Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Ver (suite)

En ce qui concerne l’immunité parasitaire, il faut avouer qu’elle reste moins connue que l’immunité bactérienne. Elle n’est, en effet, ni brutale ni totale, mais nuancée et difficile à apprécier par rapport à des témoins. De plus, il est difficile de se procurer des antigènes standardisés, qui sont la condition sine qua non à la pratique correcte des réactions d’immunologie parasitaire.

Face à une agression parasitaire, il existe trois processus de défense de l’organisme sensibilisé : l’expulsion du parasite, l’encapsulement, qui aboutit à la mort avec, souvent, calcification du parasite, et enfin des phénomènes mineurs empêchant la maturation du parasite par troubles du développement ou de la fécondité. Ces trois phénomènes correspondent à des degrés différents du processus immunitaire, qui aboutira à une immunité variable, correspondant en fait à une prémunition. Dans certains cas, cette immunité a pour résultat principal l’installation d’un équilibre hôte-parasite, qui peut être statique ou périodique. Dans les cas où s’instaure un équilibre statique qui correspond à une infestation permanente, il faut bien savoir que cet équilibre peut être rompu brutalement par n’importe quelle infection intercurrente : ce fait est d’une importance clinique fondamentale. La même observation peut être faite lors de l’institution d’un traitement à visée immuno-dépressive. Dans les cas où l’équilibre est périodique, le nombre des parasites augmente jusqu’à un seuil limite, où l’on assiste au phénomène d’auto-expulsion. À son décours, l’indice parasitaire augmente de nouveau, à moins qu’entre-temps ne soit intervenue la chimiothérapie anthelminthique spécifique.

De ces considérations générales, on peut conclure que les helminthiases, ou verminoses, correspondent à des faits épidémiologiques assez bien connus, mais obéissent à des phénomènes immunologiques dont la pathogénie est encore obscure.

M. R.

➙ Nématodes pathogènes / Parasitisme.

Vercingétorix

Chef gaulois (pays arverne v. 72 - † Rome 46 av. J.-C.).


Il fut le héros malheureux du soulèvement de la Gaule en 52 av. J.-C.

Il était le fils de Celtill, chef arverne qui, soupçonné d’aspirer à la royauté, avait été exécuté. Les Arvernes étaient alors un peuple puissant et organisé, le seul capable d’essayer de prendre en main le destin de la Gaule, ordinairement divisée en peuples très indépendants. Après la conquête de la Gaule par César et alors que celui-ci était en Italie, une révolte prit naissance au pays des Carnutes. Ceux-ci massacrèrent les Romains établis à Genabum (Orléans). Quand la nouvelle du mouvement parvint à la cité arverne de Gergovie, Vercingétorix, jeune noble courageux, à la stature imposante, naguère ami de César et longtemps désireux de maintenir en paix le pays arverne, prit l’initiative, malgré l’opposition des autres nobles, d’appeler à la révolte non seulement les Arvernes, mais aussi tous les peuples de la Gaule. Ceux-ci répondant à son appel, il se trouva le chef de fait d’une ligue qu’il s’efforça d’organiser. Il envoya son lieutenant Lucter contre la Province romaine (la Narbonnaise), tandis que lui-même envisageait l’attaque des légions cantonnées dans le nord du pays. Sur ces entrefaites, César gagna la Gaule en hâte. Vercingétorix adopta devant lui la tactique de la terre brûlée. Mais les Bituriges d’Avaricum (Bourges) n’entendirent pas anéantir leur belle cité. César la prit et y trouva des vivres. Vercingétorix lui barra l’accès à Gergovie. Puis, à Bibracte, une assemblée des Gaulois l’ayant confirmé dans son autorité, il reprit sa tactique. Craignant de voir César s’échapper, il accepta près de Dijon la bataille que celui-ci cherchait. Battu, il se replia ou fut attiré sur Alésia*, solide place forte où il se retrancha. César l’assiégea. Les armées de secours et les tentatives de sortie échouèrent également. Vercingétorix, espérant ainsi limiter les châtiments des insurgés, se rendit lui-même, solennellement, à César. Celui-ci l’emmena en captivité, le véhiculant parmi ses bagages ou de prison en prison ; six ans après, Vercingétorix figura au triomphe de son vainqueur, puis fut exécuté.

Tels sont les faits. Il reste à savoir ce que Vercingétorix fut exactement à travers tout ce qui a été dit ou pensé de lui. À l’époque romantique, Amédée Thierry (1797-1873) vanta son courage et son patriotisme dans son Histoire des Gaulois (1828). Henri Martin (1810-1873) tira de l’histoire de Vercingétorix un drame en vers (1865). En 1865, la statue du héros (œuvre d’Aimé Millet [1819-1891] fut érigée sur le mont Auxois. À la fin du xixe s., Vercingétorix était considéré comme un héros national, à l’égal de Jeanne d’Arc. Au xxe s. encore, d’aucuns lui ont reconnu le titre de premier résistant de l’histoire de France. En 1901, Camille Jullian (1859-1933) avait marqué du patriotisme de son époque sa biographie, dans laquelle, au demeurant, il se fiait en général aux dires de César. Celui-ci est en effet presque le seul à avoir parlé de Vercingétorix en son temps. Le héros est donc connu par son pire ennemi, dont les scrupules en matière de vérité historique ne passent pas aujourd’hui pour rigoureux. César est soupçonné d’avoir en partie imaginé son adversaire et d’avoir amplifié son rôle et ses moyens pour magnifier sa propre victoire. Il aurait aussi minimisé l’importance et la noblesse de sa reddition, dont le côté spectaculaire est rapporté par Dion Cassius. Les historiens ont donc dû faire un singulier effort pour se représenter l’homme. Toutes les hypothèses, toutes les explications ont eu leurs partisans. Vercingétorix a figuré comme un agent des Romains aussi bien que comme un résistant farouche et organisé, chef de coalisés, dont l’autorité a été imaginée par César, ou jeune chef résolu d’une horde peu entraînée au combat régulier. Ces divergences de vues rejoignent le problème d’un sentiment national gaulois, d’un patriotisme unitaire, dont il paraît bien difficile de dire à présent s’il était capable de se manifester réellement et de surmonter les particularismes des peuples. Vercingétorix est enfin soupçonné d’être inégal, enthousiaste, puis facilement abattu. Les circonstances lui interdisaient peut-être de faire plus qu’il n’a fait. Son principal handicap était de se trouver en face d’un adversaire génial, organisé, rusé et très expérimenté.

R. H.

➙ Alésia / César / Gaule.

 C. Jullian, Vercingétorix (Hachette, 1901 ; nouv. éd., 1963). / G. Colomb, Vercingétorix (Fayard, 1947). / G. Bordonove, Vercingétorix (Club des libraires de France, 1960). / J.-J. Rochard, Vercingétorix le Gaulois (la Table ronde, 1967).