Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Val-de-Marne. 94 (suite)

Les habitants sont répartis entre 47 communes, dont 29 de l’ancienne Seine et 18 de l’ancienne Seine-et-Oise. Sept communes ont plus de 50 000 habitants chacune (par ordre décroissant : Vitry-sur-Seine, Saint-Maur-des-Fossés, Champigny-sur-Marne, Ivry-sur-Seine, Créteil, Villejuif, Maisons-Alfort). La densité moyenne avoisine 5 000 habitants au kilomètre carré. Le Val-de-Marne est le plus étendu et le moins peuplé des trois départements de la petite couronne, mais aussi celui dont la population s’accroît le plus vite (il devrait, avant 1980, dépasser la Seine-Saint-Denis, puis être talonné par l’Essonne et les Yvelines).

Physiquement, son territoire est constitué essentiellement par la plaine de confluence Marne-Seine (35 m d’altitude), les deux derniers méandres de la Marne (de Champigny et de Saint-Maur), l’extrémité du plateau de Brie (de 100 à 120 m) [entaillé du nord au sud par les vallées du Morbras, du Réveillon et de l’Yerres], sur la rive gauche de la Seine (entre Seine et Bièvre) par le plateau de Villejuif-Orly (80 à 120 m) et, dans le nord du département, à Fontenay-sous-Bois, par l’extrémité sud du plateau de Montreuil (80 m).

Ce département est le moins industrialisé des trois départements de la petite couronne ; il ne renferme qu’un seul secteur industriel notable (à Ivry, à Vitry et à Choisy-le-Roi), surtout sur la rive gauche de la Seine entre le fleuve et la voie ferrée d’Orléans, avec l’usine S. K. F. à Ivry, les centrales thermiques et l’usine Rhône-Poulenc à Vitry, les verreries de Choisy ; de l’autre côté de la Seine sont implantées les biscuiteries d’Alfortville-Maisons-Alfort.

La partie du département proche de la capitale appartient évidemment à la banlieue parisienne, mais sept ou huit communes du plateau de Brie (par exemple La Queue-en-Brie, Boissy-Saint-Léger, Santeny) restent encore en partie rurales et présentent surtout un fort taux de boisement (de 40 à 50 p. 100) avec les bois Notre-Dame et ceux du château de Grosbois.

Les liaisons avec Paris furent longtemps médiocres, sauf pour les communes desservies par la voie ferrée d’Orléans (d’Ivry à Ablon) ou par celle de Lyon (jusqu’à Villeneuve-Saint-Georges). Toutefois, les équipements en transports en commun ont été considérablement améliorés depuis dix ans avec la ligne du R. E. R. de Nation à Boissy-Saint-Léger, le prolongement du métro du pont de Charenton à Créteil, l’autoroute du Sud — qui traverse le centre du plateau de Villejuif et dessert Orly et Rungis —, la rocade 186, de la Croix-de-Berny à Choisy-le-Roi.

Il s’y est ajouté récemment : l’autoroute A 4, qui, partie de la porte de Bercy et utilisant l’ancien canal Saint-Maurice au sud du bois de Vincennes, longe la rive sud de la Marne à Champigny, puis, à travers le plateau de Brie, se dirige droit vers l’est ; la branche du R. E. R. qui, de Fontenay-sous-Bois, atteint Noisy-le-Grand. On a évoqué aussi une liaison rapide par métro aérien porte d’Italie-aéroport d’Orly.

Le Val-de-Marne a conservé longtemps des activités agricoles non négligeables et originales, notamment des cultures maraîchères et florales, en particulier sur le plateau de Brie. C’est l’un des départements de la Région parisienne qui s’est le plus transformé : d’abord avec la réalisation de la ville nouvelle de Créteil, devenue chef-lieu du département et où l’on a construit une préfecture, créé une université, un hôpital très moderne et de grande capacité ; mais plus encore avec le développement d’un autre pôle, plus important par le nombre d’emplois, l’ensemble Orly-Rungis-Belle-Épine (aéroport d’Orly, qui connaît encore le plus gros trafic de la Région parisienne ; marché-gare de Rungis, où ont été transférées les Halles de Paris ; le Centre commercial régional de la Belle-Épine).

En outre, la rénovation du vieux centre de Choisy, ville-pont et lieu de passage obligé, la réalisation de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée (essentiellement en Seine-et-Marne, mais dont la proximité affectera tout le nord du département), vont aussi contribuer à transformer tout ce secteur de la banlieue parisienne.

J. B.

➙ Vincennes.

Valdés Leal (Juan de)

Peintre espagnol (Séville 1622 - id. 1690).


Un peu plus jeune que Murillo*, il est le dernier grand maître andalou du « siècle d’or » et le plus résolument baroque. C’est à Cordoue, où se sont installés ses parents (un Portugais et une Andalouse), qu’il grandit, se forme à la peinture et se marie en 1647. Son premier tableau connu, le Saint André de l’église San Francisco (1649), reflète le style ferme et monumental du meilleur peintre local, Antonio del Castillo (1616-1668).

Durant la décennie suivante, d’importantes commandes monastiques — dont l’« Histoire d’Élie et d’Élisée » et d’autres œuvres restées en place au grand autel de l’église du Carmen Calzado à Cordoue (1656-1658), ainsi que l’« Histoire de saint Jérôme » pour San Jerónimo de Buenavista, près de Séville, aujourd’hui dispersée — attestent, avec la renommée croissante du peintre, son évolution rapide vers le baroque, ramené d’Italie par Herrera* le Jeune.

Fixé à Séville en 1656, Valdés ne s’en éloignera que pour de rares voyages à Cordoue et à Madrid. Il a une vie ordonnée de père de famille, d’artiste laborieux, aux cordes multiples. En 1660, il est l’un des fondateurs de l’Académie, qu’il dirige pendant plusieurs années. Mais l’homme n’est pas facile : impulsif, colérique, solitaire, ne pouvant, selon le paisible Murillo, « souffrir ni supérieurs ni égaux », d’ailleurs généreux et bienveillant pour les jeunes. Le zénith de sa carrière est marqué par les deux fameuses allégories des « Fins dernières », peintes pour l’hospice de la Caridad en 1672. Les ensembles ultérieurs (à San Clemente, à la chapelle de l’hôpital des Venerables Sacerdotes) trahissent, plutôt que le déclin, la négligence et la hâte. Frappé de paralysie en 1688, Valdés Leal confie à son fils Lucas (v. 1664-1724), mathématicien et décorateur, excellent fresquiste, l’achèvement du cycle des Venerables.