Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

végétation (suite)

À cause de la présence de la plus grande mer intérieure du monde, disposée dans un sens est-ouest de surcroît, ce climat et cette forêt connaissent une très grande extension autour de la Méditerranée. Les différences sont toutefois notables entre la forêt méditerranéo-atlantique du Portugal, les forêts septentrionales, celles du Proche-Orient et celles de l’Afrique du Nord. D’autre part, ces formations ont été fortement transformées par l’homme, et, par rapport à l’extension de la forêt primitive, les formes de dégradation occupent l’essentiel de leur surface (maquis, garrigue). Et, à bien des égards, mais d’abord à cause de la variété des conditions naturelles et des transformations subies, c’est la région éponyme qui mérite le moins le qualificatif de méditerranéen : trop de variations et de nuances masquent les caractères fondamentaux.

On retrouve ces caractères essentiels dans les autres régions du monde énumérées ci-dessus, mais les forêts sclérophylles y sont beaucoup plus réduites en extension. Dans deux cas (Californie, Chili), de hautes montagnes sont responsables de cette limitation ; dans les deux autres cas (Afrique du Sud, Australie), c’est l’interruption des continents sur l’océan Austral qui en limite l’extension.

Dans toutes ces régions, les formes de dégradation sont importantes, car partout, même lorsque la pression humaine n’a pas été trop forte, ces forêts de climat méditerranéen, à croissance lente, sont très fragiles. Les formations à épineux, équivalentes de notre maquis, occupent de vastes surfaces en Californie (chaparral), au Chili (mattoral), en Australie (malleescrub).

Contrastant avec le grand développement de ces formations de dégradation basses, l’Australie présente un cas particulier grâce à la présence d’un genre très bien adapté à la sécheresse estivale, l’Eucalyptus. De magnifiques forêts se développent dans l’État de Victoria et dans la région de Perth. Les Eucalyptus sont, avec les Séquoias, les géants du monde végétal : ils peuvent atteindre 110, voire 120 m (Eucalyptus regnans).

• La forêt pacifique nord-américaine. Cette forêt sempervirente rappelle autant la forêt tropicale que la forêt boréale. Comme la seconde, elle est formée de Conifères, mais elle évoque la première par son exubérance, son gigantisme et aussi parce que ces Conifères ont des feuilles en aiguilles souvent larges, épaisses, cireuses, de type « laurier ». Peut-être la plus riche et la plus prestigieuse du monde, elle conserve des caractères très homogènes sur plus de 3 500 km du nord au sud, entre le sud de l’Alaska et les monts Klamath, en Californie centrale. C’est le seul ensemble forestier du monde de cette étendue qui ne suit pas de disposition zonale, mais méridienne.

Ailleurs sur la planète, on ne trouve de comparable que des lambeaux forestiers du Caucase occidental et du Japon méridional. Le fait que cette forêt occupe une telle extension en latitude en Amérique du Nord et qu’il n’existe pas le moindre équivalent en Europe occidentale dans une position climatique analogue demeure assez mystérieux. On peut penser que les oscillations climatiques du Quaternaire en sont responsables : il semble que la végétation de l’Europe occidentale ait plus souffert du froid, à cause, notamment, d’un inlandsis plus proche, que la végétation de l’Amérique occidentale ; par ailleurs, les biotopes de refuge en Amérique étaient comparables et continus en direction du sud, alors qu’en Europe montagnes et Méditerranée étaient interposées.

Cette explication est toutefois insuffisante, car, avant les premières glaciations quaternaires, la flore de Conifères de l’Europe occidentale était déjà plus pauvre que la flore équivalente pacifique ; de cet appauvrissement tertiaire, on sait peu de chose ; de ses causes, on ne sait rien.

• Les forêts sempervirentes tempérées de l’hémisphère Sud. Tandis qu’en Europe occidentale, au-delà de la forêt méditerranéenne, s’étend une forêt de feuillus qui se prolonge par une forêt de Conifères pauvres (Écosse, Scandinavie) et qu’en Amérique du Nord se situe la forêt de Conifères géants décrite ci-dessus, dans l’hémisphère austral on passe des forêts méditerranéennes à des forêts sempervirentes tempérées.

On trouve celles-ci au Chili, du 38e au 53e parallèle, en Nouvelle-Zélande, du 36e au 45e parallèle, et en Tasmanie. Elles occupent les versants occidentaux de ces régions montagneuses, très arrosées, aux étés frais, aux hivers doux, pratiquement sans gel. L’humidité atmosphérique et la nébulosité y sont toujours élevées.

Dans tous les cas, la physionomie est celle de la forêt dense, que ce soit dans la forêt valdivienne au Chili (où se mêlent des Conifères et des feuillus, et où domine le genre Nothofagus qui peut atteindre de 50 à 60 m) ou en Nouvelle-Zélande (où, aux genres précédents, s’ajoutent des Fougères arborescentes).

Mis à part certaines régions tropicales, c’est dans ces régions australes que les perturbations quaternaires ont été les plus faibles : une grande variété d’espèces a pu s’y maintenir.


Les forêts caducifoliées et les forêts mixtes

Dans toutes les zones climatiques du globe existent de telles formations forestières. Leur caractère commun réside dans le changement partiel de la physionomie, conséquence de la chute des feuilles chaque année, qui affecte tous les arbres de la formation (forêt caducifoliée) ou certains seulement (forêt mixte). Ce phénomène majeur est dû à l’existence d’une saison franchement défavorable à l’activité végétative, que ce soit la sécheresse ou (et) le froid. Toutefois, cette réponse biologique à des fluctuations saisonnières n’est pas toujours simple : si, dans les zones tempérées, la chute des feuilles à l’automne et leur repousse au printemps ont une signification claire tant à l’égard de la saison froide qu’à l’égard de la période des jours courts, le rapport de cause à effet dans les climats à sécheresse saisonnière n’est pas toujours évident : c’est ainsi que certains arbres tropicaux à feuilles caduques débourrent en pleine saison sèche. Plusieurs grands types de forêts peuvent être distingués.