Auxerre (suite)
En 1215, l’évêque Guillaume de Seignelay fit abattre la cathédrale romane, qui succédait elle-même à un groupe épiscopal carolingien. La crypte en fut cependant conservée ; sa voûte est ornée d’une très rare représentation du Christ de l’Apocalypse, à cheval, tenant la verge de fer. Le chœur gothique et le déambulatoire de la cathédrale (ne comportant qu’une seule chapelle d’axe sur plan carré, précédée de deux colonnes isolées) sont très remarquables. On y voit une arcature rythmée de têtes humaines et une magnifique série de vitraux du xiiie s. La nef est plus tardive. Les trois portes de la façade occidentale présentent l’Histoire de saint Jean-Baptiste, le Jugement dernier, le Couronnement de la Vierge ; le soubassement montre de charmants reliefs du xive s. : David et Bethsabée, l’Histoire de la Genèse et l’Histoire du patriarche Joseph, mêlés à des souvenirs antiques. Le portail du croisillon sud est consacré à saint Étienne, patron de la cathédrale, celui du croisillon nord à l’Histoire de saint Germain, retracée à la fin du xive s. dans un style pittoresque et agité.
Le palais épiscopal, devenu préfecture, conserve l’ancien promenoir des évêques, galerie romane construite entre 1115 et 1136. L’église Saint-Eusèbe (clocher du xiie s., surmonté d’une flèche du xve ; nef de cinq travées, flanquée de bas-côtés ; chevet du xvie s.) possède un précieux tissu de soie dit « suaire de saint Germain », vraisemblablement issu des ateliers impériaux de Byzance. Conservant une tour flamboyante qui rappelle celle de la cathédrale, l’église Saint-Pierre a été édifiée en majeure partie entre 1536 et 1672 (façade classique très ornée).
On peut encore signaler : la tour de l’Horloge, élevée en 1483 sur le mur de l’enceinte gallo-romaine ; le bâtiment de l’ancien bailliage, construit en 1622, qui abrite la bibliothèque et le musée des Beaux-Arts, celui d’archéologie ayant trouvé asile dans l’ancienne et élégante chapelle des Visitandines (1714) ; enfin une sorte de Petit Trianon, élevé en 1768 pour le maréchal de Sparre. Les vieilles maisons du quartier de la Marine et divers hôtels particuliers achèvent de donner à Auxerre la calme physionomie provinciale exaltée par les poèmes de Marie Noël.
M. B.
P. C.
C. Porée, la Cathédrale d’Auxerre (Laurens, 1927). / R. Louis, les Églises d’Auxerre des origines au xie s. (Clavreuil, 1953). / Auxerre (Zodiaque, La Pierre-Qui-Vire, 1963).