Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

topographie

Technique de représentation graphique d’un lieu sur le papier, l’opération correspondante étant le levé topographique et le support la minute de levé.


Le levé topographique peut avoir deux destinations. La première vise l’établissement de plans topographiques à grande échelle, couvrant en général une surface limitée ; la seconde vise l’établissement d’une carte couvrant la surface de tout un pays. Le levé est alors effectué à une échelle plus petite, de 1/5 000 à 1/100 000, selon le développement économique du pays considéré. La carte à plus grande échelle issue de ces levés est la carte de base (1/20 000 ou 1/25 000 en France). De la carte de base, on peut déduire, sans autres opérations de terrain, toute une série de cartes dérivées : 1/50 000, 1/100 000 etc. Le levé effectué entièrement sur le terrain s’appelle le levé direct ; on opère soit au tachéomètre, soit à la planchette. On oppose le levé direct au levé photogrammétrique, dans lequel la plupart des opérations ont lieu en atelier, en restituant des photographies aériennes à axe vertical et à recouvrement stéréoscopique.

Un grand nom de la topographie Charles Moyse Goulier

(Richelieu, Indre-et-Loire, 1818 - Paris 1891). Sorti de l’École polytechnique dans le génie, il enseigne la topographie à l’École d’application de l’artillerie et du génie (1844-1875) d’abord à Metz, ensuite à Fontainebleau, puis, de 1875 à 1891, il dirige le dépôt central des instruments de précision, rattaché initialement au dépôt des fortifications et à partir de 1885 au Service géographique de l’armée. Le colonel Goulier peut être considéré comme un véritable novateur en topographie et en topométrie (mot qu’il a lui-même créé). On lui doit le remplacement de la boussole à éclimètre par le goniographe (association d’une alidade avec éclimètre et d’une planchette sur laquelle on trace directement les visées), la mise au point de la règle à éclimètre et de l’alidade holométrique qui portent son nom, l’euthymètre (stadia horizontale), l’équerre à prisme, un télémètre et le niveau à collimateur. Goulier a perfectionné le tachéomètre de Porro, déjà expérimenté en France par Moinot, et lui a adjoint le déclinatoire type Goulier. En cartographie, il est l’auteur d’un diapason destiné à régler l’intensité des tons d’estompage de la carte à 1/50 000. Enfin, il a imaginé en topographie plusieurs méthodes nouvelles, consignées dans ses Instructions pratiques et ses Études théoriques et pratiques sur les levers topométriques et en particulier sur la tachéométrie (1892).

R. d’H.


Éléments du levé topographique

On distingue :
— la planimétrie, ensemble de surfaces, de lignes ou de détails « ponctuels » provenant en général de l’intervention de l’homme et représentés par des signes conventionnels ;
— l’hydrographie, comprenant des surfaces d’eau, des lignes de l’hydrographie naturelle (rivières, ruisseaux) ou de l’hydrographie résultant de l’intervention de l’homme (canaux, fossés), des détails « ponctuels » (sources, puits, etc.) ;
— l’orographie, ou représentation des mouvements de terrain par des courbes de niveau équidistantes.

Les levés à grande échelle comportent une épure géométrique très précise du terrain ; tous les détails du terrain sont rigoureusement en place, le réseau routier étant en particulier représenté selon sa largeur réelle. En revanche, dans les levés à moyenne et à petite échelle, les signes conventionnels dilatent considérablement les largeurs des routes et des chemins, décalant ainsi les détails planimétriques qui les bordent. Dans le cas du nivellement, le nombre de mesures par unité de surface est bien moindre que pour les grandes échelles ; le topographe y remédie par l’observation attentive du terrain : il doit s’appuyer sur de solides connaissances de géomorphologie. La carte à moyenne et à petite échelle n’a donc pas les qualités de rigueur topométrique des plans à grande échelle.


Instruments utilisés

On utilise essentiellement une planchette fixée sur un trépied, rendue horizontale au moyen d’une nivelle, et une alidade permettant le tracé des directions. Dans certains cas, cet ensemble, appelé goniographe, est complété par un compas de centrage permettant d’amener exactement le point s de la planchette sur la verticale du point S du terrain (fig. 1).

L’alidade nivélatrice (fig. 2) comporte un système de visée constitué par un œilleton, près duquel l’opérateur place son œil, et un crin tendu, que l’on amène à bissecter l’objet visé ; on trace alors la visée le long du biseau de l’instrument. Les autres alidades comportent une lunette topographique qui peut être de deux types. Le premier correspond à des lunettes de fort grossissement (de 24 à 30), identiques à celles des tachéomètres que l’on adapte sur des alidades holométriques. Celles-ci sont actuellement autoréductrices. Dans le second type, le réticule est remplacé par un tableau focal (fig. 3) comportant à gauche une graduation des sites de 0 à 4 gr et à droite un ou deux micromètres gradués dans une échelle d’inverses pour la mesure des distances. Celle-ci s’effectue alors sur un jalon-mire avec deux voyants écartés de 2 m. L’angle stadimétrique n’est plus constant, mais variable ; par rotation de la lunette, on amène l’un des voyants devant le trait ∞ du tableau focal, et le second voyant intercepte sur l’échelle une graduation qui donne directement la distance cherchée. Ce type de lunette de grossissement compris entre 4 et 10 est adapté soit à une règle à éclimètre, dont l’ancêtre est la règle à éclimètre du colonel Goulier, soit à une alidade holométrique type Goulier. La règle à éclimètre comporte un tambour mobile portant la lunette et divisé en dents, dont chacune correspond à une rotation de 4 gr, l’appoint étant lu sur la graduation des sites. L’alidade holométrique comporte un limbe gradué de grade en grade, le complément du site étant lu sur une échelle des sites du tableau focal, gradué de 0 à 100 cgr. Règle à éclimètre et alidade type Goulier sont utilisées pour les levés à l’échelle du 1/10 000 et aux échelles plus petites : 1/20 000, 1/40 000, etc.