Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Valais

En allem. Wallis, canton de Suisse ; 5 231 km2 ; 217 000 hab. Capit. Sion.



La géographie

Le canton correspond approximativement à la zone de drainage du Rhône jusqu’au lac Léman. Il s’étend sur 120 km environ, du massif du Saint-Gothard au lac. De part et d’autre du fleuve, il est délimité par la haute montagne alpine, qui compte, à proximité, de nombreux sommets dépassant 4 000 m. Mais la vallée moyenne du Rhône ne se situe qu’à 500 m, ce qui montre l’ampleur des contrastes rencontrés, à tous égards, sur de petites distances. Le Valais correspond à la vallis (la vallée) des Romains. C’est un canton montagnard dont la moitié de la superficie est improductive.

Sur le plan morphologique, on peut distinguer trois régions : la partie montagneuse au nord du Rhône correspond essentiellement à la couverture secondaire, jurassique et crétacée (c’est un élément des Préalpes calcaires avec des phénomènes karstiques nombreux) ; la vallée proprement dite est due à des phénomènes tectoniques de grande ampleur, son tracé, surtout dans la partie moyenne, se confondant avec la ligne de contact entre masses sédimentaires et massifs cristallins ; la région alpine au sud du Rhône est un élément des massifs centraux cristallins ; les vallées affluentes de rive gauche sont plus nombreuses que celles de rive droite et certaines sont suspendues au dessus de la vallée principale (presque toutes sont de direction sud-nord et constituent des cellules montagnardes originales : val d’Anniviers, val d’Hérens, val d’Entremont, etc.).

La population, qui n’était que de 82 000 habitants en 1850, s’est élevée à 207 000 en 1970. L’augmentation a été de 16,2 p. 100 entre les deux recensements de 1960 et de 1970 (augmentation voisine de la moyenne nationale).

Le Valais est un canton doublement frontalier : d’une part avec l’étranger, l’Italie et la France ; d’autre part, avec l’intérieur, puisque un tiers de la population parle l’allemand (dans le Haut-Valais, où il s’agit de Grisons ayant franchi les cols).

Sur le plan physique, le Valais pourrait être regroupé en une dizaine d’unités, correspondant aux dépressions qui constituent autant de cellules intramontagnardes. La montagne et l’eau sont les éléments essentiels de l’aménagement de la région par l’homme. À l’origine, l’agriculture dominait. Les possibilités d’irrigation étaient les facteurs déterminants de l’établissement des communautés ; de là aussi découle une certaine dispersion de l’habitat. Les alpages jouent un rôle considérable. Les deux tiers de la surface agricole utile sont situés en zone de montagne. L’exploitation des différents étages de végétation donne lieu à des déplacements de travail incessants, d’une grande complexité. L’exemple du val d’Anniviers est devenu classique. L’élevage domine sur les pentes et les massifs. Nulle part ailleurs, en Suisse, l’agriculture n’est autant liée à l’irrigation. Les vallées de direction méridienne (pour les vallées secondaires) sont dans une situation d’abri. Il en va de même pour la vallée du Rhône, où, grâce à un ensoleillement important, la vigne prospère (près de 3 500 ha), surtout dans la partie moyenne. Une partie de la production est exportée.

En 1888 encore, plus de 80 p. 100 de la population active travaillaient dans l’agriculture. La proportion est inférieure à 15 p. 100 en 1975. Les deux tiers des quelque 15 000 exploitations agricoles sont situées dans les zones montagneuses, mais seulement 2 600 agriculteurs exercent ce métier à titre principal. On ne compte que 400 exploitations supérieures à 10 ha. C’est indiquer les difficultés de l’agriculture de montagne. Pourtant, et cela est révélateur des efforts fournis, la disparition des exploitations agricoles est plus rapide dans la plaine que dans la montagne ; 39 p. 100 des subventions fédérales reçues par le canton sont destinés à l’agriculture.

L’industrialisation a transformé le Valais. Elle débuta avec l’installation d’usines hydroélectriques. Une partie de la production est dirigée vers le Mittelland. Aujourd’hui, 48 p. 100 des actifs du canton sont employés dans l’industrie. Celle-ci se marque par des ateliers de petite et de moyenne taille. Le secteur secondaire a reçu une impulsion nouvelle à partir de 1960. Il s’appuie sur les bourgs et les petites villes. Métallurgie, textiles, industries alimentaires dominent.

C’est le secteur tertiaire qui traduit le mieux les progrès du canton. Près de 40 p. 100 des actifs y sont employés, contre 20 p. 100 en 1930. Commerce et tourisme ont ouvert le pays sur l’étranger. Quelques belles stations donnent au Valais une excellente image de marque : Super-Saint-Bernard, Champéry, Crans-sur-Sierre, Lötschental, Montana-Vermala, Saas Fee, Sion, Zermatt, etc. Sur 4 millions de nuitées (1972), plus de 55 p. 100 sont le fait de touristes étrangers. C’est le tourisme qui explique l’arrêt du dépeuplement de la montagne. Nombreux sont les paysans, les artisans, les ouvriers à accepter des touristes, à ouvrir une pension, à construire, à force d’économies, un hôtel. Assez rares sont encore les hôteliers originaires d’autres régions. Ainsi, le Valais apparaît comme un des cantons montagnards les plus vivants.

F. R.


L’histoire

La nécropole de la Barmaz, à Collombey, les vestiges d’habitat découverts aux Grands-Prés, à Saint-Léonard attestent que les premiers habitants de la région se fixèrent sur les balcons latéraux de la vallée du Rhône, qui, dès les débuts de notre civilisation, était un chemin de passage important. Les autochtones de l’époque vers 2000 av. J.-C. se rattachaient au peuple ligure ; un millier d’années plus tard, les Étrusques succédèrent aux Ligures et furent refoulés à leur tour par les tribus celtiques qui franchirent les Alpes et s’établirent dans la plaine du Pô.

Quand les Romains pénétrèrent dans la vallée par le Mons Jovis (Grand-Saint-Bernard), ils y trouvèrent quatre tribus : les Vibères dans la région orientale, les Séduniens, ou hommes des collines, au centre, les Véragres sur l’axe du Saint-Bernard et les Nantuates dans la région lémanique. Ces tribus armées fondèrent des centres populeux, qui donnèrent naissance à Sedunum (Sion), à Octodurum (Martigny) et à Agaunum (Saint-Maurice). Ils se liguèrent contre l’envahisseur romain ; une expédition du général Galba, en 54 av. J.-C., pour occuper les cols du Grand-Saint-Bernard et du Simplon échoua, et les légionnaires durent se retirer. Les aigles romaines ne revinrent qu’une quarantaine d’années plus tard, sous Auguste. L’empereur Claude (41-54) octroya aux habitants du Valais le droit latin et les fondit en une seule cité, « Civitas Vallensium », avec Octodurum comme chef-lieu.