Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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timbre (suite)

 H. L. F. von Helmholtz Die Lehre von Tonempfindungen als physiologische Grundlage für die Theorie der Musik (Brunswick, 1863, 6e éd., 1913 ; trad. fr. Théorie physiologique de la musique fondée sur les sensations auditives, Masson, 1868-1874, 2 vol.). / F. Winckel, Klangwelt unter der Lupe (Berlin, 1952 ; trad. fr. Vues nouvelles sur le monde des sons, Dunod, 1960). / P. Schaeffer, Traité des objets musicaux (Éd. du Seuil, 1966). / E. Leipp, Acoustique et musique (Masson, 1971).

timbre-poste

Marque imprimée ou gravée, figurine ou vignette, vendue par l’administration des postes et dont l’apposition sur les objets qui lui sont confiés a une valeur d’affranchissement au prix de vente qui y figure.



Histoire


Origine

Le timbre-poste n’est apparu qu’au milieu du xixe s. alors que la poste, en tant qu’entreprise officielle de transport du courrier mise à la disposition du public, date dans les pays européens de la fin du xvie s. Dans les siècles antérieurs, le timbre-poste ne présentait aucun intérêt dans l’exécution du service postal. En effet, le prix du transport des correspondances était déterminé d’après la distance entre les lieux de départ et d’arrivée. En outre, le prix était perçu sur le destinataire. À l’époque lointaine des messagers, il ne paraissait pas normal de rémunérer le transport avant que celui-ci fût accompli. Ainsi, le transporteur était incité à faire diligence pour exécuter l’ordre. La notion de timbre-poste ne pouvait donc apparaître que si deux conditions étaient réunies : l’affranchissement préalable et la simplification du système de taxation. Le premier système postal qui fut organisé sur ces bases est celui de la Petite Poste de Paris en 1653. Il s’agissait d’organiser, pour la première fois, le transport du courrier à l’intérieur de la capitale française. Jusqu’alors, la poste transportait le courrier d’une ville à l’autre, mais ne le distribuait pas à l’intérieur d’une cité. L’idée de transporter les lettres de Paris d’un quartier dans un autre est due à Jean-Jacques Renouard de Villayer. Pour faciliter le dépôt des correspondances, il obtient du roi l’autorisation de placer des boîtes aux lettres au coin des principales rues, ce qui évite aux expéditeurs d’avoir à se présenter au bureau de la poste aux lettres, mais entraîne comme corollaire l’institution d’un document attestant le paiement préalable du transport. C’est le billet de port payé, ancêtre du timbre-poste, qui, préalablement acquis, est attaché à la lettre. Mais, pendant longtemps, l’affranchissement préalable ne progresse guère. Sur maintes enveloppes (ou plutôt sur la face repliée de la lettre qui recevait les suscriptions), on trouve des mentions portées par le directeur du bureau de poste telles que franc, franco ou port. Par la suite, ces marques se transformèrent en empreintes frappées par un cachet de bois ou de métal. Elles constituent, en fait, les ancêtres primitifs, mais véritables, du timbre-poste en tant qu’estampille constatant l’affranchissement au départ.


Naissance du timbre-poste en Angleterre

Elle est liée à la réforme de sir Rowland Hill (1795-1879). Partant du principe que les tarifs élevés favorisent la prolifération des franchises au profit des personnalités bien placées, celui-ci veut abaisser les taxes. Selon lui, la réduction des tarifs entraînerait la disparition des franchises et des atteintes au monopole. Corrélativement, elle favoriserait l’augmentation du trafic postal. D’autre part, une autre source de gain résiderait dans les économies qui résulteraient de l’affranchissement préalable, c’est-à-dire de la simplification des formalités au moment du dépôt. C’est pourquoi, il propose l’utilisation d’enveloppes et de feuilles de papier destinées à la correspondance qui seraient frappées d’un timbre d’affranchissement et vendues au public par l’Administration. De la sorte, lettres et journaux pourraient être jetés dans les boîtes aux lettres. Ce plan se heurte à une hostilité caractérisée, le Post Office notamment n’admettant pas qu’un étranger à la maison se fasse le promoteur d’une telle réforme. Cependant, après de nombreuses péripéties, celle-ci est adoptée par le Parlement britannique le 26 décembre 1839. Il convient dès lors de faire fabriquer les enveloppes timbrées et les timbres adhésifs. Alors que l’enveloppe rencontre la défaveur du public, le timbre, initialement prévu comme simple expédient, suscite un intérêt immédiat. Le sujet retenu est l’effigie de la reine Victoria, représentée de profil, d’après une médaille frappée quelques années auparavant. Pour se garantir contre les falsifications, la tête est gravée sur un fond burelé comportant de nombreuses lignes enchevêtrées et denses. Les coins du cadre comportent un carré où figurent des lettres de l’alphabet variant avec chaque timbre, cela afin de compliquer aussi la tâche des faussaires.

Mis en service dès le 6 mai 1840, le timbre-poste apparaît comme un succès total en Grande-Bretagne. En 1848, un appareil de perforation proposé par l’inventeur Henry Archer permet la dentelure mécanique des timbres.


L’adoption du timbre-poste par la France

Les autres offices postaux suivent avec attention les difficultés et les progrès de la réforme britannique. Entre 1840 et 1848, plusieurs États adoptent le système, notamment le Brésil en 1843 et les États-Unis en 1847.

En France, l’adoption du timbre-poste se heurte à une résistance farouche. À l’instigation d’Étienne Arago (1802-1892), directeur des Postes, un décret-loi, voté en août 1848, autorise l’administration des postes à vendre trois valeurs de timbres : 20 centimes, 40 centimes et 1 franc, correspondant à l’affranchissement de plis pesant respectivement 7,5 g, 15 g et 100 g. Ils représentent la République avec les attributs de Cérès ou de la Liberté, et leur mise en service doit avoir lieu le 1er janvier 1849. Grâce à un travail intense et remarquablement synchronisé, coordonnant la gravure du poinçon, l’installation des ateliers de fabrication, la fourniture du papier, l’établissement des planches de 300 timbres, le tirage sur les presses à bras au rythme journalier de 65 400 figurines par presse et par jour, pour les timbres en noir, l’approvisionnement des bureaux est terminé huit jours avant la date prévue.