Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Autriche (suite)

• La forêt. Elle joue un rôle considérable, tant sur le plan de la conservation des paysages que sur le plan économique. Elle contribue au pittoresque des paysages, à l’attraction, tant des Alpes que des montagnes moyennes (Mühlviertel, Waldviertel). Le Wienerwald a joué un rôle considérable dans l’élaboration de la civilisation viennoise. Le terme de Sommerfrische (littéralement « fraîcheur d’été » et, par extension, « tourisme ») est né à Vienne, au profit des forêts voisines. Accrochée aux versants, la forêt évite les dégâts de l’érosion. Dans le domaine économique, elle sert à des usages multiples : fabrication de l’essence de térébenthine, huiles, vernis, papier, panneaux, meubles, jouets, etc. Les deux tiers de la forêt (2,1 sur 3,3 millions d’hectares) sont propriété paysanne. Les provinces et l’État en possèdent un peu moins de 600 000 ha. L’Église en possède 110 000 ha ; le reste appartient à des collectivités. Au Tyrol, la forêt est utilisée comme pâturage (Waldweide). La propriété forestière paysanne joue un rôle économique et social important. Dans les régions de montagnes, le paysan vit en quasi-symbiose avec la forêt, dont il tire les matériaux de construction et de chauffage.

En conclusion, on peut affirmer que, dans l’ensemble, le bilan agricole est favorable malgré la rudesse des conditions naturelles. L’agriculture autrichienne arrive à satisfaire 90 p. 100 des besoins alimentaires de base du pays.


L’Autriche et le monde extérieur

Au temps de l’Empire, l’Autriche était située au centre d’un ensemble ethnique varié qu’elle dominait politiquement. La langue allemande, de ce fait, était devenue la langue véhiculaire de l’Europe centrale. Vienne a déterminé bien des modes de vie de la civilisation contemporaine : jusqu’à la fin du siècle dernier, elle éclipsait Berlin dans le monde germanique. Ce ne fut évidemment plus du tout le cas après la défaite et le démembrement, à partir de 1920.

Déjà les Romains avaient valorisé le carrefour viennois. Celui-ci facilite les relations vers l’est et l’ouest grâce à l’axe danubien. Mais la ville est aussi située sur la route qui mène de la Méditerranée vers les pays tchèques. Le cosmopolitisme viennois est le résultat de cette situation de contact. C’est l’essence de la géographie autrichienne. Le traité de 1955 imposa la neutralité à l’Autriche. Celle-ci risquait alors de devenir une espèce de « finistère » continental. Conscients de ces risques, les gouvernements autrichiens se sont préoccupés d’empêcher un éventuel isolement. C’est pour cette raison que l’Autriche adhéra à l’A. E. L. E. (Association européenne de libre-échange). Une association à la C. E. E. serait compatible avec le traité de 1955. Le commerce extérieur illustre ces préoccupations. La part du commerce avec les pays de l’A. E. L. E. reste relativement modeste : 12 p. 100 pour les exportations et seulement 7 p. 100 pour les importations. La C. E. E., par contre, occupe une place dominante : plus de la moitié des exportations autrichiennes se dirigent vers l’Europe occidentale ; plus des deux tiers des importations autrichiennes sont en provenance de cette dernière. Le commerce extérieur reste déficitaire. Les importations sont couvertes par les exportations à raison d’environ 80 p. 100. Le bilan touristique très favorable permet d’équilibrer la balance de base. Environ 15 p. 100 des exportations autrichiennes vont vers les pays de l’Est, alors que seulement 10 p. 100 des importations en proviennent. Le commerce avec ces pays est traditionnellement excédentaire. Son importance relative montre la valeur de la situation géographique de l’Autriche. Celle-ci est considérablement intéressée par une amélioration des rapports Est-Ouest. Au cours des dernières années, de nombreuses firmes étrangères (américaines et ouest-allemandes) se sont installées dans le pays, espérant profiter de la situation originale, afin de commercer avec les pays socialistes tout proches. L’étude de la structure du commerce extérieur montre que l’Autriche achète de plus en plus de matières premières et vend de plus en plus de produits finis ou semi-finis, ce qui traduit l’industrialisation du pays. L’étroitesse du marché national interdit le développement de toutes les gammes de production. Par là, le pays reste l’obligé d’autres puissances économiques, et notamment de l’Allemagne occidentale. Son intérêt est donc de se spécialiser dans certaines productions de valeur qui lui assurent des débouchés mondiaux.

Le Danube autrichien

Cette magnifique voie fluviale qui prend en écharpe l’Europe centrale et balkanique a été négligée jusque-là ; son utilisation a été rendue difficile par le morcellement politique consécutif au démembrement de l’Empire. Depuis 1945, cependant, de grands travaux sont entrepris en Autriche et en Allemagne fédérale. Les grands barrages sont flanqués d’écluses qui permettent le passage des péniches de gabarit rhénan. Au xixe s., la fréquentation du fleuve avait suscité de grands espoirs. La navigation moderne fut inaugurée en 1830 grâce à la Donau-Dampfschiffahrtsgesellschaft. Le trafic des passagers atteignait 2 millions de personnes avant 1914. Le démembrement de 1919 et la défaite de 1945 portèrent un rude coup au trafic renaissant ; l’U. R. S. S. confisqua les biens de la compagnie, que l’Autriche dut racheter en 1955. La navigation a repris depuis. Environ 300 bateaux appartiennent à la compagnie, qui a été reconstituée ; près de 12 000 bateaux circulent sur le trajet autrichien. Pavillons socialistes et capitalistes se croisent sur les eaux internationalisées. Le trafic amont l’emporte avec près de 4 Mt (le trafic aval porte sur presque 3 Mt). Les importations concernent les matières premières : charbon, coke, minerais, dont la bauxite de Hongrie. Le trafic du port de Linz s’élève à 3,1 Mt, et celui de Vienne à 2,6 Mt seulement. La navigation danubienne semble entrée dans un nouveau stade avec le développement des relations avec l’Allemagne occidentale. L’aménagement du Danube bavarois et la jonction de ce dernier avec le Main permettront dans quelques années de passer du Danube au Rhin sans rupture de charge.