Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Auvergne (suite)

Aucun grand château ne représente la manière des bords de Loire. C’est dans les villes de Montferrand, de Riom, de Saint-Flour et de Salers qu’il faut rechercher les hôtels particuliers et les maisons consulaires des xvie et xviie s., avec leurs cours à arcades à l’italienne, leurs tourelles d’escaliers d’une sévère distinction.

Le grand air du xviie s. se trouve déjà dans le parc et les salles du château d’Effiat, bâti en 1627. Le grandiose Chazeron comme Ravel s’enorgueillissent de terrasses à balustres et de décors Louis XIV et Louis XV qui rivalisent avec les mobiliers somptueux d’Aulteribe-Sermentizon et de Parentignat.

La province tentait de se mettre au diapason de Paris. Il appartenait à un Auvergnat d’Ambert d’apporter en retour à la capitale la verve de son talent musical : Emmanuel Chabrier*, auteur de cette Bourrée fantasque imprégnée d’un folklore réinventé.

F. E.

 P. Arbos, l’Auvergne (A. Colin, 1932). / R. Rigodon, Histoire de l’Auvergne (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1944 ; 3e éd., 1963). / L. Gachon, l’Auvergne et le Velay (Gallimard, 1948). / B. Craplet, Auvergne romane (Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1957). / A. G. Manry, Histoire de l’Auvergne (Éd. Volcans, Clermont-Ferrand, 1966). / H. Pourrat, En Auvergne (Arthaud, Grenoble, 1966). / A.-G. Manry (sous la dir. de), Histoire de l’Auvergne (Privat, Toulouse, 1974).

Auxerre

Ch.-l. du départ. de l’Yonne, sur l’Yonne ; 39 955 hab. (Auxerrois).


Auxerre est une des seules villes notables du sud-est du Bassin parisien : avec près de 40 000 habitants, elle fait figure de petite capitale dans le désert urbain qui s’étend entre Paris et les plaines de la Saône, mais elle n’a en fait qu’une importance toute relative.

Auxerre était moins développée que Sens comme ville gauloise ou comme cité gallo-romaine, mais son rôle alla croissant durant les premiers siècles de notre ère, et la ville devint capitale d’une « civitas » au iiie s. Son activité se confirma au Moyen Âge en liaison avec les courants de circulation qui unissaient le Nord et les pays rhodaniens, et qui bénéficiaient à la basse Bourgogne comme à la Champagne voisine.

La prospérité de cette époque se lit encore dans le profil de la ville, dans ses églises reflétées par l’Yonne, dans l’unité que donnent à l’ensemble ces vieilles toitures brunes formant une masse compacte au flanc de la colline.

Le déplacement vers l’ouest des grandes voies, qui résulte du rôle croissant de Paris, n’a pas eu les mêmes conséquences en basse Bourgogne qu’en Champagne : la vallée de l’Yonne et celle de ses affluents offraient une des voies les plus faciles vers le sud-est, vers la Bourgogne et vers le Lyonnais. Les plateaux et les vallées de l’Auxerrois possédaient de précieuses ressources pour Paris, qu’il s’agisse de la pierre ou des vins. La rivière en facilitait l’expédition : la basse Bourgogne vit dès lors en symbiose étroite avec Paris, et Auxerre s’enrichit de cette association.

Mais le xixe siècle en montre la fragilité : la basse Bourgogne perd son rôle privilégié dans l’approvisionnement de Paris quand les canaux, puis les voies ferrées permettent à d’autres régions d’exporter vers la capitale. Les crises agraires précipitent l’émigration vers Paris, que préparent les liens anciens, cependant qu’Auxerre, délaissée par les voies ferrées importantes, cul-de-sac de la navigation, ne doit de garder quelque importance qu’à ses fonctions de préfecture, à son rôle de marché agricole et à quelques industries.

Le développement récent a été assez vigoureux ; il tient à la multiplication des services administratifs et aussi à un essor industriel certain, tout de même ralenti depuis quelques années. Auxerre se trouve en effet dans le cercle de 200 km de rayon à l’intérieur duquel les industries parisiennes s’installent le plus volontiers. L’autoroute A 6, qui passe à proximité immédiate, corrige le handicap qui naissait de la médiocrité ferroviaire. L’essor serait plus rapide même si l’on se trouvait ailleurs que dans ce secteur sud-est du Bassin parisien, qui fait encore figure de zone répulsive. La croissance a fait naître des quartiers de H. L. M. sur le coteau qui domine la ville à l’ouest, cependant que deux zones industrielles ont été créées en aval de la ville, de part et d’autre de l’Yonne.

Auxerre, ville d’art

Autricum à l’époque celtique, Autissiodurum après la conquête romaine, Auxerre devint vers le iiie s. une cité indépendante suffisamment importante pour être dotée d’un évêché. Saccagée par les Huns au ve s., puis par les Arabes au viiie, la ville avait au ixe s. des écoles réputées ; fortifiée trois cents ans plus tard par Pierre de Courtenay, elle n’en fut pas moins prise et pillée par les Anglais en 1358, ravagée par la guerre et la peste au xve s. avant son rattachement à la couronne de France en 1477.

L’église Saint-Germain s’élève sur l’emplacement d’une abbaye bâtie au vie s. et agrandie au ixe. La crypte remonte dans son ensemble à cette époque ; sa voûte en berceau repose sur des poutres de chêne elles-mêmes soutenues par de courtes colonnes gallo-romaines ; la partie orientale de la nef renferme de nombreux tombeaux, dont celui de saint Germain ; dans des lunettes analogues aux arcosolia des catacombes, de célèbres fresques du milieu du ixe s. représentent la vie de saint Étienne. Au xiiie s., on bâtit en avant de l’abside une rotonde voûtée d’ogives qui se trouve sous la chapelle axiale de l’église haute et d’où un escalier conduit à une seconde rotonde située sous la première. Il y a donc trois chapelles superposées, toutes trois éclairées directement grâce à la déclivité du terrain. L’église haute, très élancée, ne comprend plus que le chevet, le transept et l’ancien chœur des moines, reconstruits de 1277 à 1398 et dont certaines dispositions rappellent l’architecture de la cathédrale ; elle a un beau clocher roman isolé.