Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Addison (Joseph) (suite)

Addison avait écrit dans le deuxième numéro du Spectator : « On a dit de Socrate qu’il a fait descendre la Philosophie du ciel pour la faire résider parmi les hommes ; et j’ai l’ambition qu’on dise de moi que j’ai fait descendre la Philosophie des cabinets et des bibliothèques, des écoles et des collèges pour la faire résider dans les clubs et assemblées, aux tables à thé et dans les cafés. » Une écriture raffinée, un sens aigu de l’humour, la finesse de sa psychologie et la sagesse de son éthique sont à la base du succès durable de son entreprise. Très vite les Anglais s’aperçurent que « les sermons de toute une année produis[aient] à peine la moitié du bien qui découlait du Spectator en un seul jour ». Déjà de son vivant, nombreux furent ses imitateurs, et quarante ans après sa mort on trouve, de façon inattendue, en la personne de Goldsmith une lointaine descendante de « Mister Spectator » qui s’adresse à un public uniquement féminin sous la plume de l’« honorable Mrs. Caroline Stanthope » (The Lady’s Magazine : Or, Polite Companion for the Fair Sex, 1759-1763). Il est possible aujourd’hui d’apprécier la clairvoyance d’Addison et l’influence de ses essais périodiques, quand on connaît l’impulsion donnée par les femmes et la classe moyenne à cette morale bourgeoise qu’il mit en action et qui, après avoir exercé sur les mœurs une hégémonie sans partage, au xixe s., sous le règne d’une femme éminemment morale, la reine Victoria, marque de son empreinte, en dépit de vives réactions, la société anglaise contemporaine.

Richard Steele

Après une jeunesse assez tumultueuse, Richard Steele (Dublin 1672 - Carmarthen 1729) ne trouve vraiment sa voie qu’avec le lancement du Tatler (le Babillard), aboutissement de neuf ans de tâtonnements dans des œuvres diverses. Dès 1701 avec The Funeral, puis dans The Lying Lover (1703), cet esprit turbulent se préoccupe de réconcilier la bonne humeur et la bonne éducation. C’est cependant dans The Christian Hero (1701) qu’il exprime le mieux les tendances que la bourgeoisie porte inconsciemment en elle et que The Tatler commencera à lui révéler : besoin d’une morale et d’un idéal. Avec une grande loyauté, Steele reconnaît à propos de la collaboration que lui apportera Addison à partir de 1709 : « ... J’ai été vaincu par mon allié. Après l’avoir appelé, il m’a été impossible de subsister sans lui. » Il apporte pourtant, dans ce « mariage » aux plus heureux effets, la chaleur humaine, le bouillonnement des idées et ces qualités d’intelligence et d’intuition qui font de lui un journaliste vraiment moderne. Dans ce temps de « raison » d’après la Restauration, Steele ranime le flambeau jamais tout à fait éteint de la sensibilité anglaise. La description de ses sentiments à la mort de son père, les « flots de larmes », la douleur et la pitié qui emplissent « My First Grief » (The Tatler du 6 juin 1710) évoquent Rousseau et annoncent un sentimentalisme qui va s’épanouir en Angleterre avec Richardson et Lawrence Sterne.

D. S.-F.

➙ Essai / Grande-Bretagne.

 A. Beljame, le Public et les hommes de lettres en Angleterre au xviiie siècle, 1660-1744 (Hachette, 1881). / P. Smithers, The Life of J. Addison (Oxford, 1954).

additif

Corps chimique ajouté en faible quantité aux produits pétroliers pour en améliorer la qualité. (On dit aussi adjuvant, dope ; inhibiteur, produit d’addition.)


La mise au point de nouveaux additifs est devenue un des secteurs de l’industrie du pétrole où s’effectuent le plus de recherches et où les profits peuvent être les plus grands.


Antidétonants

Ce sont des additifs qui rendent l’essence moins détonante, les meilleurs étant les composés organométalliques découverts en 1921. Le plus utilisé est le plomb tétraéthyle Pb(C2H5)4, ou PTE, mélangé au dibromure d’éthyle C2H4Br, qui facilite l’élimination des dépôts de plomb. Depuis quelques années, le plomb tétraméthyle Pb(CH3)4, ou PTM, est utilisé également, car son point d’ébullition plus faible en fait un meilleur antidétonant pour les fractions légères de l’essence. Ces deux antidétonants, PTE et PTM, sont toxiques et, en France, leur teneur dans les carburants est limitée à 0,5 p. 1 000.


Antioxydants

Ces additifs sont souvent appelés inhibiteurs d’oxydation, adoucissants ou stabilisateurs. On peut les diviser en deux classes, les diamines aromatiques et les alkylphénols. Ils évitent la formation des peroxydes et l’oxydation des hydrocarbures non saturés conduisant à des dépôts gommeux. Il existe aussi des « désactivateurs » qui neutralisent des traces de métal éventuellement présentes dans les carburéacteurs, comme le cuivre qui pourrait catalyser l’oxydation, et les fixent sous forme de chélates.


Anticorrosion, antirouille, antiusure

Ces additifs sont aussi appelés inhibiteurs de corrosion. Ils doivent soit neutraliser l’humidité présente, soit former une mince pellicule protégeant le métal. On utilise des alcools, des amines, des sulfates, des phosphates et des alkylamino-alkylphosphates.


Détergents, dispersants

Ces additifs, souvent des sulfonates ou phénates, sont utilisés pour éviter des dépôts et sédiments. Aux États-Unis, on en ajoute aux essences pour le nettoyage des carburateurs, le recyclage des gaz des carters étant obligatoire pour lutter contre la pollution.


Antipréallumage

Les additifs destinés à éviter l’allumage anticipé du mélange explosif d’un moteur à explosion sont à base de phosphore ; ils sont incorporés surtout aux supercarburants.


Antigivre, anticongélation

Le rôle de ces additifs est d’abaisser le point de congélation ou d’écoulement et parfois d’être absorbés par le métal, ce qui évite l’adhérence des glaçons. On utilise des alcools, la diméthylformamine, des amines alkyl-phosphates.