Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

versaillaise (musique) (suite)

François Rebel (1701-1775) et François Francœur (1698-1787) — qui, à l’instar de Mondonville, deviennent célèbres comme violonistes avant de diriger la musique du roi — contribuent à l’évolution du goût qui se manifeste à la Cour et se traduit, en 1752, par l’accueil favorable fait au Devin de village de Jean-Jacques Rousseau*. À la même époque, la « querelle des Bouffons* » porte un coup rude à la musique versaillaise puisque, à l’origine, la polémique engagée par Grimm visait l’opéra de Destouches, Omphale (1701), et, à travers lui, la survivance de ce que l’on croyait être la tradition lullyste.

Après 1761, la musique du roi reste réputée pour la qualité de ses exécutions, et la Cour attire de nombreux musiciens étrangers comme Leopold Mozart et son fils Wolfgang Amadeus en 1763. Mais elle se trouve concurrencée par les représentations d’opéras et d’opéras-comiques à Paris, et surtout par le Concert spirituel, installé au château des Tuileries.

Néanmoins, grâce aux concerts et aux représentations lyriques organisés par Mme de Pompadour, d’une part, grâce également au Dauphin et aux filles de Louis XV, qui touchent divers instruments et diffusent autour d’eux la musique, l’école versaillaise semble avoir continué une tradition ravivée par le désir d’accueillir toujours des nouveautés et de soutenir de jeunes talents. Il apparaît que les concerts organisés à la fin du siècle au Petit Trianon par Marie-Antoinette ont favorisé le rayonnement de la musique de chambre et de certains instruments comme la harpe et le pianoforte, sans parler des opéras-comiques donnés dans un théâtre créé spécialement à cet effet sous le patronage de la reine.

C. M.

➙ Motet / Opéra-ballet.

 M. Benoit, Versailles et les musiciens du roi, 1661-1733 (Picard, 1971) ; Musiques de cour. Chapelle, Chambre, Écurie, 1661-1733 (Picard, 1971).

Versailles

Ch.-l. du départ. des Yvelines* ; 97 133 hab. (Versaillais).



La géographie

Versailles est le type même de la ville récente, née et développée à la fin du xviie et au xviiie s. à côté d’un château royal isolé, par la seule volonté d’un souverain (charte de fondation en 1671) comme Potsdam, Saint-Pétersbourg (Leningrad), Karlsruhe et bien d’autres cités. Tout le plan de la ville est fonction du château : devant lui, une place immense en demi-cercle, la place d’Armes, d’où partent en éventail trois larges avenues (de Saint-Cloud, de Paris, de Sceaux), ombragées d’ormes séculaires.

Ce plan, géométrique et largement conçu, constitue aujourd’hui encore l’ossature essentielle de la ville. Dès l’origine se sont créés deux quartiers nettement séparés : au nord, celui des commerçants et des artisans, Notre-Dame ; au sud, celui de la noblesse et des officiers royaux, Saint-Louis. Cette opposition subsiste encore, et Notre-Dame est resté, de loin, le quartier le plus commerçant.

La ville — construite sur un plateau à 130-140 m entre la dépression du ru de Gally et le vallon de Sèvres, qu’emprunte l’avenue de Paris — est encadrée de deux plateaux boisés plus élevés : l’un, au nord, porte la forêt de Marly et les bois de Fausses-Reposes ; l’autre, au sud, est occupé par les bois de Satory.

Versailles aurait pu déchoir au rang de petite ville avec la fin de la monarchie. Elle a effectivement connu un certain déclin durant tout le xixe s., mais trois faits lui ont permis de surmonter cette crise : son choix à la Révolution comme chef-lieu du département de Seine-et-Oise ; son rôle de grosse ville de garnison (états-majors, écoles, régiments de cavalerie) en raison sans doute de la proximité de Paris et de l’importance des bâtiments publics (Grandes et Petites Écuries par exemple) et en relation avec la présence de terrains militaires aux environs (Saint-Cyr-l’École, camp de Satory) (il y a eu jusqu’à 10 000 hommes casernés à Versailles] ; ses excellentes et triples liaisons ferroviaires avec Paris vers les gares Saint-Lazare, Montparnasse et des Invalides, les deux premières mises en service dès 1839 et 1840. Les trois gares, dont deux terminus, sont bien réparties dans la ville.

Au xxe s., Versailles fut peu à peu englobée dans la banlieue parisienne sans devenir pour autant une ville industrielle et sans perdre de son originalité. Elle est restée une ville de fonctionnaires, de militaires, de rentiers et de retraités. La restauration du château à partir de la monarchie de Juillet y a développé peu à peu le tourisme.

Elle s’est accrue d’un certain nombre de lotissements de l’entre-deux-guerres, dont le plus important est Porchefontaine, et elle s’est soudée à quelques communes voisines (Viroflay, Chaville, Le Chesnay, Saint-Cyr-l’École).

Versailles est aussi devenue le centre du commerce de gros et des services pour une banlieue et une grande banlieue qui, de Saint-Germain-en-Laye et Poissy au nord, va au sud jusqu’à Saint-Rémy-lès-Chevreuse et Limours, alors qu’en direction de Paris son attraction ne dépasse pas Chaville.

Deux faits récents l’ont affectée : elle n’est plus que le chef-lieu des Yvelines (département trois fois plus petit que la Seine-et-Oise d’autrefois), mais qui néanmoins compte déjà plus de un million d’habitants ; le grand centre commercial de Parly II sur le territoire du Chesnay concurrence dans une certaine mesure ses activités commerciales.

La réalisation de la ville nouvelle de Trappes-Saint-Quentin-en-Yvelines posera un problème de répartition des fonctions avec Versailles.

Versailles, qui bénéficie d’un certain équipement hôtelier, essaie de devenir une ville de congrès, d’où la construction d’un palais à cet usage près du château.

Versailles peut être considérée comme le foyer d’une petite agglomération satellite incluse dans la banlieue parisienne d’environ 150 000 habitants et d’un secteur de banlieue à peu près trois fois plus peuplé. C’est le centre le plus autonome de toute la banlieue parisienne, essentiellement pour des raisons historiques.

J. B.