonium. On connaît aussi quelques gisements de nitrates alcalins, essentiellement de sodium, en particulier au Chili. Le mot salpêtre, qui est encore employé pour désigner le nitrate de potassium, signifie « sel de terre », et fut utilisé depuis le xiiie s. : il désigne aujourd’hui le sel obtenu par lessivage des vieux murs (et qui contient essentiellement ce nitrate). Le mot nitre fut utilisé dès l’Antiquité, et s’appliqua d’abord à un produit provenant des dépôts salins d’anciens lacs et contenant un mélange de sels (carbonate, sulfate et chlorure) de sodium et aussi d’autres métaux comme calcium et magnésium. Ce nitre était aussi appelé natre ; de ce dernier terme est venu le symbole Na pour le sodium, car ce « natre » contient essentiellement le carbonate de sodium. Quant au terme de nitre, il a évolué vers la désignation des nitrates alcalins.