Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Titus (suite)

En 79, son père lui laissait un empire calme et des finances prospères. En dépit des pronostics, il se révéla très généreux et bienfaisant pour le peuple, et fut qualifié de « délices du genre humain ». D’une part, il mit fin à la délation, expulsant de Rome ceux qui en faisaient profession, et aux condamnations pour trahison ou lèse-majesté. Il passa l’éponge sur les complots tramés contre lui par son frère Domitien*. D’autre part, il offrit au peuple toutes les réjouissances qu’il pouvait souhaiter, et combla tout le monde de libéralités. Ayant laissé passer un jour sans faire de cadeau à personne, il déclara qu’il avait perdu sa journée. Il acheva la construction de l’amphithéâtre Flavien, qui devait recevoir plus tard le nom mérité de Colosseum (Colisée). Ce monument, le plus grand de l’époque (188 m sur 156 m ; hauteur, 50 m environ), commencé par Vespasien, fut inauguré en 80 par des fêtes magnifiques qui durèrent cent jours ; 5 000 bêtes féroces avaient paru en une seule journée. Dans l’arène inondée, on donna le spectacle de batailles navales. Titus construisit également les thermes qui portent son nom, avoisinant le Colisée au nord-est. Ces prodigalités ne pouvaient manquer d’entraîner des embarras financiers, qui furent, du fait de la brièveté du règne, le lot du successeur, Domitien.

En ces quelques années, des catastrophes se succédèrent. C’est en 79 que se produisit l’éruption du Vésuve qui engloutit Herculanum et Pompéi et coûta la vie à Pline l’Ancien, alors commandant de la flotte de Misène et qui était venu observer le phénomène. Tandis que l’empereur visitait les régions dévastées, un incendie de trois jours ravagea une partie de Rome, dont le Capitole et son temple de Jupiter. Il s’ensuivit une épidémie de peste. Titus fit ce qu’il put pour secourir les populations. Durant ces années, la paix régna dans l’Empire. En Bretagne, Agricola (Cnaeus Julius Agricola, 40-93), poursuivant la conquête de l’île, mena les armées romaines jusqu’aux rives de la Tay.

R. H.

➙ Rome.

Tivs

Ethnie du sud-est du Nigeria qui groupe environ 800 000 personnes.


Elle occupe une vaste plaine qui s’étend du pied des collines du Cameroun au sud, aux rives de la Bénoué et de la Katsina. Le long de la rivière Bénoué, la région est boisée et herbeuse. Les bas-fonds deviennent des marécages pendant la saison des pluies et des cuvettes de poussière quand souffle l’harmattan.

Le peu de bétail que l’on peut y élever, à cause de la mouche tsé-tsé, est de très petite taille. Le découpage climatique du pays fait que, au nord, les Tivs sont cultivateurs de mil, tandis qu’au sud ils cultivent l’igname. Leur agriculture est surtout une agriculture de subsistance.

L’unité résidentielle des Tivs est facilement repérable ; elle se compose de deux ou trois cases, parfois plus, disposées selon deux anneaux concentriques. À l’intérieur, on trouve les cases de réception ; les cases dortoirs et les greniers sont à l’extérieur. Le tout est entouré par des arbres fruitiers.

La société tiv est une société segmentaire où la disposition spatiale, les groupes lignagers et le pouvoir politique sont en rapport étroit.

Les Tivs s’organisent selon une généalogie commune remontant jusqu’au fondateur. Le groupe de descendance d’un Tiv détermine « sa citoyenneté politique, ses droits d’accès à la terre, ses droits de résidence » (L. et P. Bohannan), ainsi que les personnes auxquelles il peut s’unir par le mariage.

La descendance est patrilinéaire. L’envergure du groupe lignager (nongo) se détermine par le niveau généalogique de l’ancêtre de référence.

La disposition spatiale reflète la situation des groupes lignagers : un territoire défini, le tar, correspond aux groupes lignagers d’une certaine taille. Le tar, unité géographique, correspond lui-même à une unité politique, l’ipaven. Les marchés sont associés à l’ipaven. Ce sont des centres de communication sociale très actifs. Dans la société tiv, le pouvoir politique se manifeste sous deux aspects opposés : celui de l’ordre (la volonté des dieux), de la paix, de la prospérité et celui, dangereux, du désordre, de la domination d’autrui.

Cette dichotomie se retrouve dans le langage de la religion et de la sorcellerie : le swem représente le côté positif, tandis que le tsav recouvre l’autre aspect.

J. C.

 L. et P. Bohannan, The Tiv of Central Nigeria (Londres, 1953).

Tobey (Mark)

Peintre américain (Centerville, Wisconsin, 1890 - Bâle 1976).


Tardivement reconnu comme un des artistes les plus importants de son pays, inspiré par l’Orient, il joint le raffinement à l’élévation spirituelle et ses œuvres, en général de formats modérés, plus souvent à la tempera, à l’aquarelle ou au pastel qu’à l’huile, tranchent avec le climat de puissance expressionniste qui a souvent été celui de l’école abstraite d’outre-Atlantique.

Portraitiste de formation, il devient modéliste de magasin de mode à Chicago et se distingue à New York, en 1917, par une série de portraits traités dans une gamme évanescente, entre rêve et réalité. Après deux ans de professorat de dessin à Seattle, il visite en 1925-26 l’Europe et le Proche-Orient. Domicilié en Angleterre de 1931 à 1938, il continue à voyager, notamment en Extrême-Orient (1934). Il étudie la calligraphie et le lavis à Shanghai, puis dans un monastère zen de Kyōto. Il réalise en 1935-36 ses premières white writings (« écritures blanches »), inspirées par la vie urbaine nocturne : Broadway Norm (collection privée, États-Unis), quasi abstrait, Broadway (Metropolitan Museum of Art, New York), figuratif. Formellement issue de la calligraphie, l’écriture blanche est un tracé menu et foisonnant à l’encre de Chine blanche, qui se détache sur un fond et unifie les diverses formes colorées. Proliférant sur la surface, elle tendra à nier toute profondeur, et toute construction, réalisant souvent un tissu uniforme indifférencié, selon le principe du all over, que l’on retrouvera chez Pollock*.