Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Toronto (suite)

Au sud et au nord de la falaise morte, de part et d’autre de Yonge Street, se situent des quartiers de résidence aisée qui échappent au plan géométrique (Forest Hill, Rosedale Park). Des quartiers de résidence des classes moyennes ou modestes occupent la plus grande partie du territoire de la ville même et des faubourgs les plus proches, anciennement annexés (Weston, York Township, Swansea à l’ouest ; East York, Scarborough à l’est). Les secteurs d’industrie et de commerce en gros occupent les abords du port et suivent les voies ferrées (celles du Canadian National Railway vers le nord-ouest et celles du Canadian Pacific Railway, qui coupent la ville en deux, de l’ouest à l’est).

L’expansion tentaculaire récente s’est faite le long des grands axes routiers et des autoroutes : vers le nord (North York Township, Thornhill, Richmond Hill, Woodbridge) suivant les routes 11 et 27 et l’autoroute 400 (Toronto-Barrie) ; vers le sud-ouest (Port Credit, Oakville, Sheridan) le long des autoroutes 401 (Macdonald-Cartier Freeway) et Queen Elizabeth Way ; vers l’est (Scarborough, Whitby-Oshawa) en suivant la 401.

L’éloignement des nouveaux quartiers est tel que des centres indépendants pourvus de services et de fonctions nobles (banques, supermarchés, institutions scolaires, universitaires et hospitalières, activités du tertiaire supérieur décentralisées, bureaux, laboratoires) se sont développés rapidement, notamment à proximité des échangeurs autoroutiers et des lignes de métro, et tendent à donner à Toronto l’aspect d’une agglomération multinucléaire.

Cette tendance ne s’accompagne pas d’une décongestion du centre, qui se densifie, au contraire, à la faveur d’un plan de rénovation comportant des aménagements urbanistiques remarquables. Le nouvel hôtel de ville et un ensemble de gratte-ciel ont déjà transformé une partie du C. B. D. (Central Business District). Un terminal ferroviaire, routier et aéroportuaire, plus esthétique que la gare centrale actuelle, doit remplacer celle-ci. La tour du Canadian National, avec 400 m d’étages et 100 m d’antennes de télévision, sera un des plus hauts gratte-ciel du monde.


L’industrie

Toronto est le principal foyer industriel de l’Ontario : l’aire métropolitaine rassemble 205 000 emplois industriels sur 820 000 ; la valeur de ses produits finis s’élève à 8 milliards de dollars (canadiens) sur 24, et la valeur ajoutée correspondante à 3,5 milliards sur 11. Cette prépondérance a été acquise en deux temps. Tout d’abord, à la fin du xixe s. et au début du xxe, Toronto est devenue, en concurrence avec Montréal, un des fournisseurs des provinces de l’Ouest ; elle devint aussi le fournisseur du nord de l’Ontario et le principal acheteur de son bois, de son papier et de ses produits miniers. À la même époque, l’Ontario et spécialement sa capitale profitèrent de la proximité des États américains du Nord-Est, alors en pleine expansion, d’où vinrent capitaux, techniques et usines nouvelles. L’industrie torontoise bénéficia aussi des initiatives d’hommes d’affaires avisés (notamment écossais) et des inventions de pionniers comme Massey et Harris (machines agricoles) ou McLaughlin (automobiles).

La deuxième phase d’industrialisation débute au lendemain de la dernière guerre : la concentration continue des services, des activités, de la main-d’œuvre et du marché de consommation dans l’agglomération torontoise a accéléré l’expansion industrielle et attiré les investissements américains.

L’industrie se caractérise par la prédominance des petites entreprises (80 p. 100 ont moins de 50vsalariés ; une vingtaine d’usines seulement emploient plus de 1 000 personnes) et par une gamme très étendue de productions. Les industries traditionnelles sont représentées par celles des aliments (minoterie, laiterie, conserverie), du tabac, des boissons, du bois (ameublement), des textiles, de la confection, du cuir et par la construction des machines, notamment agricoles. Parmi les industries nouvelles figurent celles de l’appareillage électrique (25 p. 100 de la production canadienne), de l’électronique, de l’impression-édition (30 p. 100 de la production canadienne), de la construction automobile et aéronautique. La construction automobile, jadis représentée presque exclusivement à Windsor, se concentre de plus en plus dans la région torontoise, surtout à Oshawa (General Motors produit 420 000 camions et voitures, la moitié de la production canadienne, et emploie 18 000 personnes), à Oakville (Ford) et à Brampton (American Motors). La fabrication des pneus et du verre pour l’automobile est associée à cette industrie. La construction aéronautique comprend celle des cellules (De Havilland à Toronto) et celle des moteurs (Orenda à Malton, près de l’aéroport de Toronto).

Les besoins énergétiques des industries torontoises sont satisfaits par les centrales hydro-électriques du Niagara et de l’Outaouais ainsi que par des centrales thermiques. Une raffinerie de pétrole fonctionne près de Port Credit, dans la banlieue ouest de Toronto, et une centrale nucléaire de 2 160 MW à Pickering, dans la banlieue est.


Le secteur tertiaire

Depuis la guerre il s’est accru encore plus rapidement que celui de l’industrie : il emploie 60 p. 100 de la population active. Toronto est la principale place financière du Canada : des compagnies d’assurances, des banques, des sociétés industrielles et minières y ont leur siège ; on dit de Bay Street que c’est le Wall Street de Toronto. Au Toronto Stock Exchange, le montant des transactions boursières annuelles s’élève à 3 milliards de dollars canadiens (près de 70 p. 100 de l’activité boursière du Canada). Après New York, Toronto détient le record de l’Amérique du Nord pour la part de la population active employée dans le secteur de la finance : 6,6 p. 100.

Place de commerce, centre de redistribution principal de l’Ontario, sauf pour l’extrême nord-ouest, qui dépend de Winnipeg, et l’extrême est, situé dans la zone d’attraction de Montréal, Toronto est un nœud de voies de communication, voies routières dès le début de la colonisation, voies ferrées à partir des années 1860. En tant qu’aéroport, elle a ravi la première place à Montréal pour le nombre des passagers sur les lignes intérieures et internationales. L’aéroport de Malton, à l’ouest de l’aire métropolitaine, doit être remplacé par un nouveau terminal et des pistes plus vastes au nord-est de l’agglomération.

Après Thunder Bay et Hamilton, Toronto est le troisième port canadien des Grands Lacs ; les sorties sont insignifiantes (moins de 500 000 t), comparées aux 6 Mt d’entrées, constituées surtout par du charbon américain et du pétrole canadien (une fraction du pétrole albertain arrive à Toronto par un oléoduc qui dessert également la région de Chicago).

Toronto est aussi une métropole culturelle. Par la réputation de ses universités (University of Toronto et York University), la qualité des manifestations artistiques, théâtrales et musicales, le nombre de ses artistes et de ses écrivains, elle est en compétition permanente avec Montréal.