Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Valais (suite)

Les quatre siècles de l’occupation romaine firent du Valais un pays civilisé. Octodurum devint une cité importante au pied du col qui relia les deux parties de l’Empire, la germanique et la latine. Vers 302, une légion romaine composée de chrétiens de la Thébaïde, dont le chef était Maurice, fut massacrée dans la région d’Agaunum sur l’ordre de l’empereur Maximien. (Sur les ossements des martyrs s’éleva plus tard l’abbaye de Saint-Maurice.) Avec cet événement, le christianisme entra dans la vallée. Le premier évêque de la région fut saint Théodore (ou Théodule, † 391).

Au début du ve s., le Valais fit partie du royaume burgonde. Les Burgondes s’étant ralliés à la religion catholique, Saint-Maurice devint l’une de leurs capitales. Dans le premier tiers du vie s., les Francs (Clovis et ses fils) s’emparèrent du territoire et le rendirent tributaire. Martigny, siège épiscopal, tomba sous les pillages des Lombards, et, vers 585, l’évêque transféra son siège à Sion, qui fut promue capitale du Valais. En 888, le comte Rodolphe, gouverneur de la Bourgogne Transjurane, se fit couronner à Saint-Maurice roi d’un « royaume de Bourgogne » qui contrôlait les pays transjurassiens et dont le Valais forma dès lors un des comtés.

Au xe s., l’expansion alémanique, par les cols du Nord, atteignit la partie orientale de la vallée ; elle reflua jusqu’à Loèche vers le xiiie s., passa les cols du Sud et descendit en Italie (Tessin, Grisons, Tyrol). Le dernier roi de Bourgogne Transjurane, Rodolphe III, impuissant à assurer l’ordre dans son royaume, conféra en 999 les droits cantonaux à l’évêque de Sion et à ses successeurs, acte qui doit être regardé comme la charte de fondation de l’État du Valais. Les évêques de Sion devinrent princes d’Empire, comtes et préfets d’un pays qui embrassait tout le bassin supérieur du Rhône.

Au xiiie s., le mouvement communal qui agita l’Occident eut ses répercussions dans le Valais. Les communes se groupèrent en « dixains », sortes de petits cantons qui arrachaient au prince-évêque peu à peu ses droits séculiers. Ces dixains organisaient des « plaids » locaux et formèrent une diète. Ainsi fut créée une petite république composée d’États presque autonomes ; l’évêque garda son titre, mais la réalité du pouvoir lui échappa de plus en plus.

L’histoire du Valais est aussi marquée par des querelles du comte-évêque avec les ducs de Zähringen et avec la maison de Savoie, qui voulait conquérir toute la vallée du Rhône. En 1475 (bataille de la Planta, à Sion), les Valaisans, ligués avec les Bernois et les Soleurois, repoussèrent les Savoyards jusqu’à Saint-Maurice, puis jusqu’au lac Léman et au val d’Abondance. Le Bas-Valais devint bailliage du Haut-Valais, et celui-ci se germanisa de plus en plus. Au début du xvie s., deux grandes personnalités, Matthaüs Schiner (v. 1470-1522) et Georges Supersaxo (v. 1450-1529), firent connaître le Valais au-delà des frontières du pays. Le premier, favori et conseiller des papes et des empereurs, ami et protecteur d’Érasme, prit une part active aux guerres d’Italie contre la France ; évêque de Sion, il fut nommé cardinal par Jules II et dut se rendre en exil quand ses compatriotes, alliés des Confédérés, signèrent en 1516 le traité de « paix perpétuelle » avec la France. Le second, condottiere, partenaire des Français, maître et gouverneur du Valais pendant l’absence de son grand adversaire Schiner, connut quelques succès guerriers avant d’être banni.

Le 12 mars 1529, le Valais fit alliance avec les cantons catholiques (Lucerne, Uri, Schwyz, Unterwald, Zoug et Fribourg), dont l’influence, ajoutée à celle de la Savoie, parvint à assurer la suprématie du catholicisme sur le protestantisme, qui — patronné par Berne — s’était répandu dans certaines régions du pays.

La Révolution française, en rendant la liberté au Bas-Valais (1798), repoussa l’influence alémanique jusque dans la région de Loèche. Après deux insurrections sanglantes des Haut-Valaisans contre les troupes françaises (1798 et 1799), l’unité politique du Valais s’institua dans le cadre de la « République helvétique », et le pays devint plus tard, en 1802, par la volonté du Premier consul Napoléon Bonaparte une « République libre et indépendante » sous le protectorat des Républiques française, cisalpine et helvétique. En 1810, le Valais fut réuni à l’empire de Napoléon sous le nom de « département du Simplon ». Quatre ans plus tard, la chute de l’Empereur rendit le pays à son destin : le 12 septembre 1814, le Valais devint le vingtième canton de la Confédération suisse.

Pays fermé sur lui-même, il avait vécu pendant des siècles une vie isolée. Les lignes de chemin de fer, le percement du Simplon (1898-1905) et du Lötschberg (1906-1913), l’amélioration des routes de montagne (tunnel du Grand-Saint-Bernard) et de la plaine aux xixe et xxe s. ouvrirent les premières brèches.

H. O.

 J. Gremaud, Documents relatifs à l’histoire du Valais (Payot, Lausanne, 1875-1898 ; 8 vol.). / H. Gay, Histoire du Valais (A. Jullien, Genève, 1888 ; nouv. éd., 1903). / P. A. Grenat, Histoire moderne du Valais (Atar, Genève, 1907). / H. Gay, Petite Histoire du Valais (A. Jullien, Genève, 1910). / P. de Rivaz, Histoire contemporaine du Valais (Imhoff, Sion, 1950 ; 2 vol.). / J. Loup, Pasteurs et agriculteurs valaisans (Allier, Grenoble, 1965). / B. Willerval, Savoie, Valais, Val d’Aoste (Arthaud, 1965).

Val-de-Marne. 94

Départ. de la Région Île-de-France ; 244 km2 ; 1 215 674 hab. Ch.-l. Créteil. S.-pr. L’Haÿ-les-Roses et Nogent-sur-Marne.


Le département a été créé à l’occasion du nouveau découpage administratif de la Région parisienne en huit départements (au lieu de trois), décidé par la loi du 10 juillet 1964 et le décret du 25 février 1965.

Il est l’un des trois départements limitrophes de Paris, appelés, pour cette raison, « de la première » ou « de la petite couronne ». Il s’étend de Vincennes et de Fontenay-sous-Bois, au nord, à la vallée de l’Yerres, au sud, à celle de la Bièvre, à l’ouest, et jusqu’aux limites inchangées de la Seine-et-Marne, à l’est, c’est-à-dire qu’il englobe la bordure du plateau de Brie entre la Marne et l’Yerres. Il couvre approximativement un quart de la circonférence parisienne, avec, pour cette couronne, des distances maximales en largeur de 20 km à peine. Une trentaine de kilomètres carrés sont encore cultivés.