Tocqueville (Alexis de) (suite)
Le 27 janvier 1848, dans un discours remarqué, Tocqueville annonce l’imminence d’une révolution. Élu représentant du peuple par le département de la Manche (avr.), il se déclare partisan d’une république conservatrice : le général Cavaignac l’envoie à la conférence diplomatique de Bruxelles pour le règlement des affaires d’Italie. Tocqueville combat la candidature à la présidence de Louis Napoléon.
Membre de la Législative en 1849, il accepte le poste de ministre des Affaires étrangères dans le cabinet formé, le 2 juin 1849, par Odilon Barrot. Il prend pour chef de cabinet son ami Arthur de Gobineau. C’est durant son administration qu’a lieu la prise de Rome par les troupes d’Oudinot. Le 30 octobre 1849, il tombe avec le cabinet Barrot, en mésentente avec le président. Quand ce dernier fomente le coup d’État du 2 décembre 1851, Tocqueville est parmi les députés qui, à la mairie du Xe arrondissement, réclament par écrit la mise en accusation de Louis Napoléon : il est interné avec eux à Vincennes.
Libéré, Tocqueville renonce à la vie politique. Il voyage en Italie et en Allemagne et rédige l’Ancien Régime et la Révolution, autre chef-d’œuvre de méthode et d’intuition, qui paraît en 1856 et dont le succès est considérable : l’histoire administrative et économique y est fortement éclairée par l’interprétation comparée des institutions, des idées, des hommes et des classes. Tocqueville meurt à Cannes trois ans plus tard (16 avr. 1859).
Ses œuvres complètes, publiées par G. de Beaumont de 1860 à 1865 et, dans une nouvelle édition, par J. P. Mayer à partir de 1951, comportent notamment, outre les trois ouvrages principaux : Histoire philosophique du règne de Louis XV (1846) ; Coup d’œil sur le règne de Louis XVI (1850).
P. P.
➙ Juillet (monarchie de) / République (IIe).
E. d’Eichtal, Alexis de Tocqueville et la démocratie libérale (C. Levy, 1897). / G. W. Pierson, Tocqueville and Beaumont in America (New York, 1938). / J. P. Mayer, A Study of Alexis de Tocqueville (Londres, 1940 ; trad. fr. Alexis de Tocqueville, Gallimard, 1948). / Tocqueville, le livre du centenaire, 1859-1959 (C. N. R. S., 1961). / P. Birnbaum, Sociologie de Tocqueville (P. U. F., 1970). / J.-C. Lamberti, la Notion d’individualisme chez Tocqueville (P. U. F., 1970). / J. Nantet, Tocqueville (Seghers, 1971).

