Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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transfusion (suite)

• Compatibilités transfusionnelles dans le système A. B. O. La règle fondamentale précise que c’est l’anticorps du receveur qui est dangereux. Par conséquent :
— un sujet O ne peut recevoir que du sang O ;
— un sujet A ne peut recevoir que du sang A ou O ;
— un sujet B ne peut recevoir que du sang B ou O ;
— un sujet AB peut recevoir du sang A, B, O, AB.

Ainsi, le groupe O est qualifié de donneur universel, et le groupe AB de receveur universel. Les donneurs dangereux possèdent dans leur sérum une agglutinine immune (généralement anti-A) dangereuse pour les hématies du receveur.

• Détermination des groupes sanguins. La détermination des agglutinogènes érythrocytaires (des érythrocytes ou hématies) s’effectue sur les globules rouges du sujet à l’aide de sérums — tests connus (anti-A, anti-B ou anti-AB). C’est la méthode de Beth-Vincent, la plus couramment employée. La détermination des agglutinines naturelles du sérum s’effectue à l’aide de globules rouges connus A et B sur le sérum du sujet : c’est la réaction de Simonin.


Système Rhésus

En 1940, Karl Landsteiner et Alexander Solomon Wiener, immunisant des lapins avec des globules rouges du singe Macacus rhesus, obtiennent un sérum de lapin antiglobules rouges de Rhésus qui agglutine non seulement les globules rouges de ce singe, mais aussi les hématies de 85 p. 100 de sujets humains. À la même époque, A. S. Wiener et H. R. Peters mettent en évidence, à la suite d’un accident transfusionnel, un anticorps ayant la même spécificité que le précédent (anti-Rh) et agglutinant les hématies de 85 p. 100 des sujets humains. En 1941, Philip Levine (né en 1900) retrouve l’agglutinine anti-Rh chez une femme venant d’accoucher d’un enfant atteint de maladie hémolytique. De cela, on déduit une première classification : sujets de groupe Rh positif (Rh+) [85 p. 100], dont les hématies, possédant l’antigène Rh standard (D), sont agglutinées par l’anti-Rh, et sujets de groupe Rh négatif (Rh–), dont les hématies, ne possédant pas l’antigène Rh, ne sont pas agglutinées par l’anti-Rh. Ultérieurement furent découverts d’autres antigènes du système Rh. Là encore, nous retrouvons une transmission héréditaire, comme pour le système A. B. O.

• Anticorps du système Rh. Contrairement aux agglutinines naturelles du système A. B. O., les agglutinines du système Rh sont immunes et correspondent aux antigènes qui leur ont donné naissance : ce sont des anticorps d’iso-immunisation prenant naissance soit après des transfusions de sang ayant apporté des antigènes à des sujets n’en possédant pas (cas du sujet Rh– à qui on injecte du sang Rh+ : il fabrique un anticorps anti-Rh), soit au cours de certaines grossesses (mère Rh négatif et enfant Rh positif : la mère fabrique un anticorps anti-Rh). Dans la majorité des cas, l’antigène en cause est l’antigène D.

La détermination des antigènes et des anticorps du groupe Rh se fait grâce à des sérums tests. Les agglutines immunes sont recherchées grâce au test de Coombs.


Techniques de la transfusion sanguine


Sang complet

Dans la majorité des cas, on transfuse du sang complet conservé. Le sang est prélevé par ponction au niveau d’une grosse veine du donneur et mis en présence d’un anticoagulant (type ACD : mélange d’acide citrique, de citrate de soude et de dextrose). Le groupe est vérifié, et le sang est placé au réfrigérateur à la température de 2 à 4 °C. Il peut ainsi se conserver une vingtaine de jours sans voir ses qualités s’altérer, sauf en ce qui concerne l’activité des plaquettes (v. sang), qui devient pratiquement nulle. La transfusion au receveur doit respecter les règles de compatibilité de groupe. En particulier, la loi exige la vérification des groupes immédiatement avant toute transfusion. Le matériel de transfusion est des plus simples et des plus pratiques : le flacon de sang, une tubulure avec compte-gouttes, filtre et système de réglage du débit (dit « goutte à goutte »), une aiguille ou un trocart. On pratique l’injection dans une veine du pli du coude ou dans une veine jugulaire ou sous-clavière..., tout cela en respectant les règles de l’asepsie. Normalement et approximativement, on compte que 1 p. 100 des hématies transfusées disparaissent chaque jour de la circulation du receveur.

• Transfusion de sang frais. Elle est le plus souvent indirecte et nécessitée par le besoin impérieux de certains facteurs sanguins pour le receveur, facteurs qui n’existent plus dans le sang conservé. La technique est la même que précédemment, mais le sang prélevé est immédiatement transfusé au receveur (au plus tard dans les heures qui suivent).

• Transfusion directe de bras à bras. Cette technique a été la seule utilisée pendant de longues années, notamment jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Elle se faisait grâce à la seringue de Tzanck et à celle de Jubé ou grâce à l’appareil de Henry et Jouvelet. L’avantage de cette technique est que le sang est transfusé sans avoir subi la moindre altération, la moindre adjonction, mais la rapidité même de la transfusion (quelques minutes pour 300 à 400 ml de sang) et le contact des parois en verre des pompes et en caoutchouc des tubulures entraînaient fréquemment des chocs, ce qui a conduit à l’abandonner.


Transfusions autres que celles de sang complet

On transfuse maintenant des concentrés globulaires (globules rouges séparés du plasma), des concentrés plaquettaires, du plasma, des fractions plasmatiques (facteurs antihémophiliques A et B, le P. P. S. B. — prothrombine, proconvertine, facteur Stuart et facteur antihémophilique B).


Exsanguino-transfusion

Elle associe deux opérations simultanées : soustraction de sang au malade, qui reçoit en même temps le sang d’un donneur. On utilise cette technique dans la maladie hémolytique du nouveau-né et dans certaines intoxications.

Les perfusions