V. du Canada, capit. de la province d’Ontario* ; 2 368 000 hab. pour l’agglomération.
Le site de Toronto comprend d’abord une plaine lacustre (ancien lac finiglaciaire Iroquois) montant en pente douce vers le nord jusqu’à un abrupt de quelques dizaines de mètres qui représente l’ancienne falaise littorale située à environ 5 km de la rive actuelle du lac Ontario. Au-delà s’étend un secteur vallonné dont la topographie est d’origine glaciaire. Les vallées profondes de la Don, à l’est, et de la Humber, à l’ouest, coupent transversalement le niveau supérieur, la falaise et la plaine ; elles ont constitué longtemps un obstacle à l’expansion urbaine. Les éléments du site comprennent encore une rade abritée par une île alluviale.
Le développement urbain
Cet emplacement, reconnu par Étienne Brulé dès 1615, fut occupé par un fort français entre 1720 et 1730, puis entre 1750 et 1759. Ce n’est qu’en 1793 qu’un établissement définitif y fut fondé pour servir de centre à la colonie d’York. Toronto comptait 10 000 habitants lorsqu’elle fut érigée en ville. Au cours de la première moitié du xixe s., elle s’accrût à la faveur du peuplement de la province d’Ontario ; par suite de sa situation à la tête de la navigation en aval du Niagara, elle servit de point d’entrée aux immigrants ; des routes de colonisation rayonnaient autour d’elle, qui apparut aussi comme un lieu de passage obligé vers la baie Géorgienne, le territoire de la province s’étranglant entre celle-ci et le lac Ontario à la hauteur de Toronto.
Cette situation fut valorisée par la construction des chemins de fer ; la ville ne joua pas un rôle aussi important que Montréal* comme nœud ferroviaire, mais elle fut dès l’origine au cœur d’un réseau provincial très dense, qui favorisa le développement agricole de l’Ontario méridional et la création d’entreprises industrielles, souvent liées à l’agriculture, à Toronto même.
C’est à ces progrès économiques et plus encore à l’immigration massive qu’est due la croissance rapide de Toronto. Au xixe s. et au début du xxe s., il s’agit d’une immigration essentiellement britannique, qui, quoique accompagnée d’un apport hollandais et allemand, donna à la ville le caractère d’un bastion anglo-saxon et protestant, attaché à la couronne d’Angleterre ; c’était vraiment une « citadelle orangiste ». Depuis la dernière guerre, le courant britannique, hollandais et allemand s’est maintenu, mais à un niveau faible et irrégulier, tandis que les immigrants de l’Europe méridionale et les Israélites sont arrivés en grand nombre. Aujourd’hui, sur les 800 000 personnes nées à l’étranger (presque 40 p. 100 de la population métropolitaine), on compte 400 000 Italiens, 100 000 Juifs, 50 000 Portugais, 50 000 Grecs. La forteresse anglo-protestante est devenue plus latine et, dans une certaine mesure, plus catholique. Toronto est une ville cosmopolite dans laquelle se parlent toutes les langues du monde et où paraissent des quotidiens aussi dans toutes les langues (à eux seuls, les Allemands disposent de trois journaux).
C’est à cette immigration, plus qu’à l’excédent démographique, que l’agglomération doit ses taux de croissance élevés : 50,7 p. 100 entre 1951 et 1961 (record en Amérique du Nord) ; 33,8 p. 100 entre 1961 et 1971. Au recensement de 1971, l’aire métropolitaine de Toronto comptait 2 368 000 habitants (le double de sa population de 1951). Aux environs de 1975, Toronto a probablement dépassé Montréal (2 570 000 hab. en 1971), dont le taux de croissance est un peu inférieur à celui de Toronto (43,3 p. 100 entre 1951 et 1961, 23,2 entre 1961 et 1971). Rappelons que, si Montréal rassemble 45 p. 100 de la population du Québec, Toronto ne groupe que 26,5 p. 100 de celle de l’Ontario.
L’espace urbain
La plus grande partie de la ville est construite selon un plan en damier. Le centre des affaires occupe un rectangle de 2,5 km de longueur entre Queen Street et Bloor Street et de 600 m de largeur entre University Street et Yonge Street. Cette dernière, prolongée au nord par la route 11, a été l’axe majeur de l’expansion urbaine.