Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Victoria (suite)

Depuis le début du xxe s., la population de l’État continue à augmenter régulièrement grâce au croît naturel et à l’immigration. La natalité a été ces dernières années d’environ 20 p. 1 000, alors que la mortalité ne dépassait pas 9 p. 1 000. Durant la période 1966-1971, le croît naturel a représenté 202 000 habitants, auxquels se sont ajoutées 80 000 personnes dues au bilan migratoire positif. Les immigrants qui ont peuplé le Victoria sont venus non seulement des îles Britanniques, mais aussi de l’Europe méditerranéenne (Italie, Grèce). Les catholiques forment aujourd’hui 28 p. 100 de la population, contre 29 p. 100 pour les anglicans, 12 p. 100 pour les presbytériens et 9 p. 100 pour les méthodistes.

La population est très inégalement répartie : la seule agglomération de Melbourne en regroupe plus des deux tiers (68 p. 100) ; les autres villes comptent au total 680 000 habitants : la population urbaine s’élève à près de 88 p. 100 du total de l’État. Ce déséquilibre se marque également par la structure socio-professionnelle : le secteur tertiaire (services, transports) occupe 59,7 p. 100 de la population active, le secondaire, 31,8 p. 100 et le primaire, 8,5 p. 100 seulement. Pourtant, le Victoria reste un grand pays agricole et produit 21 p. 100 du blé et de la laine, 30 p. 100 de la viande, 54 p. 100 du lait de tout le Commonwealth australien.


Les régions

Trois grandes régions géographiques se partagent l’État : la zone littorale, l’extrémité de la Cordillère centrale (Highlands) et la partie méridionale du bassin du Murray.

La zone littorale est une des parties les mieux mises en valeur de toute l’Australie. À l’ouest de la baie de Port Phillip, au fond de laquelle s’est développée Melbourne, s’étend une basse plate-forme de roches volcaniques (basaltes) parsemée de cônes de scories et de lacs. La fertilité du sol et le climat doux (hiver, 10,1 °C ; été, 19,3 °C) et humide (de 600 à 700 mm de pluies) ont favorisé le développement de l’élevage, devenu de plus en plus intensif grâce à l’essor des légumineuses et à l’emploi des engrais chimiques : des exploitations relativement petites élèvent des vaches laitières et des moutons croisés pour la laine et la viande. La plaine est séparée de la côte par le petit massif de collines de grès jurassique d’Otway. L’activité de Portland est assez réduite, et le principal débouché de la région est Geelong (115 000 hab.), située sur la baie de Port Phillip et gros centre industriel satellite de Melbourne (aluminium, pétrole).

De l’autre côté de la baie de Port Phillip, on retrouve en bordure de la mer des reliefs formés de roches jurassiques très faillées (collines du Gippsland) ou même de granite (cap Wilson, 741 m). Une longue dépression (plaine du Gippsland) les sépare de la Cordillère. À l’élevage des vaches laitières s’ajoute une activité industrielle liée à la présence de gisements de lignite à Yallourn-Morwell (23 Mt) et à la présence de pétrole et de gaz naturel, en particulier dans le détroit de Bass, entre le Victoria et la Tasmanie ; des canalisations transportent le gaz vers Melbourne et le pétrole brut vers la nouvelle raffinerie B. P. de Western Port, où plusieurs autres entreprises sont en cours d’installation : proche de Port Phillip, cette baie tend à devenir une annexe industrielle de Melbourne.

Les Highlands représentent l’extrémité de la Cordillère australienne : la direction de la chaîne, qui était N.-E. - S.-O. dans le sud de la Nouvelle-Galles, change progressivement pour devenir E.-O. L’altitude diminue également : alors que les Snowy Mountains dépassaient 2 000 mètres en Nouvelle-Galles, les Highlands du Victoria atteignent rarement 1 500 mètres, et, au-delà de la Kilmore Gap, qui permet de passer aisément des plaines littorales au bassin du Murray, les massifs (Grampians) n’atteignent guère plus de 1 000 mètres. Ces montagnes sont constituées de roches anciennes — très variées : schistes, granites, roches volcaniques — qui ont été disloquées et soulevées par de grands blocs au Tertiaire. Le relief est donc très lourd et prend souvent un aspect de plateau. Les précipitations sont très abondantes (de 1 à 2 m de précipitations, parfois sous forme neigeuse) et la montagne était jadis couverte par de magnifiques forêts d’eucalyptus. Celles-ci ont été en partie remplacées par des pâturages pour un élevage extensif du gros bétail. Dans les vallées, en particulier dans celles de l’Ouest, des cultures variées (céréales, pommes de terre, tomates...) et l’élevage laitier prennent une forme assez intensive. Cette activité rurale explique que la densité de la population de cette partie occidentale soit beaucoup plus élevée que celle des Highlands de l’Est, presque déserts ; Ballarat (60 000 hab.), sur la bordure méridionale, et Bendigo (46 000 hab.) au contact des plaines du Murray sont de gros centres commerciaux ; l’extraction de l’or ne joue plus qu’un rôle insignifiant.

Le Victoria s’étend jusqu’au Murray et possède donc la partie méridionale du bassin de ce grand fleuve. À l’est et au sud, à proximité de la Cordillère, le climat est suffisamment arrosé (500 mm environ) pour que de grandes exploitations puissent pratiquer une agriculture mixte blé-élevage des moutons (plaines de Vimmera, de Wangaratta). Vers le nord-ouest, l’aridité augmente (250 mm) et les sols deviennent sableux : un eucalyptus rabougri, le mallee, couvre d’immenses superficies ; des domaines de plusieurs milliers d’hectares pratiquent un élevage extensif des moutons ; l’eau est distribuée par canalisations depuis les montagnes méridionales (Grampians). La grande richesse du bassin du Murray est l’irrigation : la plupart des 600 000 hectares irrigués du Victoria se trouvent dans cette région. Des barrages ont été construits sur les rivières qui descendent de la Cordillère (Murray, Goulburn), et de nouveaux progrès ont été réalisés au cours des quinze dernières années grâce à l’aménagement des Snowy Mountains à la fois pour l’hydroélectricité et pour l’irrigation. Les périmètres d’irrigation, en particulier autour de Shepparton, sont consacrés à des cultures de légumes et de fruits (tomates, pommes de terre, vergers de poiriers, etc.) et surtout à un important élevage des vaches laitières alimentées grâce aux luzernières. Plus en aval, dans le Nord-Ouest semi-aride, le pompage des eaux du Murray a permis l’essor de Mildura, où les agrumes et les vignobles pour raisins secs fournissent le principal revenu des petites exploitations.

A. H. de L.

➙ Melbourne.