Vienne (suite)
L’art à Vienne
La réputation de Vienne est fondée d’abord sur les monuments romains. Le mieux conservé est le temple d’Auguste et de Livie, construit avant la fin du ier s. au centre du forum, dont les maisons actuelles conservent les substructions. Non loin s’élèvent le portique d’entrée des anciens thermes et le temple des mystères de Cybèle, dont les fouilles récentes ont livré quantité d’objets, en particulier des bassins rituels. Le grand théâtre, dégagé de la colline de Pipet de 1922 à 1938, pouvait contenir 15 000 spectateurs. De beaux vestiges de sa décoration ont été conservés (frise du pulpitum, sièges de l’orchestra, chapiteaux). Au sud se trouvent les ruines de l’Odéon. Après les invasions du iiie s., le théâtre servit de carrière et de refuge aux sinistrés. Ces monuments officiels trouvent leur complément outre-Rhône avec le quartier d’habitation et de commerce de Saint-Romain-en-Gal, où 2 ha de constructions très soignées du iie s. ont été inventoriés depuis 1967.
L’importance de l’ensemble monumental médiéval est en accord avec celle du rôle épiscopal de la cité. L’église Saint-Pierre remonte au vie s. (murs à rangs de pierre et de brique alternés, plan basilical), mais elle a été profondément remaniée du ixe au xiie s. Non voûtée, elle abrite aujourd’hui le musée lapidaire de la ville. L’abbatiale Saint-André-le-Bas, d’origine aussi ancienne, appartient dans son état actuel à la fin du ixe s. et au xiie s., époque où l’on suréleva la nef, dont les remarquables chapiteaux rappellent le style du Brionnais (Saône-et-Loire). Le cloître non voûté — particularité locale — est très élégamment sculpté lui aussi (musée d’art chrétien).
L’ancienne cathédrale Saint-Maurice, construite sur des vestiges préromans, comprend une partie romane de conception clunisienne, aux chapiteaux historiés. La décoration de ciment coloré du chœur a fait école dans les églises contemporaines de Lyon* (Saint-Jean et Saint-Paul). Les dernières travées, les clochers et la façade datent des xive et xve s. ; les sculptures des portails suivent un intéressant programme iconographique.
Il subsiste de l’architecture civile de la Renaissance quelques hôtels (rue des Orfèvres) et de l’époque classique l’église de Saint-André-le-Haut, dédicacée en 1725.
E. P.
➙ Isère / Rhône (le) / Rhônes-Alpes.
J. Formigé, le Théâtre romain de Vienne (Syndicat d’initiative, Vienne, 1954).