Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Ayyūbides (suite)

Le morcellement de l’empire ayyūbide

Ses fils al-Afḍal, al-‘Azīz et al-Ẓāhir obtiennent respectivement Damas, l’Égypte et Alep. Ses deux frères al-‘Ādil et Turhtegīn sont installés le premier en Mésopotamie et le second au Yémen.

En 1193, à la mort de Saladin, al-‘Ādil profite des dissensions survenues entre les divers héritiers pour s’emparer de la quasi-totalité de l’empire. À l’instar de Saladin, il partage le royaume entre ses fils. Al-Kāmil et al-Mu‘aẓẓam obtiennent respectivement l’Égypte et Damas. Ses trois autres fils, al-Fa’iz, al-Awḥad et al-Achraf, se succèdent à la tête de la Mésopotamie.

Après la mort d’al-‘Ādil en 1218, son fils al-Kāmil est battu par les croisés, qui s’emparent de Damiette en 1219. Pour écarter le danger chrétien, les souverains ayyūbides se coalisent et réussissent même à reprendre Damiette. Cependant, en 1229, al-Kāmil accepte de céder cette ville, de même que Jérusalem, à Frédéric II, pour obtenir son alliance contre son frère al-Mu‘aẓẓam de Damas. Ce traité ne doit pas avoir d’effet, car al-Mu‘aẓẓam est mort peu de temps après sa conclusion.

Après al-Kāmil, les divers souverains ayyūbides entrent en lutte les uns contre les autres.

En 1249, la 7e croisade conduite par Saint Louis s’empare de Damiette et marche sur Le Caire. Mais les troupes mameloukes des souverains égyptiens anéantissent l’armée française et capturent le roi. Saint Louis est ensuite libéré moyennant la restitution de Damiette et une énorme rançon.


La chute des Ayyūbides

Désormais, la réalité du pouvoir appartient aux Mamelouks. En 1250, ces derniers assassinent le sultan ayyūbide Malik al-Muaẓẓam Tūrānchāh. Le Mamelouk Aybak prend alors le pouvoir et constitue à partir de 1254 la dynastie des Mamelouks baḥrites d’Égypte.

Mais la branche ayyūbide d’Alep se maintient, réussit à s’emparer de Damas et ne cache pas ses prétentions sur la Syrie. Ses guerres contre les Mamelouks d’Égypte ne sont arrêtées que par l’invasion des Mongols, qui s’emparent de la Mésopotamie en 1245, d’Alep et de Damas en 1260. Dès lors, les Ayyūbides ne sont représentés que par la petite dynastie de Ḥamā, dont l’existence se prolonge sous la protection des Mamelouks égyptiens jusqu’en 1341.

Il reste que les Ayyūbides laissent la réputation d’une dynastie énergique, qui parvint à sauver l’islām des invasions chrétiennes. Plusieurs de ses souverains, comme Saladin, al-‘Ādil et al-Kāmil, unissent aux vertus chevaleresques le sens de l’organisation. Ils développent le système d’irrigation, l’agriculture, et contribuent à l’essor du commerce par la conclusion de traités avec les États européens.

Les Ayyūbides inaugurent en Égypte un nouveau style artistique (l’architecture des medersas). Leur culture est transmise en Occident par l’intermédiaire des croisés. C’est ainsi que plus d’une coutume de la chevalerie européenne, notamment dans le domaine héraldique, tire son origine des pratiques ayyūbides.

M. A.

➙ Croisades / Égypte / Fāṭimides / Mamelouks / Saladin / Syrie.

 W. Björkman, Beiträge zur Geschichte des Staatskanzlei im islamischen Ägypten (Hambourg, 1928). / P. K. Hitti, History of Syria (New York, 1951). / F. M. Pareja, L. Hertling, A. Bausani et T. Bois, Islamologie (Beyrouth, 1965).

Azerbaïdjan

République fédérée de l’U. R. S. S., sur la mer Caspienne ; 86 600 km2 ; 5 117 000 hab. Capit. Bakou.



Géographie

La République, qui appartient à la « grande région économique » de Transcaucasie, comprend un territoire autonome, le Nagorno-Karabakh (4 400 km2 ; 150 000 hab. ; capit. Stepanakert), et une république autonome, enclavée dans le territoire de la République fédérée d’Arménie, le Nakhitchevan (5 500 km2 ; 202 000 hab., capit. Nakhitchevan).

L’Azerbaïdjan est formé de régions naturelles variées. Le Caucase oriental se compose de chaînes dont les altitudes diminuent régulièrement en direction de la Caspienne. La zone axiale manque ; les traces de glaciation se réduisent. Le climat semi-aride, marqué par l’irrégularité des précipitations et par des amplitudes annuelles élevées, explique la rareté de la forêt sur les pentes des plis calcaires ou sur les causses dénudés ; une formation maigre de bouleaux et de pins en altitude, des associations formées d’arbustes et des pâturages dégradés par les troupeaux couvrent la zone médiane. En revanche, un beau piémont entre 1 000 et 2 000 m domine les plaines de la Koura et porte des villages peuplés d’agriculteurs sédentaires et de transhumants. L’ensemble forme une partie du Daguestan (en turc, « le pays des montagnes »).

La dépression de la Koura résulte d’une subsidence tertiaire : le fossé s’est rempli de dépôts néogènes découpés en collines et d’alluvions quaternaires, plus épaisses au confluent de l’Araxe et de la Koura. Les précipitations tombent à moins de 400 mm, et la culture exige l’irrigation. Le fond de la dépression a été longtemps le lieu de pâturage d’hiver des pasteurs du Caucase et de l’Arménie. On distingue la steppe de Chirvan, plus cultivée, au nord de l’Araxe, et la steppe de Mougan, marquée par des sols alcalins, plus aride encore au sud du confluent.

Les plateaux transcaucasiens sont, comme ceux d’Arménie, d’origine volcanique : les coulées de lave ont recouvert des massifs aplanis formés de roches primaires ou secondaires, découpées par les vallées de l’Araxe et les affluents de la Koura.

Le littoral se compose de quatre secteurs : une plaine basse, étroite, rectiligne, sans ports notables au nord de la terminaison orientale du Caucase ; la presqu’île d’Apcheron, formée d’anticlinaux récents affectant les dépôts de la fin du Tertiaire, énorme réservoir d’hydrocarbures (v. Bakou) ; le delta marécageux de la Koura, s’avançant rapidement dans la Caspienne ; la côte et les collines du Lenkoran, au climat doux l’hiver, aux précipitations supérieures à 1 200 mm, couvertes d’une belle forêt d’essences endémiques adossée au massif de Talych, qui forme la frontière avec l’Iran. Sur le littoral, Astara et Lenkoran pratiquent la pêche ; sur les collines, une population dense a établi dans les clairières des cultures de riz et de thé.