Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Autriche (suite)

Les principales activités industrielles

À l’époque impériale, l’industrie « autrichienne » se localisait dans les pays tchèques. Après le démembrement de l’Empire, l’industrialisation devint une exigence absolue ; l’indépendance du pays était à ce prix. La défaite et l’occupation de 1945 suscitèrent des conditions particulières. Le Parlement décida alors la nationalisation des principales industries. Le secteur pétrolier, la production d’électricité, les charbonnages, l’extraction des minerais, la sidérurgie, les fonderies de métaux et quelques branches de l’industrie chimique et électrique ainsi que de la fabrication de véhicules et de machines relèvent de la gestion de l’État fédéral. Propriété de la République, ces différentes activités sont gérées par la Chancellerie fédérale. L’essor industriel s’explique largement par les investissements d’État dans des secteurs de pointe. L’occupation russe, qui dura jusqu’en 1955, fut probablement déterminante dans le choix des nationalisations, qui firent tomber les préjugés politiques à l’égard de la République. Par ailleurs, la mainmise de l’Allemagne, après l’Anschluss, sur les principaux secteurs industriels nécessitait en 1945 une solution urgente quant à la propriété des installations existantes. La rétrocession au secteur privé eût pu faire naître certaines craintes pour l’avenir de l’Autriche.

La volonté d’industrialisation du pays se heurte cependant à certaines difficultés. La moindre n’est pas la faiblesse de la population active. De 575 000 en 1956, le nombre des actifs industriels a passé à 571 000 en 1967. Plusieurs facteurs expliquent cette diminution : arrivée des classes creuses sur le marché du travail, dégagement d’effectifs dans les secteurs traditionnels (extraction du fer et sidérurgie), automation.

• Les productions. La sidérurgie est une activité ancienne en Styrie. Les roches primaires sont fortement minéralisées. L’Erzberg est le cœur du pays du fer ; l’extraction à ciel ouvert y donne 1,4 Mt de métal contenu. Jadis, la sidérurgie était liée à l’utilisation du bois des forêts styriennes. De nos jours, la sidérurgie s’est plus solidement installée dans la vallée de la Mur, grâce à l’existence de quelques gisements de charbon et aux facilités ferroviaires. Toutefois, le principal centre sidérurgique est Linz. Les transports fluviaux, les ressources en eau ainsi que les voies ferrées ont donné naissance à un complexe sidérurgique important (la production d’acier avoisine 2 Mt ; 5 Mt pour l’ensemble du pays). Mais la situation continentale renchérit les frais de transport. Minerais et coke doivent venir de loin.

Les industries de croissance sont les industries de main-d’œuvre. La construction de machines, les industries électriques et électroniques, la construction mécanique avec la construction de véhicules réunissent plus du tiers des actifs industriels. Technologiquement les plus avancées, ces industries sont le plus souvent localisées dans les grandes villes. Leur importance est soulignée par le fort pourcentage de produits exportés.

Le textile caractérise les régions rurales. Ses effectifs ont régressé de près d’un quart entre 1956 et 1967. Le Vorarlberg reste le centre de cette activité. La reconversion s’y fait au profit de l’industrie de la confection, qui, pendant la même période, a augmenté ses effectifs de 50 p. 100. Les industries alimentaires occupent près de 50 000 personnes. Elles sont le fait d’entreprises de moyenne importance, installées dans les villes (raffineries de sucre, chocolateries, biscuiteries, conserveries, etc.). Les brasseries concentrent près du cinquième des effectifs de cette branche.

• Les structures et les localisations. Trois traits caractérisent l’industrie : l’importance du secteur nationalisé (déjà évoquée) ; la prédominance des établissements de taille moyenne ; la dispersion géographique des activités.

On ne rencontre point de grandes concentrations industrielles de type allemand ou anglais. On compte près de 5 000 établissements industriels pour 571 000 travailleurs. Les établissements de plus de 500 salariés réunissent plus de 250 000 personnes ; ceux de 250 à 500 salariés environ 100 000 et ceux de 100 à 250, environ 100 000 également. En dehors de la sidérurgie, de la construction de véhicules (Steyr), de la production d’aluminium (Ranshofen traite la bauxite de Hongrie dans une usine moderne qui fournit environ 100 000 t par an), de la pétrochimie (à Schwechat, banlieue de Vienne), où la grosse unité de production est une nécessité technique, on se rend compte de la prédominance de la petite et de la moyenne entreprise. À une époque où la concentration devient une exigence de progrès, cette situation laisse entrevoir les besoins de restructuration, ne serait-ce que pour être compétitif sur les marchés extérieurs indispensables à l’Autriche. Les rares concentrations sont d’origine relativement récente (Vereinigte Österreichische Eisenund Stahlwerke, ou VÖEST, dans la sidérurgie).

Vienne constitue le premier centre industriel, avec un peu plus du quart des effectifs industriels. Il convient encore d’ajouter aux 154 000 travailleurs viennois une partie des 105 000 salariés industriels de la Basse-Autriche. Sankt Pölten ainsi que les centres urbains et industriels du sud de Vienne, jusqu’au-delà de Wiener Neustadt, gravitent autour de la capitale. On assiste à la constitution d’un ensemble industriel, dont le poids ne cesse de se renforcer. Construction de machines, industrie électrique, chimie (Schwechat), industries alimentaires (brasserie de Schwechat) forment l’essentiel des activités industrielles.

La seconde région industrielle est constituée par la Haute-Autriche. Les activités se groupent autour de Linz et de l’axe danubien. Au total, la province compte 110 000 travailleurs dans l’industrie. Le travail du fer fait de la Styrie une province où les activités industrielles reposent sur une vieille tradition, quoique la province ne compte que 91 000 ouvriers de l’industrie pour une population de 1,1 million de personnes. Par contre, le Burgenland, le Tyrol et la province de Salzbourg sont très peu industrialisés. Le tourisme et la vie agricole les marquent encore profondément.