Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Autriche (suite)

Une agriculture diversifiée

• Les régions. Des montagnes alpines aux plaines viennoises, l’agriculture présente bien des aspects particuliers. Les aspects régionaux découlent aussi bien des conditions de relief et de climat que des facteurs historiques de la mise en valeur. Pour le touriste qui ne dépasse guère le Tyrol ou les Alpes de Carinthie, même pour celui qui consent à « pousser » jusqu’à Vienne, le domaine agricole autrichien peut paraître médiocre. Pourtant, le bassin de Vienne avec ses plaines et collines de lœss est un véritable grenier à grain. Les coteaux recouverts de vignes ajoutent à la richesse agricole de la Basse-Autriche et du Burgenland. L’importance du domaine montagnard explique l’extension de la forêt (37 p. 100 du territoire). Les terres arables, jardins et vignes compris, occupent seulement 21,3 p. 100 du pays ; prairies et alpages totalisent 28,8 p. 100 de la superficie. Ainsi, l’agriculture dispose d’une étendue peu considérable. Les chiffres globaux, cependant, masquent de nombreuses nuances régionales. Le territoire exploitable par l’agriculture ne couvre que 38,9 p. 100 de la superficie au Tyrol, mais 53,2 p. 100 au Vorarlberg, 53,4 p. 100 en Haute-Autriche, 56,1 p. 100 en Basse-Autriche et 60,6 p. 100 dans le Burgenland. Styrie et Carinthie sont des provinces boisées avec 52 et 45 p. 100 de leur superficie en forêts.

• L’habitat. La médiocrité de l’étendue du territoire agricole ne doit pas masquer l’intensité de la vie agricole. Champs et prés, abstraction faite des alpages (les Almen), montent haut dans les montagnes. Par l’intensité de la vie agricole et les paysages soignés, l’agriculture est caractéristique des pays germaniques. L’habitat rural est diversifié et reflète les modalités de colonisation. La dispersion de l’habitat, en hameaux et fermes, marque les provinces alpines. La vie moderne incite sans doute à un certain groupement. L’obligation de réserver des terrains pour le ski entraîne la concentration des maisons là où prévalait jadis la dispersion. Dans le Mühlviertel et le Waldviertel, sur les hautes surfaces du massif ancien, le groupement en village est un héritage de la colonisation germanique médiévale.

• Les exploitations. Sur un total de 402 000 exploitations agricoles, 203 000 étaient à temps complet en 1960. Si le premier chiffre a considérablement diminué depuis, le second, lui, est resté à peu près stable. La taille moyenne des exploitations a tendance à croître ; elle est de 48 ha dans la province de Salzbourg, de 45 ha en Carinthie, de 41 ha au Tyrol et d’une vingtaine d’hectares dans les autres provinces. Ces moyennes varient avec le type de cultures. La viticulture abaisse la moyenne en Basse-Autriche. Par contre, l’exploitation des alpages l’augmente dans les Alpes. La Haute-Autriche rappelle la situation des moyennes montagnes germaniques. Des exploitations à temps complet d’une étendue de 20 à 25 ha y paraissent parfaitement viables. La Basse-Autriche est caractérisée par la juxtaposition de la très grande et de la très petite propriété. La première se spécialise dans la céréaliculture et la culture betteravière (à sucre). La seconde, pour survivre, s’est orientée vers les cultures intensives comme l’arboriculture ou la viticulture. Le Burgenland présente une situation voisine de celle de la Basse-Autriche.

• La viticulture. La vigne couvre 46 000 ha, dont 40 200 sont en rapport. La Basse-Autriche, avec 28 000 ha, en détient l’essentiel. Les versants des vallées au nord et au sud de Vienne ainsi que les bords du Danube et les environs immédiats de la capitale ont été marqués par cette culture. Les anciens villages viticoles situés à l’ouest de Vienne ont été absorbés par l’urbanisation, mais les Weinstuben (tavernes) et l’habitat vigneron (si ce n’est la survivance d’une parcelle de vigne en pleine banlieue) rappellent aux touristes le passé viticole des actuels faubourgs. La viticulture fut encouragée par les abbayes et les monastères. La proximité du marché viennois fut un stimulant décisif. Le vignoble n’est cependant pas sans problèmes. La crise du phylloxéra a été surmontée. Les aléas météorologiques, toutefois, se répercutent à travers l’irrégularité des rendements. Les fortes oscillations de prix qui en découlent découragent les producteurs. Et le développement industriel de l’agglomération viennoise rend la main-d’œuvre plus rare et plus exigeante.

• Les principales autres cultures et l’élevage. La place de la Basse-Autriche est, à tout point de vue, déterminante. Sur 1,5 million d’hectares de labours pour l’ensemble du pays, cette province en compte 0,7, soit près de la moitié. Si le démembrement de l’Empire a fait perdre à l’Autriche ses régions industrielles, il lui a enlevé également une partie de ses zones d’approvisionnement en produits agricoles (Hongrie). Les transformations politiques ont également touché l’agriculture. La production de blé a doublé par rapport à l’avant-guerre (1,1 Mt en 1974). Les céréales secondaires (mis à part l’avoine) progressent également. Le maïs-grain conquiert de nouvelles étendues. Les facteurs écologiques lui sont favorables dans les provinces orientales. Si la surface consacrée aux betteraves sucrières reste relativement stable, les rendements à l’hectare ont presque doublé et la production de sucre a plus que doublé (300 000 t en 1969). L’amélioration des rendements est en liaison avec la motorisation. On compte un tracteur pour 37 ha de surface agricole utile en 1967.

L’élevage se traduit inégalement dans le paysage. Pourtant c’est lui qui fournit presque partout l’essentiel des revenus paysans. La vocation herbagère du Vorarlberg et du Tyrol se marque par la prédominance des prés sur les labours. En Basse-Autriche, l’élevage se fait par stabulation. Les cultures fourragères y sont associées aux céréales. La Haute-Autriche arrive en tête avec 607 000 bovins, suivie de la Basse-Autriche et de la Styrie. Par rapport à l’avant-guerre, le nombre total de bovins a légèrement régressé. Mais ce recul a été largement compensé par l’augmentation moyenne du poids par bête ainsi que par l’amélioration des rendements laitiers. Le Tyrol, le Vorarlberg et la province de Salzbourg sont orientés vers la production de lait et de produits laitiers ; les autres provinces pratiquent d’une manière plus importante l’élevage pour la viande.

L’agriculture autrichienne n’échappe pas à l’évolution générale. Le nombre d’agriculteurs ne cesse de décliner (sans que l’exode rural soit inquiétant). La part des agriculteurs dans la population active est voisine de 18 p. 100, alors qu’elle dépassait 60 p. 100 au siècle dernier.