Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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timbre-poste (suite)

Dès la première année de la réforme, le trafic postal passe de 122 millions à 158 millions de lettres. Mais l’utilisation du timbre-poste ne recueille qu’un assentiment limité : 15 p. 100 des lettres sont affranchies au dépôt en timbres-poste. L’accroissement du trafic n’empêche d’ailleurs pas une diminution des recettes. Aussi, une loi en date du 15 mai 1850 augmente-t-elle les tarifs et prescrit des nouvelles valeurs (25 et 50 centimes) pour les timbres-poste. La gamme des vignettes en service en 1859 est complétée par des timbres à usages particuliers : les « étiquettes », c’est-à-dire les chiffres-taxes, qui permettent de récupérer sur les destinataires le port des lettres non affranchies au départ.

En 1870, la déchéance de Napoléon III entraîne la disparition de l’effigie impériale des timbres-poste et l’on reprend l’ancien type de la IIe République. Les événements militaires et politiques du siège de Paris, de l’occupation des départements d’Alsace et de Lorraine, de la Commune insurrectionnelle ont de nombreuses conséquences sur les émissions de timbres-poste : émissions de Bordeaux, timbres d’Alsace-Lorraine, échanges postaux confiés par la Commune à des entreprises privées, etc. En 1876, un nouveau type de figure dû à J. A. Sage remplace la République et demeure en service pendant vingt-cinq ans.


Le développement du timbre-poste dans le monde

Le timbre-poste connaît un essor comparable dans de nombreux pays qui l’adoptent progressivement, au fur et à mesure de l’évolution des échanges postaux. Jusqu’en 1900 environ, la seule préoccupation est d’émettre des vignettes destinées à affranchir les objets de correspondance. Seuls, quelques rares États aux finances malsaines profitent du timbre-poste comme moyen spéculatif d’accroître les ressources budgétaires. Seuls, quelques collectionneurs voient dans le timbre un objet présentant un intérêt esthétique ou historique. Mais ces « déviations » du rôle original du timbre-poste sont rares pendant la seconde moitié du xixe s. Aussi le nombre de vignettes reste-t-il réduit et stable jusqu’en 1920. La consultation des catalogues édités à l’intention des philatélistes montre à l’évidence une véritable prolifération des timbres-poste depuis un demi-siècle.

Le timbre-poste, objet de collection

Au-delà de son rôle d’affranchissement postal, le timbre-poste est devenu un objet d’art où l’esthétique est recherchée, un véhicule de culture qui célèbre des régimes et des régions, commémore des événements ou des hommes et attire l’attention d’un plus vaste public sur des sites ou des réalisations. La philatélie se développe et se dote de structures privées : les collectionneurs se regroupent au sein de sociétés philatéliques locales ou particulières, les sociétés se fédèrent en groupements régionaux, en fédérations nationales et en une fédération internationale ; les négociants offrent aux philatélistes la possibilité de compléter leurs collections, diffusent des publications spécialisées et font paraître des catalogues avec indication des cotes de valeur attribuées aux timbres-poste suivant leur rareté. Le timbre-poste dépasse son rôle originel ; il ne meurt pas lorsqu’il a accompli sa vocation d’affranchissement postal. Au contraire, il se maintient en vie dans les albums des collectionneurs, attentifs aux fresques évolutives ainsi qu’aux détails et variantes de fabrication.


Fabrication


La décision d’émission

Ces demandes émanent, en France, de sources diverses : municipalités, conseils généraux, parlementaires, sociétés philatéliques, familles d’hommes célèbres, journalistes spécialisés, etc. Ces requêtes sont présentées au ministre des Postes et Télécommunications aux fins d’obtenir la consécration d’un timbre pour commémorer un personnage, un monument, un site, un événement historique, etc.

Périodiquement, le ministre réunit une commission philatélique consultative qui, regroupant des fonctionnaires de la Direction générale des postes, des représentants de divers groupements philatéliques (collectionneurs, experts-négociants), des représentants des artistes graveurs, a pour mission de choisir les sujets en fonction de diverses considérations : recherche d’un anniversaire pour les personnages, équilibre entre les régions pour les sites touristiques, éclectisme du choix dans les domaines culturels (littérature, sciences, musique, arts, etc.). Après propositions et observations de la commission, le ministre détermine le programme annuel, qui est annoncé, pour l’année suivante, à chaque mois d’octobre. En cas de besoin, le ministre décide l’adjonction d’émissions supplémentaires hors programme.


La phase artistique

Les sujets étant choisis, un artiste est désigné. Son premier travail consiste à présenter plusieurs projets de maquette, qui sont réalisés au pinceau. Le choix de la maquette étant fait par le ministre, il appartient à l’artiste d’aborder la phase de la gravure sur un bloc d’acier avec, pour seuls instruments, un burin et une loupe binoculaire. Gravé en creux, le bloc est ensuite reproduit en relief sur une molette en acier doux. À partir de la molette sont fabriquées les coquilles qui seront placées sur la rotative et qui correspondent au nombre de timbres d’une planche entière (suivant les cas 25, 50 ou 100 exemplaires). C’est l’opération du transfert de la molette sur les coquilles en laiton qui, assemblées par groupes de trois, constituent les cylindres. Effectué par pression de la molette, le transfert a fait apparaître des bourrelets aux endroits non creusés ; il faut donc les éliminer par opérations successives de grattage et de polissage. À ce stade, comme aux précédents, on durcit le métal à l’aide de procédés thermiques et chimiques, en soumettant le cylindre à un chromage par électrolyse. Dès lors, il est assez dur pour pouvoir servir à l’impression.


L’impression

L’impression des timbres-poste fut initialement effectuée en France dans le sous-sol de l’atelier de la Monnaie à Paris. Le 1er janvier 1876, la Banque de France fut chargée d’y procéder dans ses ateliers de la rue d’Hauteville. En 1880, l’administration des Postes prit la charge d’effectuer elle-même ce travail ; après avoir installé ses ateliers dans des lieux disséminés dans la capitale, un regroupement fut opéré en 1895 sur un vaste terrain sis boulevard Brune, acquis à cette fin quelques années auparavant. Le développement du timbre-poste, l’évolution des techniques et l’augmentation des échanges ont contraint le ministère des Postes et Télécommunications à envisager le transfert de l’imprimerie des timbres-poste. Installée en 1970 dans la zone industrielle de Périgueux, celle-ci travaille non seulement pour le compte de l’administration française des Postes, mais également pour de nombreux offices postaux étrangers qui ne disposent pas d’installations techniques modernes, coûteuses et élaborées.

Les techniques d’impression sont de trois types.

• La typographie se caractérise par une impression obtenue à partir des reliefs des cylindres. C’est le procédé le plus ancien.

• L’héliogravure supprime la gravure manuelle au profit de procédés photochimiques.