Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

tropicales (cultures) (suite)

Les plantes tropicales cultivées


Les plantes alimentaires

Elles peuvent, dans les régions tropicales, être réparties en trois catégories : Céréales* (Riz, Maïs, Sorgho, Mil et, très secondairement, Blé, Éleusine, Fonio, Coïx), plantes féculentes de grande culture, essentiellement à tubercules (Manioc, Ignames, Patates, Taros, Macabos et aussi le Bananier plantain), et légumes.


Manioc

(Manihot esculenta, famille des Euphorbiacées.)

Originaire de l’Amérique latine (nord-est du Brésil), où ses racines étaient consommées traditionnellement, le Manioc se répandit dans toutes les régions tropicales à partir du xvie s. du fait de sa facilité de culture et de la faible emprise du parasitisme.

C’est un arbrisseau dont les racines, tubérisées, de 20 à 60 cm de long et de 5 à 15 cm de diamètre, comportent trois parties : écorce externe (0,5 p. 100 du poids total), écorce interne (de 8 à 15 p. 100), cylindre central (de 83 à 91,5 p. 100), partie essentielle contenant 36 p. 100 (MF) de fécule, cette teneur variant avec les variétés et l’âge de la plante.

De très nombreuses variétés clonales se distinguent par leur productivité, leur cycle végétatif (de 4 mois à 2 ans), leur rapport racines/bois (de 0,8 à 1,3), leur résistance aux maladies et leur teneur en manihotoxine : l’acide cyanhydrique en dérivant (0,013 p. 100 en moyenne) rend les variétés plus ou moins amères ou douces.

Les conditions écologiques optimales sont les suivantes : de 25 à 32 °C (pas de gel) et 1 200 mm de pluies (mais le Manioc peut supporter de 6 à 7 mois de sécheresse et seulement 600 mm de pluies). Le Manioc, qui a besoin d’un bon ensoleillement, est peu exigeant au point de vue du sol, mais il craint les sols lourds et humides. Une récolte de 10 t exporte de 18 à 20 kg de N, 10 kg de P2O5, de 25 à 50 kg de K2O. La fumure potassique est la plus importante.

Après labour profond, la plantation est faite généralement en début de saison des pluies, à plat, en planches ou surtout en billons (en climat humide) ; les boutures sont prélevées sur la partie médiane des tiges bien aoutées. Les désherbages doivent être répétés. La récolte est faite à partir du sixième mois pour les variétés servant à l’alimentation et jusqu’à 2 ans pour celles qui sont destinées à la féculerie. Après sectionnement de la tige au-dessus du sol, on effectue l’arrachage à la houe, à la charrue ou à la souleveuse.

Maladies : ce sont la mosaïque (virose) et la pourriture bactérienne.

Rendement mondial : 9,1 t/ha (cultures vivrières : de 6 à 15 t/ha ; cultures industrielles : de 20 à 50 t/ha).

Production mondiale (en 1975) : 105 Mt (Afrique, 44 ; Amérique du Sud, 31 ; Asie, 29).

Utilisation : aliment glucidique carencé en protéines ; cuisson sous la cendre ou dans l’eau après épluchage ; préparation de la farine par rouissage et broyage, du couac et du gari par râpage ; pression et cuisson ; extraction industrielle de la fécule par pelage, râpage et sédimentation pour utilisation directe ou préparation du tapioca (gélification par cuisson) ; préparation de bouchons, de cossettes et de farine pour le bétail.


Ignames

Il s’agit de plusieurs espèces de la famille des Dioscoréacées originaires d’Asie (Dioscorea alata, D. esculenta, D. bulbifera), d’Afrique (D. cayennensis, D. rotundata, D. dunetorum) et d’Amérique (D. trifida).

Ce sont des plantes annuelles polymorphes à tiges volubiles ; les tubercules, lobés ou fasciculés, sont de formes et de dimensions très variables selon les espèces (jusqu’à 1 m de long et 15 kg). La partie comestible représente 86 p. 100 et contient 23 p. 100 (MF) de glucides ; il y a présence fréquente de dioscoréine toxique.

Les conditions écologiques les meilleures sont une température de 23 à 25 °C, une pluviométrie supérieure à 1 500 mm, des sols riches surtout en K2O et meubles. La multiplication s’effectue par fragments de tubercules, parfois par bulbilles (D. bulbifera), en buttes ; le tuteurage est souvent nécessaire. La culture demande un apport de fumier de ferme ou de fumure minérale surtout potassique. Selon les espèces le cycle végétatif est de 7 à 12 mois ; il y a parfois deux récoltes par an (D. cayennensis). Les Ignames sont en association fréquente avec le Maïs.

Rendement mondial : 9,6 t/ha.

Production mondiale (en 1975) : 20 Mt (presque totalement en Afrique).

Utilisation : aliment glucidique à faible teneur en protéines, consommé directement après épluchage et cuisson.


Patate douce

(Ipomea batatas, famille des Convolvulacées.)

Cette plante annuelle est plastique au point de vue écologique ; elle demande de l’humidité en début de végétation. La multiplication se fait par bouture. En 1975, le rendement moyen mondial était de 9,2 t/ha, et la production totale de 137 Mt (126 en Asie).


Taros et Macabos

Ces plantes des zones équatoriales (famille des Aroïdées) appartiennent à plusieurs espèces de deux genres : Colocasia antiquorum, C. esculenta, Xanthosoma sagitifolium, X. afaffa, etc. Les tubercules sont récoltés à partir du septième mois.

Production mondiale : 5 Mt (Afrique 3,6).


Arrow-Root

Il s’agit de fécules extraites des tubercules de diverses plantes : Maranta arundinacea, M. cannaedulis, Tacca pinatifida.


Bananier plantain

Les fruits de l’espèce Musa paradisiaca sont consommés comme légumes féculents, surtout en Afrique.


Légumineuses

Il en existe de très nombreuses espèces, particulièrement importantes pour l’alimentation dans les régions tropicales du fait de la haute teneur des graines en protéines (de 20 à 40 p. 100 MS). Outre l’Arachide, il faut citer : en Afrique, le Niébé (Vigna catyang ou sinensis, var. unguiculata, associé aux Céréales), l’Ossonguo (Dolichos Lablab), le Pois d’Angola (Cajanus indicus), le Haricot de Madagascar (Phaseolus lunatus), le Voandzou (Voandzeia subterranea) ; en Asie, le Soja* (Glycine max), qui a 38 p. 100 de protéines et qui est l’objet de cultures industrielles, et le Mungo (Phaseolus radiatus).