Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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U. R. S. S. (Union des républiques socialistes soviétiques) (suite)

Hitler, après avoir remilitarisé la rive gauche du Rhin en 1936, réalise en mars 1938 l’Anschluss, le rattachement de l’Autriche à l’Allemagne. En septembre 1938, malgré les engagements antérieurs, Daladier, le président du Conseil français, et Chamberlain, le Premier ministre britannique, signent à Munich avec Hitler et Mussolini un accord qui cède les Sudètes à l’Allemagne. L’U. R. S. S. n’a pas même été informée de cet accord ; or, elle peut légitimement s’inquiéter et craindre que les Occidentaux veuillent détourner vers l’Est le flot hitlérien.

Le XVIIIe Congrès du parti communiste de l’U. R. S. S. se tient en mars 1939 dans cette situation internationale troublée et dangereuse. La terreur a diminué d’intensité après l’élimination d’Iejov, mais elle n’en subsiste pas moins. Dans son rapport, Staline reconnaît que des erreurs ont été commises, mais sans plus. Il critique la politique occidentale, qui laisse Hitler agir, et déclare qu’il n’entend pas tirer les marrons du feu pour les Occidentaux. On apprend, au début de mai, que Maksim Maksimovitch Litvinov (1876-1951), commissaire du peuple aux Affaires étrangères (et d’origine juive), a été remplacé par Molotov (Viatcheslav Mikhaïlovitch Skriabine, né en 1890).

L’U. R. S. S. se met ainsi en état de discuter avec Hitler, faute de pouvoir signer un accord satisfaisant pour elle avec, les Occidentaux. Les négociations avec les Français et les Anglais n’aboutissent à aucun résultat concret et traînent en longueur. C’est alors que Staline décide de traiter avec Hitler. Le 23 août 1939, Ribbentrop se rend à Moscou et signe avec Molotov un pacte de « non-agression » qui laisse les mains libres aux nazis pour occuper la Pologne et combattre les Occidentaux. L’U. R. S. S. détourne ainsi vers l’Ouest le flot hitlérien. Le pacte contient en outre des clauses secrètes qui permettent à l’U. R. S. S. et à l’Allemagne « de délimiter des sphères d’intérêt réciproques en Europe orientale ». La sphère d’intérêt soviétique comprend les États baltes (Lituanie, Estonie, Lettonie), la Finlande, la partie orientale de la Pologne et la Bessarabie, territoires qui appartenaient à l’Empire russe en 1917.

Lors de l’invasion par Hitler de la Pologne en septembre 1939, Staline fait entrer l’armée rouge dans la partie orientale du pays, celle-là même que la Pologne a prise à l’Union soviétique en 1921. Le 30 novembre 1939, une guerre commence entre la Finlande et l’U. R. S. S. qui se termine seulement le 12 mars 1940. La Finlande doit retirer ses troupes à 25 km au-delà de l’ancienne frontière. Français et Britanniques ont envisagé une action militaire contre l’U. R. S. S. au nord (par un débarquement à Petsamo) et au sud (par une expédition aéroportée contre Bakou et les puits de pétrole du Caucase).

En juin 1940, la Roumanie doit céder à l’U. R. S. S. la Bessarabie et la Bucovine du Nord, qui constituent en août la République socialiste soviétique de Moldavie. De même, les trois républiques baltes, Lettonie, Lituanie, Estonie, deviennent alors des républiques soviétiques incorporées à l’U. R. S. S.

La population soviétique s’est donc accrue depuis septembre 1939 de 21 835 000 personnes ; quatre nouvelles républiques soviétiques ont été constituées. Dans le même temps, les relations économiques entre l’Allemagne et l’U. R. S. S. se sont développées. Il peut sembler à la fin de 1940 que les relations germano-soviétiques sont au beau fixe et cependant, dès juillet 1940, Hitler fait préparer les plans d’invasion de l’U. R. S. S. et signe le 18 décembre 1940 l’ordonnance 21 qui prévoit l’opération Barbarossa, c’est-à-dire l’invasion de l’U. R. S. S. pour le 15 mai 1941.


L’U. R. S. S. en guerre (1941-1945)

En réalité, l’invasion nazie n’a lieu que dans la nuit du 21 au 22 juin 1941. L’U. R. S. S. est surprise par l’invasion, Staline n’ayant pas voulu tenir compte des renseignements que lui ont transmis ses services d’espionnage et les Anglo-Saxons. Le 14 juin, l’agence Tass a dénoncé toute rumeur prétendant qu’il y avait des difficultés dans les relations germano-soviétiques. Quelques heures après les débuts de l’invasion, le commissariat du peuple à la Défense continue à donner l’ordre de ne pas utiliser l’artillerie « pour ne pas provoquer les Allemands ». Or, l’armée rouge est très inférieure à la Wehrmacht sur le plan de l’armement ; elle manque de chars, d’avions et de canons.

Les premières semaines de la guerre sont catastrophiques : 1 200 avions sont détruits, la plupart au sol, dans les premiers jours de la guerre. En moins de quatre mois, les troupes hitlériennes ont occupé les États baltes, la Biélorussie, la plus grande partie de l’Ukraine, la Crimée — à l’exception de Sébastopol —, presque tous les territoires à l’ouest de Leningrad et de Moscou. Cependant, les troupes soviétiques réussissent à contenir les troupes hitlériennes dans les faubourgs de Leningrad et aux portes de Moscou, après des combats d’une violence inouïe qui font de part et d’autre des millions de morts.

Ainsi, les plans hitlériens sont tenus en échec. Loin de s’effondrer, le régime soviétique, après la catastrophe des premières semaines, réussit à se ressaisir. Les Allemands trouvent devant eux une « terre brûlée » ou déserte ; des milliers d’entreprises peuvent être démontées en quelques semaines et expédiées vers l’Oural (et au-delà) pour être reconstruites et devenir les centres vitaux de la production de guerre soviétique. Cependant, la contre-offensive soviétique de l’hiver 1941-42 n’obtient que des résultats limités.

De juin 1941 à juin 1944, les Soviétiques supportent le poids principal de la guerre contre Hitler. Certes, les États-Unis déclarent la guerre à l’Allemagne après Pearl Harbor en décembre 1941, mais, jusqu’à l’ouverture du « second front », le 6 juin 1944, les Britanniques et les Américains se contentent d’opérations en Méditerranée (débarquement en Afrique du Nord, puis en Italie) qui ne retiennent qu’une faible partie des troupes allemandes.