Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Togo (suite)

Au sud, le palmier à huile, le maïs, le manioc fournissent l’essentiel de cette production vivrière. L’huile de palme, le maïs (qui fit autrefois l’objet d’exportations notables), le manioc (qui fournit sous forme de semoule le « gari », base de l’alimentation populaire) sont absorbés par l’autoconsommation et le marché intérieur. Seuls les palmistes font l’objet d’exportations (15 000 t par an), et de petites quantités de manioc approvisionnent l’usine de Ganavé.

Au nord, le mil, le sorgho et l’arachide (partiellement exportée : de 8 000 à 9 000 t par an en 1968-1970), au centre, l’igname constituent les principales cultures vivrières. Certaines populations montagnardes comme les Kabrés avaient mis au point un système de culture intensive avec fumure et assolement, permettant sur des sols médiocres des densités supérieures à 200 habitants au kilomètre carré.

Le karité (oléagineux) et le kapok, produits de cueillette, fournissent dans le Nord quelques centaines de tonnes à l’exportation, avec d’énormes variations suivant les années, en fonction des cours.

Les principaux produits d’exportation sont le café et le cacao, cultivés dans le Sud-Ouest (café : de 5 000 à 18 000 t par an ; cacao, 10 000 t en moyenne de 1959 à 1964 ; 23 000 t en 1974). La production et l’exportation sont irrégulières et une proportion importante du cacao pénètre en contrebande du Ghāna. Le cotonnier a été introduit dans le Nord, plus récemment, comme culture d’exportation (de 5 000 à 9 000 t par an de coton-graine).

L’industrie de transformation, en dépit de progrès substantiels dans les dernières années, se réduit encore à une vingtaine de petites unités, pour l’essentiel concentrées à Lomé, produisant pour la consommation locale (savonnerie, brasserie, allumettes, etc.), et à quelques industries traitant les matières premières locales (huileries, égrenage de coton et kapok, féculerie de Ganavé).

L’entrée en production en 1961 des mines de phosphates a apporté une contribution substantielle aux exportations togolaises (en 1974, 6,3 milliards de francs C. F. A.).

La compagnie togolaise des mines du Bénin (C. O. T. O. M. I. B.) exploite à Hahotoé, en carrière, des phosphates de chaux (50 Mt de réserves, 2,3 Mt exporté en 1973). Une voie ferrée de 22 km relie la carrière à Kpémé, sur le littoral (à 35 km à l’est de Lomé), où le minerai est traité et enrichi à 81 p. 100 et embarqué par un wharf. La C. O. T. O. M. I. B. était un consortium international associant des groupes spécialisés français et étrangers à l’État togolais (capital : 3,6 milliards de francs C. F. A.). Elle a été nationalisée en 1974.

En dehors de la voie minière de la C. O. T. O. M. I. B., le Togo possède trois voies ferrées anciennes : Lomé-Blitta (ligne méridienne, 277 km), Lomé-Anécho (44 km sur le littoral), Lomé-Palimé (112 km, à l’ouest, desservant les plantations de caféiers et de cacaoyers). Un port en eau profonde, construit avec l’aide de l’Allemagne fédérale (5,5 milliards de francs C. F. A. investis), a remplacé le vieux wharf de Lomé.

Malgré l’apport des phosphates, la balance commerciale reste très déficitaire (1972 : 12,7 milliards de francs C. F. A. d’exportations ; 21,4 milliards d’importations).

La part de la France dans le commerce extérieur du Togo tend à se réduire (1960 : 76 p. 100 des exportations et 51,3 p. 100 des importations ; 30 p. 100 des importations et des exportations en 1970-71), mais la France reste néanmoins le premier partenaire commercial. L’aide de l’Allemagne fédérale, relativement importante, s’accompagne de quelques investissements privés.

J. S.-C.


L’histoire

L’étroite bande de terre qui s’étend du golfe de Guinée à la savane soudanaise et porte aujourd’hui le nom de Togo (baptisé par Nachtigal du nom d’un petit village de la côte) a eu jusqu’au partage colonial une histoire difficile à distinguer de celle de ses voisins. La préhistoire a apparemment laissé peu de traces : quelques spécimens sangoen (faciès industriel du Paléolithique) dans les montagnes du moyen Togo et des haches néolithiques à Aledjo dans le bas Togo (auj. au Bénin [Dahomey]).

Aucun grand royaume comparable aux voisins achanti ou dahoméen n’a imposé sa marque au pays. Sur un fond autochtone (les Akpossos par exemple) se sont entrecroisés des migrants : Éwés (ou Éoués) et Yoroubas venus du sud du Dahomey, Baribas de Kouandé, Tyokossis de Côte-d’Ivoire, Fantis du Ghāna, Kotokolis de Haute-Volta, qui, selon les cas, sont restés autonomes ou se sont fondus aux autochtones (Bassaris). L’histoire des Éwés partis de Kétou (Bas-Dahomey) est la mieux connue, notamment la diaspora qui, à la fin du xviie s., les a répandus dans tout le sud du Togo et au sud-est du Ghāna.

Le Togo entre dans le circuit général de l’histoire à la fin du xve s., avec la venue sur la côte du golfe de Guinée des premiers Portugais, puis des Danois. Les missionnaires portugais apparaissent au xvie s. Le commerce des esclaves s’installe très tôt, les plaines du bas Togo et, à un degré moindre les montagnes du moyen Togo fournissant un vaste réservoir d’hommes. En 1800, Francisco da Souza, qui deviendra le chacha de Ouidah, se fixe à Anécho comme traitant, mais le commerce européen de l’huile de palme, succédant à celui des esclaves, ne prendra véritablement pied que dans la seconde moitié du xixe s. : les Français s’installent à Anécho et à Porto-Seguro, les Anglais à Keta, tandis que les Allemands (dont les frères Viëtor, de Brême, commerçants et missionnaires protestants) œuvrent chez les Éwés à partir de 1847.

En 1884, Gustav Nachtigal (1834-1885) débarque près d’Anécho, et le protectorat allemand s’y impose, ainsi qu’à Lomé, puis à Porto-Seguro. Dès 1885, les Allemands vont se heurter à la France (projet de protectorat, comptoirs de la maison Régis de Marseille). Mais la conférence de Berlin assure le champ libre à l’Allemagne, et en 1885 et 1886 sont signées des conventions respectivement avec la France et la Grande-Bretagne, laissant aux Allemands le libre accès vers le Niger. Une malchance certaine accompagnera les explorateurs allemands, et les Français les devanceront au Gourma. La rivalité avec la France prend fin par le traité de Paris de 1897, qui fixe la frontière avec le Dahomey. Avec la Grande-Bretagne, le sort d’une zone neutre au niveau du moyen Togo demeurera en suspens jusqu’au traité des Samoa en 1899. La capitale s’installe à Lomé en 1897, et des postes sont créés à l’intérieur : Sansanné-Mango en 1896, Atakpamé et Sokodé en 1898.