Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Auxerre (suite)

En 1215, l’évêque Guillaume de Seignelay fit abattre la cathédrale romane, qui succédait elle-même à un groupe épiscopal carolingien. La crypte en fut cependant conservée ; sa voûte est ornée d’une très rare représentation du Christ de l’Apocalypse, à cheval, tenant la verge de fer. Le chœur gothique et le déambulatoire de la cathédrale (ne comportant qu’une seule chapelle d’axe sur plan carré, précédée de deux colonnes isolées) sont très remarquables. On y voit une arcature rythmée de têtes humaines et une magnifique série de vitraux du xiiie s. La nef est plus tardive. Les trois portes de la façade occidentale présentent l’Histoire de saint Jean-Baptiste, le Jugement dernier, le Couronnement de la Vierge ; le soubassement montre de charmants reliefs du xive s. : David et Bethsabée, l’Histoire de la Genèse et l’Histoire du patriarche Joseph, mêlés à des souvenirs antiques. Le portail du croisillon sud est consacré à saint Étienne, patron de la cathédrale, celui du croisillon nord à l’Histoire de saint Germain, retracée à la fin du xive s. dans un style pittoresque et agité.

Le palais épiscopal, devenu préfecture, conserve l’ancien promenoir des évêques, galerie romane construite entre 1115 et 1136. L’église Saint-Eusèbe (clocher du xiie s., surmonté d’une flèche du xve ; nef de cinq travées, flanquée de bas-côtés ; chevet du xvie s.) possède un précieux tissu de soie dit « suaire de saint Germain », vraisemblablement issu des ateliers impériaux de Byzance. Conservant une tour flamboyante qui rappelle celle de la cathédrale, l’église Saint-Pierre a été édifiée en majeure partie entre 1536 et 1672 (façade classique très ornée).

On peut encore signaler : la tour de l’Horloge, élevée en 1483 sur le mur de l’enceinte gallo-romaine ; le bâtiment de l’ancien bailliage, construit en 1622, qui abrite la bibliothèque et le musée des Beaux-Arts, celui d’archéologie ayant trouvé asile dans l’ancienne et élégante chapelle des Visitandines (1714) ; enfin une sorte de Petit Trianon, élevé en 1768 pour le maréchal de Sparre. Les vieilles maisons du quartier de la Marine et divers hôtels particuliers achèvent de donner à Auxerre la calme physionomie provinciale exaltée par les poèmes de Marie Noël.

M. B.

P. C.

 C. Porée, la Cathédrale d’Auxerre (Laurens, 1927). / R. Louis, les Églises d’Auxerre des origines au xie s. (Clavreuil, 1953). / Auxerre (Zodiaque, La Pierre-Qui-Vire, 1963).

auxine

Substance élaborée par certains tissus des plantes et qui, en diffusant vers d’autres parties, en assure la croissance.



Découverte

Les observations de Darwin, en 1880, sur les réactions du coléoptile de Phalaris canadense à la lumière sont à l’origine des travaux sur les substances de croissance dénommées généralement auxines ou parfois hormones végétales. En effet, Darwin avait constaté que, lors de la germination, cette partie de la graine des monocotylédones, petit tube fermé qui contient la première feuille au tout début de la croissance, se courbait vers la lumière. Dans ses travaux (1910-1913), Boysen-Jensen précise que les coléoptiles intacts d’avoine se dirigent du côté d’où provient la lumière, mais qu’ils sont inertes lorsqu’on a procédé à l’ablation de leur sommet. Cette sensibilité apparaît de nouveau si l’on replace (normalement ou par-dessus une lamelle de gélose) la pointe sur le coléoptile coupé. Puis Arpád Paál (1889-1943), entre 1914 et 1919, suggère que la croissance du coléoptile serait due à une substance sécrétée par l’apex ; celle-ci pourrait diffuser à travers l’eau, la gélose et même s’accumuler dans ce dernier produit, mais elle est arrêtée par une lamelle de mica ou d’étain. Paál précise en outre que, si sur un coléoptile dont la pointe a été tronquée on place latéralement une extrémité de coléoptile, on voit se produire une bourbure comparable à celle qui est normalement provoquée par la pesanteur ou la lumière. Cette réaction est due à un allongement très net du côté où a été posée cette nouvelle pointe.

C’est surtout grâce aux travaux de Friedrich August Ferdinand Christiaan Went (1863-1935), aux Pays-Bas, en 1925-1930, que l’étude de l’action de ces substances a vraiment commencé. Went place des extrémités de coléoptiles d’avoine commune sur de la gélose en plaque et attend la diffusion pendant une heure environ. Cette plaque est ensuite découpée en petits blocs, qui sont placés sur des coléoptiles décapités deux fois de suite, de manière à épuiser la substance qui pourrait être propre à l’individu employé. Went obtient alors les mêmes résultats que lorsque l’on expérimente avec les apex. La sensibilité de la méthode est encore augmentée quand le coléoptile est, avant l’expérience, séparé de la graine à laquelle il appartient. En précisant exactement les conditions expérimentales (durée 90 minutes ; température 22 °C ; humidité relative 90 p. 100 ; obscurité), Went a pu constater que la déviation est proportionnelle à la dose d’auxine si l’angle est compris entre 4° et 20°. Ainsi, l’« unité-avoine » a pu être définie comme la quantité d’auxine qui, dans les conditions expérimentales ci-dessus définies, provoque une courbure de 10°.

Ce test de Went a permis de préciser la localisation des auxines dans la nature. Chez les végétaux supérieurs, celles-ci se trouvent surtout dans les tissus embryonnaires et en voie d’intense activité (bourgeons, boutons floraux, jeunes feuilles et cambiums) ainsi que dans les graines. Parmi les Cryptogames, ce seraient surtout les Champignons qui posséderaient le plus de substances actives. Ces dernières sont aussi retrouvées chez les animaux ; l’urine humaine en contient des quantités considérables. Les valeurs auxiniques (nombre d’unités-avoine par milligramme de matière sèche) seraient de 300 U.A. pour les pointes de coléoptiles, de 40 à 110 U.A. pour une culture de Rhizopus reflexus, de 35 U.A. pour la levure de boulangerie et de 2 400 U.A. dans l’urine humaine.