Ayyūbides (suite)
Le morcellement de l’empire ayyūbide
Ses fils al-Afḍal, al-‘Azīz et al-Ẓāhir obtiennent respectivement Damas, l’Égypte et Alep. Ses deux frères al-‘Ādil et Turhtegīn sont installés le premier en Mésopotamie et le second au Yémen.
En 1193, à la mort de Saladin, al-‘Ādil profite des dissensions survenues entre les divers héritiers pour s’emparer de la quasi-totalité de l’empire. À l’instar de Saladin, il partage le royaume entre ses fils. Al-Kāmil et al-Mu‘aẓẓam obtiennent respectivement l’Égypte et Damas. Ses trois autres fils, al-Fa’iz, al-Awḥad et al-Achraf, se succèdent à la tête de la Mésopotamie.
Après la mort d’al-‘Ādil en 1218, son fils al-Kāmil est battu par les croisés, qui s’emparent de Damiette en 1219. Pour écarter le danger chrétien, les souverains ayyūbides se coalisent et réussissent même à reprendre Damiette. Cependant, en 1229, al-Kāmil accepte de céder cette ville, de même que Jérusalem, à Frédéric II, pour obtenir son alliance contre son frère al-Mu‘aẓẓam de Damas. Ce traité ne doit pas avoir d’effet, car al-Mu‘aẓẓam est mort peu de temps après sa conclusion.
Après al-Kāmil, les divers souverains ayyūbides entrent en lutte les uns contre les autres.
En 1249, la 7e croisade conduite par Saint Louis s’empare de Damiette et marche sur Le Caire. Mais les troupes mameloukes des souverains égyptiens anéantissent l’armée française et capturent le roi. Saint Louis est ensuite libéré moyennant la restitution de Damiette et une énorme rançon.
La chute des Ayyūbides
Désormais, la réalité du pouvoir appartient aux Mamelouks. En 1250, ces derniers assassinent le sultan ayyūbide Malik al-Muaẓẓam Tūrānchāh. Le Mamelouk Aybak prend alors le pouvoir et constitue à partir de 1254 la dynastie des Mamelouks baḥrites d’Égypte.
Mais la branche ayyūbide d’Alep se maintient, réussit à s’emparer de Damas et ne cache pas ses prétentions sur la Syrie. Ses guerres contre les Mamelouks d’Égypte ne sont arrêtées que par l’invasion des Mongols, qui s’emparent de la Mésopotamie en 1245, d’Alep et de Damas en 1260. Dès lors, les Ayyūbides ne sont représentés que par la petite dynastie de Ḥamā, dont l’existence se prolonge sous la protection des Mamelouks égyptiens jusqu’en 1341.
Il reste que les Ayyūbides laissent la réputation d’une dynastie énergique, qui parvint à sauver l’islām des invasions chrétiennes. Plusieurs de ses souverains, comme Saladin, al-‘Ādil et al-Kāmil, unissent aux vertus chevaleresques le sens de l’organisation. Ils développent le système d’irrigation, l’agriculture, et contribuent à l’essor du commerce par la conclusion de traités avec les États européens.
Les Ayyūbides inaugurent en Égypte un nouveau style artistique (l’architecture des medersas). Leur culture est transmise en Occident par l’intermédiaire des croisés. C’est ainsi que plus d’une coutume de la chevalerie européenne, notamment dans le domaine héraldique, tire son origine des pratiques ayyūbides.
M. A.
➙ Croisades / Égypte / Fāṭimides / Mamelouks / Saladin / Syrie.
W. Björkman, Beiträge zur Geschichte des Staatskanzlei im islamischen Ägypten (Hambourg, 1928). / P. K. Hitti, History of Syria (New York, 1951). / F. M. Pareja, L. Hertling, A. Bausani et T. Bois, Islamologie (Beyrouth, 1965).