Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Autriche (suite)

La natalité a connu un véritable renversement en l’espace d’un siècle. Le taux de la natalité était de 34,5 p. 1 000 au cours de la période 1871-1875, mais la mortalité était énorme, avoisinant 30 p. 1 000 et expliquait le faible croît démographique. Entre 1901 et 1905, la natalité est de 30,3 p. 1 000, mais la mortalité dépasse encore 20 p. 1 000. Ces chiffres expriment le retard de l’évolution démographique par rapport aux autres pays occidentaux, où la révolution industrielle a accéléré le rajeunissement. En 1914, la population autrichienne ne présentait pas le dynamisme de la population allemande.

La Première Guerre mondiale amène un véritable bouleversement, dont les effets se font encore sentir. Entre 1920 et 1930, la natalité descend en dessous de 20 p. 1 000. Elle atteint son point le plus bas en 1936, avec 12,8 p. 1 000. Ce chiffre illustre la grave crise d’entre les deux guerres. La reprise a été timide après 1945, exprimant par là le désarroi qui saisit le pays après la défaite et l’occupation militaire qui s’ensuivit. Le taux, qui était de 18,5 p. 1 000 en 1947, tombe à 17 p. 1 000 en 1957-58. Depuis, une légère reprise stabilise ce taux à environ 18 p. 1 000. Quant à la mortalité, elle a baissé considérablement, mais reste voisine de 12 p. 1 000. L’excédent naturel demeure donc faible, moindre que dans la plupart des pays voisins. Le rajeunissement est lent, lenteur préjudiciable pour l’avenir. Ainsi, alors que la population totale a augmenté de 350 000 personnes entre 1957 et 1967, la population active n’a cru que de 149 000.

L’urbanisation fait de rapides progrès, mais plus du quart des habitants vivent encore dans des communes de moins de 2 000 habitants ; une part égale habite des villes de 2 000 à 10 000 habitants. Les villes de 10 000 à 100 000 en abritent le huitième. À l’exclusion de Vienne, celles de plus de 100 000 habitants (Graz, Linz, Salzbourg, Innsbruck) ne réunissent que 9 p. 100 de la population. Par contre, Vienne concentre près du quart de la population totale.

La religion catholique est majoritaire, avec 89 p. 100 de la population (7 p. 100 de protestants). Sur le plan ethnique, la situation a bien évolué. Le cosmopolitisme autrichien et viennois appartient à l’Histoire. De la mosaïque de peuples qui formaient l’Empire il ne reste qu’une petite minorité slovène et hongroise établie dans le Burgenland (1 p. 100).


La vie économique


Le secteur énergétique

L’Autriche, comme les autres pays alpins, est pauvre en houille, et les quelques bassins de lignite sont de valeur médiocre. Leur production est aujourd’hui tombée au-dessous de 4 Mt, destinées essentiellement à la production d’électricité.

Sous l’Empire, l’Autriche s’approvisionnait en charbon dans les pays tchèques ; pendant l’Anschluss, dans le Reich allemand. Les courants commerciaux ont été profondément perturbés par les vicissitudes politiques. Le démembrement de l’Empire amena une révision totale de la politique économique et la mise en valeur des richesses du territoire autrichien. Le manque de houille entraîna une exploitation systématique du potentiel hydraulique ainsi que des réserves d’hydrocarbures.

• Le pétrole. On connaissait l’existence de gaz naturel depuis le milieu du xixe s. Mais la prospection et l’exploitation ne débutèrent pratiquement qu’entre les deux guerres, et, avant 1940, la production était minime (30 000 t par an). Les structures géologiques favorables du bassin de Vienne avaient suscité un intérêt grandissant de la part des sociétés pétrolières internationales, mais, avec l’Anschluss, l’exploitation se fit au profit du Reich. Le ravitaillement de l’armée nazie opérant dans les territoires de l’Est fut un stimulant. L’effondrement de l’Allemagne, en 1945, entraîna la confiscation, par l’occupant russe, des biens des compagnies pétrolières au titre des « biens allemands ». La signature du traité d’État en 1955 permit de normaliser la situation. L’U. R. S. S., en échange de la fourniture de certaines quantités de pétrole, rendit l’exploitation au gouvernement autrichien. La production s’élève à 2,2 Mt, après avoir dépassé 3 Mt. Il faut y ajouter la production de gaz naturel, qui dépasse 2 milliards de mètres cubes par an. L’organisme exploitant le pétrole relève de l’État : Österreichische Mineralölverwaltung. La production nationale d’hydrocarbures garantit une partie de l’autonomie énergétique du pays.

• L’hydro-électricité. L’énergie hydraulique est une des principales richesses du pays. Le manque de capitaux a longtemps freiné l’essor de l’hydro-électricité. Une véritable politique énergétique fut mise en œuvre après 1945, mais surtout après 1955. Des emprunts dits « emprunts de l’énergie » collectèrent l’épargne. Du fait de l’occupation soviétique, on favorisa surtout les régions alpines occidentales. Les évaluations de la production potentielle se chiffrent à 40 TWh (en fait, la production réelle avoisine seulement 20 TWh).

La puissance installée a pratiquement doublé entre 1956 et 1967, passant de 2 200 à 4 300 MW. Le régime des cours d’eau alpins, par le creux hivernal, oblige à faire appel à la production thermique (la puissance installée ici a plus que doublé entre 1956 et 1967 [de 900 à 2 100 MW]). L’électricité d’origine hydraulique fournit plus des deux tiers de l’électricité totale (30 TWh en 1970 et 11 TWh en 1955), montrant le rôle capital que jouent les Alpes dans le domaine énergétique. Les principales installations sont naturellement alpines : centrales sur l’Ill (Vorarlberg), d’Achensee et de Gerlos (Tyrol), de Reisseck (Carinthie) et de Kaprun (Salzbourg). Des usines de basse chute équipent l’Enns, la Mur, la Drave et la Kamp. L’aménagement du Danube est plus récent. L’axe fluvial est aménagé dans un doublé but de production d’énergie et d’amélioration de la navigation. L’ouvrage de Jochenstein (0,92 TWh) a été construit en collaboration avec le gouvernement de la Bavière. L’usine d’Ybbs-Persenbeug produit 1,2 TWh ; celle d’Aschach, en amont de Linz, atteint 1,7 TWh. Le bilan de l’énergie électrique est nettement favorable. Les exportations ne cessent de croître, passant de 2,5 à 5,5 TWh entre 1956 et 1967. À côté de la rentrée de devises, ce bilan laisse entrevoir d’importantes possibilités d’industrialisation du pays. Toutefois, celui-ci reste importateur de charbon et de coke (3,7 Mt de charbon et 1 Mt de coke). Le développement industriel entraîne la croissance de la consommation de produits pétroliers. Le prolongement du pipe-line de l’« Amitié » de Kouïbychev à Bratislava jusqu’à Vienne est envisagé. Mais sa réalisation se heurte à des considérations politiques : l’Autriche risquerait d’être trop dépendante d’un seul pays producteur de pétrole. Ainsi, la situation énergétique a été considérablement améliorée par rapport à l’avant-guerre, sans être, toutefois, pleinement satisfaisante.