ou Addis-Ababa, capitale de l’Éthiopie et de la province du Choa, au pied des hauteurs d’Entotto, à 2 500 m d’altitude ; 1 012 000 hab.
C’est près de la source thermale de Filoha que l’empereur Ménélik II fonda, en 1886-1889, la nouvelle capitale de son État : Addis-Abeba (la « Nouvelle Fleur »). Ce fut d’abord une capitale semblable à la dizaine d’autres villes qui l’avaient précédée, destinée à être abandonnée quand s’épuiserait le bois des environs. Mais elle fut sauvée par le développement de plantations d’eucalyptus, alors que Ménélik II se préparait à changer de résidence. Plus tard, sa pérennité fut assurée par son rôle de symbole de la conquête coloniale pour les Italiens (la ville fut occupée en 1936), puis de l’indépendance retrouvée (après sa libération en 1941).
La situation de la ville est centrale, au cœur du pays. Le climat est sain. Les températures oscillent entre 14,5 °C (en décembre) et 18,5 °C (en mai). Le total des précipitations approche 1 300 mm, répartis sur plus de 100 jours. En revanche, l’altitude provoque un accroissement de fatigue pour les habitants. Le site est accidenté : l’agglomération s’étend sur une pente dominée au nord-nord-ouest par un escarpement de faille de 300 m, entaillée de ravins et accidentée de collines.
Le paysage urbain est discontinu, constitué de noyaux perchés sur des mamelons et communiquant difficilement entre eux. Le plus ancien entoure le Guebbi (palais) de Ménélik II ; au nord-ouest, sur une autre colline, se dresse la cathédrale Saint-Georges, près de la grande place circulaire du vieux marché. Les Italiens ont développé deux autres quartiers, l’un commercial et industriel, le second, au sud, résidentiel. Sur une superficie voisine de 50 km2 règnent en fait le plus grand désordre, les plus vifs contrastes. La vieille ville, faite de « sefer » (propriétés) à maisons de « tchika » (boue et paille), est parcourue de ruelles tortueuses. Depuis la constitution de l’O. U. A. (Organisation de l’unité africaine), créée à Addis-Abeba en 1963, se multiplient les larges artères bordées d’immeubles modernes. Bois et espaces construits alternent. Autour de la ville même demeurent, isolées ou groupées en hameaux, les traditionnelles habitations cylindro-coniques, à toit de paille.
La croissance de la population est fulgurante depuis moins d’un demi-siècle : 100 000 habitants en 1935, près de 200 000 en 1946, plus d’un million en 1976. La ville est une mosaïque d’ethnies, parmi lesquelles dominent les Amharas, précédant les Gallas ; les Italiens ne constituent plus que 15 p. 100 environ des 25 000 étrangers de la ville. L’unité vient de la religion copte et de l’usage de la langue amharique (bien que le galla et aussi l’anglais soient utilisés).
La population active ne représente guère que 15 p. 100 de la population totale. Le rôle de capitale nationale et même internationale (siège de réunions panafricaines) demeure fondamental. La fonction culturelle est favorisée par la présence de l’université Hailé-Sélassié. Bien que fournissant la majeure partie de la production nationale, l’industrie est peu développée et reste surtout à un niveau artisanal. Parmi la centaine d’entreprises implantées dominent les huileries, les ateliers travaillant le coton, le tabac et le café. Le rôle commercial est plus important. Sur le plan international, la ville est reliée par voie ferrée au port français de Djibouti, qui a longtemps constitué le débouché maritime unique du pays. Le commerce intérieur est surtout assuré par des Yéménites, des Indiens, des Arméniens.
Le déplacement de la capitale vers des régions plus basses, plus faciles d’accès et plus proches des principales productions nationales (café, oléagineux, canne à sucre), a pu être envisagé, mais les obstacles sont grands. La perte de la fonction de capitale entraînerait sa ruine, mais la tradition maintenant instaurée, le peu d’intérêt des Amharas pour les régions basses et divers autres facteurs assurent en fait le maintien d’Addis-Abeba comme capitale et seule métropole de l’Éthiopie.
G. D.
E. Berlan, Addis-Abeba, la plut haute ville d’Afrique. Étude géographique (Imprimerie Allier, Genoble, 1964).