Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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tropicales (cultures) (suite)

Milieu humain

Les populations des régions tropicales sont encore rurales pour la plus grande part. En outre, si certaines régions d’Asie et d’Extrême-Orient ont une très forte densité de population rurale, d’autres, au contraire (Afrique notamment), sont caractérisées par une très faible densité. D’où, en première analyse, une production agricole insuffisante par habitant dans le premier cas, et une impossibilité de mise en valeur de surfaces suffisantes dans le second cas. Partagé entre la nécessité de produire des denrées commercialisables et celle de fournir des denrées d’autoconsommation — alimentaire en particulier —, l’agriculteur des régions tropicales est généralement insuffisamment nourri ou mal nourri (déséquilibre de la ration par insuffisance généralisée de protéines). Cette malnutrition détermine, concurremment avec le développement des grandes maladies et endémies tropicales (paludisme, fièvre jaune, maladie du sommeil, etc.), un état sanitaire souvent médiocre, cause d’une réduction des capacités physiques et même intellectuelles des populations rurales. Enfin, la faible productivité agricole du milieu et des Hommes réduit les possibilités économiques de ceux-ci, tandis que leur niveau d’éducation technique est encore bien souvent insuffisant pour permettre l’intensification de la production.

En dehors de la cueillette et de la protoculture (caractérisée par certains soins donnés aux végétaux sauvages que l’on récolte), pratiquées sporadiquement, mais encore très largement en honneur, les systèmes culturaux sont, sous les tropiques, de deux types : systèmes traditionnels et systèmes intensifs.


Les systèmes traditionnels de culture

Ils sont eux-mêmes de plusieurs types.


Culture itinérante (ou nomadisme cultural)

Elle est caractérisée par la succession, sur un même terrain, d’une phase culturale comportant pendant quelques années une rotation de plusieurs cultures, et d’une phase de jachère plus ou moins longue, permettant la reconstitution de la fertilité du sol. Mais ce système, encore pratiqué très largement en Afrique et en Amérique du Sud, mais seulement par place en Asie, ne peut augmenter la fertilité initiale du sol ; en l’absence de tout apport de fumure et les pratiques culturales étant sommaires, il n’est possible d’obtenir que de faibles rendements ; encore cette production ne peut-elle se maintenir que si l’équilibre phase culturale-phase de jachère n’est pas rompu par la tendance normale d’étendre les cultures au détriment des surfaces en jachère pour accroître la production commerciale sable ou pour satisfaire aux besoins d’une population en constant accroissement.


Cultures permanentes (dites « primitives »)

La permanence des successions culturales n’est possible que grâce au maintien de la fertilité du sol et à sa conservation au moyen d’une exploitation par les systèmes racinaires des différentes couches du sol et par l’utilisation de techniques culturales suffisantes.

• La culture aquatique des rizières. Elle est pratiquée sur des sols submergés périodiquement par des eaux de crue riches en limon et en éléments fertilisants.

• La culture de décrue (Maïs, Sorgho, Mil, Riz, Coton, etc.). Elle est établie sur des sols comparables aux précédents, après émersion des terres lors de la décrue.

• La culture de jardins. Culture de « case », elle est pratiquée aux emplacements de rassemblement des troupeaux.

• Plantations semi-forestières de Caféier, de Cacaoyer et de Palmier à huile. Les rendements diminuent rapidement du fait du non-apport de fumure et du manque d’entretien.


Les systèmes intensifs ou semi-intensifs de culture

Ce sont ceux qui sont adoptés de longue date en matière de production agricole industrielle, notamment dans les plantations capitalistes, d’État ou de gestion collective (Hévéa, Cocotier, Palmier à huile, Caféier, Cacaoyer, Théier, Bananier, Canne à sucre, etc.). Les capitaux investis et les disponibilités financières nécessaires permettent la mise en œuvre des techniques culturales (et du matériel) les plus adéquates, l’apport voulu des engrais, des pesticides et de tous produits souhaitables, la formation des cadres, des techniciens et de la main-d’œuvre qualifiés, ainsi que le traitement des produits récoltés en vue de leur commercialisation. Le plus souvent, de telles exploitations sont établies dans les conditions les plus appropriées de climat — sur lequel il est difficile d’intervenir — et dans l’environnement le plus favorable au point de vue économique : proximité de ports et facilité de transport, disponibilité suffisante en main-d’œuvre, etc.

Les productions non industrielles, et plus particulièrement les productions vivrières, sont très largement répandues, mais dispersées et plus ou moins adaptées aux conditions de milieu dans lesquelles elles sont installées ; l’accroissement obligatoire de ces productions exige l’évolution et l’intensification des systèmes traditionnels par des interventions techniques et socio-économiques intégrées.

Les organismes de recherche agronomique effectuent inlassablement les études, les travaux et les mises au point indispensables. L’intensification de la production agricole tropicale exige des actions sur les divers facteurs de cette production.


Action sur le sol

Une pleine utilisation des sols tropicaux s’accompagne de l’abandon du nomadisme cultural, de la suppression ou de la transformation de la phase jachère et d’une fertilisation adéquate.

Sur le sol, trois catégories d’intervention sont possibles.

• Fertilisation. La reconstitution de la fertilité des sols carencés en certains éléments est réalisée grâce à l’apport d’une fumure de fond à fortes doses en éléments fertilisants : acide phosphorique, potassium. En ce qui concerne l’azote, il est indispensable de tenir compte des carences en cet élément lors de la fumure d’entretien. Cette fumure de fond est la condition nécessaire pour la mise en valeur de certains sols quasi stériles (tanety de Madagascar par exemple).