Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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tropicales (cultures) (suite)

La fumure d’entretien permet de compenser les exportations d’éléments fertilisants consécutives aux récoltes — d’autant plus élevées que les rendements atteints sont plus forts —, au lessivage, au ruissellement et à l’érosion : à cet effet, on emploie des engrais minéraux phosphatés (de plus en plus produits dans les régions tropicales), potassiques, calciques et magnésiens ; en ce qui concerne l’azote, outre les engrais minéraux, il est possible d’avoir recours soit à des engrais organiques (fumier de ferme exigeant bétail et litières, composts), soit aux engrais verts, très utilisés en plantations industrielles.

• Le travail du sol. Largement pratiqué en culture industrielle, traditionnel dans les régions tropicales d’Asie et de l’Amérique du Sud en culture permanente paysanne, il a été longtemps contesté en Afrique ; en fait, il est bénéfique à condition que ses modalités soient parfaitement mises au point, surtout en climat tropical sec (labour de fin de cycle). Cependant, il pose le problème de la traction : la culture attelée exige l’entretien d’animaux de trait, souvent difficile à réaliser ; la culture motorisée est d’un prix de revient élevé en culture paysanne ; d’où l’adoption des travaux à façon (ou collectifs) et l’extension des motoculteurs.

• Conservation du sol. La lutte contre l’érosion (et le ruissellement) et le lessivage peut être réalisée soit par des façons culturales telles que labour en courbes de niveau, culture en bandes selon ces mêmes courbes, couverture vivante (par plantes de couverture) ou morte (mulching ou paillage, bandes plastiques, etc.), soit par des travaux de terrassement (terrasses, construction de digues, de diguettes, de fosses aveugles et de rigoles d’évacuation). L’adoption des successions culturales bien étudiées constitue un adjuvant efficace contre l’érosion.


Action sur les disponibilités en eau

C’est tout le problème de l’irrigation et de son complément obligatoire : le drainage. En région tropicale, il s’agit surtout de fournir des quantités d’eau permettant de suppléer aux insuffisances et aux irrégularités des pluies ou des cours d’eau. De très grands aménagements hydrauliques ont été exécutés ou sont prévus. Mais on doit tirer parti de bien d’autres possibilités, en particulier grâce à l’utilisation des eaux fluviales par pompage, des nappes phréatiques par pompage ou par puits, des eaux pluviales par stockage dans des réservoirs. Les eaux ainsi rendues disponibles doivent être utilisées avec un souci maximal d’économie et avec le plus de précision possible : les systèmes à la raie, par siphon, par aspersion, et au goutte à goutte sont recommandés. D’autre part, un soin particulier doit être apporté à la réalisation, à l’entretien et à l’utilisation des réseaux secondaires et tertiaires d’irrigation : d’où l’importance des mesures techniques à adopter et de la formation des utilisateurs selon une discipline très stricte ; les techniques culturales doivent être adaptées. Enfin, dans les zones soumises à de très fortes sécheresses, il faut stocker, conserver et utiliser au mieux les eaux du sol : le travail du sol, la fumure et l’emploi de variétés à court cycle permettent des résultats exceptionnels.


Action sur le matériel végétal

En culture industrielle, les travaux d’amélioration variétale ont permis d’accroître les rendements de façon considérable, en les triplant ou en les quadruplant au moins ; les liaisons étroites entre les instituts de recherches spécialisés et les sociétés de plantation ont aidé à l’adoption de ce matériel végétal amélioré.

En culture traditionnelle, l’amélioration variétale étant limitée du fait du milieu et des conditions médiocres de culture, la rusticité restait la qualité maîtresse. Il en va différemment avec les mesures envisagées d’accroissement de la fertilité des sols : la « révolution verte » ; les variétés offertes aux cultivateurs tropicaux sont à haute productivité, bonnes utilisatrices d’engrais, généralement à court cycle végétatif, naines et résistantes aux maladies (Riz, Maïs, Blé). Leur mise à la disposition des cultivateurs exige l’organisation du contrôle et de la diffusion des semences.


Techniques culturales

En culture industrielle, les techniques mises en œuvre sont déjà très élaborées : mise en germoir et en pépinière, modes de transplantation, greffage, bouturage, ombrage, emploi de brise-vent, etc. Des progrès considérables doivent être accomplis à ce sujet en culture paysanne.


Lutte phytosanitaire

L’intensification de l’agriculture tropicale et l’accroissement des rendements déterminent infailliblement l’extension des maladies, la multiplication des prédateurs et l’envahissement par les adventices. En culture paysanne, les moyens mis en œuvre sous les tropiques mettent l’accent sur les procédés ne faisant appel qu’à des techniques simples — désinfection des semences, désherbage mécanique par exemple — ou ne demandant aux cultivateurs aucun effort particulier : il s’agit essentiellement de la création et de la diffusion des variétés résistantes ou de la mise au point de la lutte biologique. La conservation et le stockage des denrées tropicales font l’objet de mesures aussi bien phytosanitaires que technologiques.


Traitement et transformation des produits récoltés

L’amélioration se fait selon une double tendance : transfert de plus en plus prononcé des industries de préparation et surtout des industries de transformation des anciennes métropoles vers les pays tropicaux producteurs ; utilisation des produits et sous-produits agricoles par les industries locales.


Aspects et contraintes socio-économiques de l’intensification

En production industrielle, on recherche la réduction des prix de revient par l’accroissement des rendements et par la diminution des frais de production.

En production paysanne, le problème est beaucoup plus complexe ; la motivation des cultivateurs ne peut être le fait des autorités gouvernementales et administratives ; les critères de simple rentabilité doivent être élargis pour que les cultivateurs y trouvent un intérêt incontestable ; l’adoption des thèmes correspondant à la culture intensive plus qu’à la culture semi-intensive répond généralement à cet objectif, mais cela exige évidemment un effort financier de la collectivité.

Mais il est certain que, même dans ce cas, l’intensification ne peut être pleinement réalisée qu’avec l’appui d’un encadrement technique extrêmement dense, et à la condition impérative que les prix des matières premières d’origine tropicale soient suffisants, et que le marché mondial de ces produits soit organisé.

A. A.

➙ Agriculture / Développement économique / Eau / Érosion / Tropical (relief).