Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Vienne (suite)

L’art à Vienne

La réputation de Vienne est fondée d’abord sur les monuments romains. Le mieux conservé est le temple d’Auguste et de Livie, construit avant la fin du ier s. au centre du forum, dont les maisons actuelles conservent les substructions. Non loin s’élèvent le portique d’entrée des anciens thermes et le temple des mystères de Cybèle, dont les fouilles récentes ont livré quantité d’objets, en particulier des bassins rituels. Le grand théâtre, dégagé de la colline de Pipet de 1922 à 1938, pouvait contenir 15 000 spectateurs. De beaux vestiges de sa décoration ont été conservés (frise du pulpitum, sièges de l’orchestra, chapiteaux). Au sud se trouvent les ruines de l’Odéon. Après les invasions du iiie s., le théâtre servit de carrière et de refuge aux sinistrés. Ces monuments officiels trouvent leur complément outre-Rhône avec le quartier d’habitation et de commerce de Saint-Romain-en-Gal, où 2 ha de constructions très soignées du iie s. ont été inventoriés depuis 1967.

L’importance de l’ensemble monumental médiéval est en accord avec celle du rôle épiscopal de la cité. L’église Saint-Pierre remonte au vie s. (murs à rangs de pierre et de brique alternés, plan basilical), mais elle a été profondément remaniée du ixe au xiie s. Non voûtée, elle abrite aujourd’hui le musée lapidaire de la ville. L’abbatiale Saint-André-le-Bas, d’origine aussi ancienne, appartient dans son état actuel à la fin du ixe s. et au xiie s., époque où l’on suréleva la nef, dont les remarquables chapiteaux rappellent le style du Brionnais (Saône-et-Loire). Le cloître non voûté — particularité locale — est très élégamment sculpté lui aussi (musée d’art chrétien).

L’ancienne cathédrale Saint-Maurice, construite sur des vestiges préromans, comprend une partie romane de conception clunisienne, aux chapiteaux historiés. La décoration de ciment coloré du chœur a fait école dans les églises contemporaines de Lyon* (Saint-Jean et Saint-Paul). Les dernières travées, les clochers et la façade datent des xive et xve s. ; les sculptures des portails suivent un intéressant programme iconographique.

Il subsiste de l’architecture civile de la Renaissance quelques hôtels (rue des Orfèvres) et de l’époque classique l’église de Saint-André-le-Haut, dédicacée en 1725.

E. P.

➙ Isère / Rhône (le) / Rhônes-Alpes.

 J. Formigé, le Théâtre romain de Vienne (Syndicat d’initiative, Vienne, 1954).

Vienne. 86

Départ. de la Région Poitou-Charentes* ; 6 985 km2 ; 357 366 hab. (Viennois). Ch.-l. Poitiers*. S.-pr. Châtellerault et Montmorillon.


Correspondant à peu près au haut Poitou, la Vienne s’identifie avec la partie nord-est de la Région Poitou-Charentes, la mieux reliée à l’espace national et la plus dynamique. La population du département avait crû durant la première moitié du xixe s., pour atteindre 344 000 habitants en 1891. Puis ce fut un déclin lent et modéré pendant une quarantaine d’années (303 000 hab. en 1931), avant que ne s’amorce un renouveau léger et continu : 329 000 habitants en 1962 et 340 000 en 1968. Depuis le début du xxe s., le nombre des agriculteurs a été réduit de 86 000 (1901) à 22 000 (1975) et celui des travailleurs de l’industrie a peu augmenté (44 500 en 1975) ; cette perte globale d’emplois n’a été compensée que dans une faible mesure par l’accroissement des activités tertiaires (de 33 000 à 52 000). En 1975, l’agriculture employait encore 16 p. 100 de la population active et l’industrie un peu plus du tiers seulement. L’industrialisation récente de l’axe Poitiers-Châtellerault a quelque peu modifié ce bilan.

Le département de la Vienne englobe à peu près tout le seuil du Poitou, couloir d’une centaine de kilomètres de largeur au nord, de 70 km environ au sud, entre les dernières hauteurs armoricaines (Gâtine de Parthenay) et les premiers plateaux du Limousin occidental dans la région de L’Isle-Jourdain. La majeure partie du département est drainée par la Vienne et ses affluents, la Gartempe et surtout le Clain, la rivière poitevine par excellence ; mais la frange méridionale est déjà du domaine charentais. La fréquence de la circulation atmosphérique d’ouest y apporte des précipitations abondantes (de 700 à 900 mm), mais, du fait de l’extension des calcaires, le pays reste relativement sec. À 150 ou 200 km de la mer, ce climat océanique se teinte parfois d’une certaine rudesse hivernale, qui se traduit, en particulier, par d’abondantes chutes de neige.

Peu élevé (l’altitude moyenne est de 150 m), le seuil du Poitou offre des plateaux peu accidentés, dont les horizons monotones ne sont interrompus que par de rares lignes de hauteurs (collines de Montalembert au sud) ou par une cuesta sinueuse qui court dans la région de Châtellerault et de Mirebeau ; ces plateaux sont morcelés par des vallées, assez nettement encaissées au sud du parallèle de Poitiers et dans l’est (au point de montrer de petites corniches), bien plus largement épanouies au nord.

Dans ce département profondément rural, le paysage se transforme par touches insensibles. Au sud, les franges limousines portent des pâturages où sont élevés des agneaux ; de petites hydrocentrales ont été construites sur la Vienne au voisinage du marché de L’Isle-Jourdain. Au sud-ouest, les plateaux entre le Clain et la Charente donnent, sur les lourds labours des terres rouges à châtaigniers, d’abondantes récoltes de céréales (blé, maïs) ; les prairies y permettent l’élevage bovin laitier.

Des confins du Limousin (basse Marche) et de la Brenne à la Gâtine de Parthenay, les Brandes prennent en écharpe le haut Poitou. Sur ces plateaux essentiellement constitués de calcaires jurassiques très perméables s’étendent de vastes placages de sidérolithique apporté du Massif central et imperméable. Ces terres acides et froides portaient des landes d’ajoncs et de bruyères avant que (depuis un siècle) le chaulage n’en permît la mise en valeur. Culture céréalière (blé notamment) et élevage (moutons et chèvres pour la fabrication de fromages) fournissent l’essentiel des revenus à des petits exploitants métayers et surtout propriétaires, moins nombreux qu’il y a un siècle. Montmorillon (7 421 hab.) et Chauvigny (6 845 hab.) ne sont que des marchés locaux.