Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

T’ai-wan (suite)

L’accroissement de la population a été extrêmement rapide : 100 000 Chinois en 1683, 2 millions en 1811, 3 millions en 1886, 6 millions en 1945, 13 millions en 1967. Il a été dû moins à l’arrivée de 2 millions de réfugiés qu’à l’excédent naturel, qui, jusqu’à ces dernières années, était l’un des plus forts du monde (27 p. 1 000 en 1967). Récemment, la natalité a été freinée (de 45 p. 1 000 en 1953, elle est tombée à 28 p. 1 000 en 1970), mais la mortalité est la plus faible du monde (5 p. 1 000) par suite de la jeunesse de la population et du développement de l’hygiène : aussi la progression démographique continue-t-elle, bien qu’atténuée.

La population est très inégalement répartie : les montagnes, refuge des autochtones, sont très peu peuplées ; le littoral du Pacifique et la Taitung Rift Valley, où le peuplement ne date que de l’occupation japonaise (arrivée de pionniers chinois, installation par les Japonais de 50 000 autochtones), n’a qu’un peuplement ponctuel, relativement peu dense (85 hab. au km2 dans le comté de Taidong) ; la plaine occidentale concentre plus de 90 p. 100 de la population avec des densités considérables (comté de Zhanghua [Tchang-houa], environ 1 000 hab. au km2).


L’économie

Du fait du relief, une faible superficie de l’île est cultivable : 25 p. 100 ; proportion cependant très supérieure à la moyenne de la Chine méridionale (inférieure à 15 p. 100). Cette superficie (900 000 ha) est aujourd’hui utilisée de façon intensive, et tout nouvel accroissement de la production agricole sera difficile. L’agriculture pratiquée est la classique et minutieuse riziculture chinoise, mais modernisée et commercialisée d’abord sous l’influence des Japonais et, depuis 1949, avec l’aide américaine, par le gouvernement. Les Japonais ont favorisé l’extension des superficies cultivées (675 000 ha en 1910), augmenté les rendements en riz par l’irrigation, qui permet la double récolte annuelle, et, par l’emploi des engrais, développé la culture de la canne à sucre pour les besoins du marché japonais et celle du théier pour se procurer des devises. Depuis 1949, les rendements ont encore été accrus grâce à la construction de nouveaux réservoirs et à la sélection des semences ; de nouvelles cultures ont été introduites (ananas) ; surtout, une réforme agraire hardie a été réalisée à partir de 1953 qui, rendant le paysan maître de ses terres, l’incite à produire plus. Cette réforme, inspirée et partiellement financée par les États-Unis, a fixé à 2,8 ha la limite de la propriété ; alors que 40 p. 100 de la terre cultivable étaient travaillés, avant 1953, par des tenanciers qui payaient de lourds taux de fermage, aujourd’hui 85 p. 100 de la terre sont en faire-valoir direct et 15 p. 100 en fermage. Les grands propriétaires ont été indemnisés par l’octroi d’actions dans des entreprises d’État, Taiwan Fertilizer Company, Taiwan Cement Corporation, Taiwan Paper, etc. Les exploitations sont évidemment petites : 85 p. 100 des paysans travaillent moins de 3 ha, et 46 p. 100 moins de 1 ha ; 60 p. 100 des terres sont irriguées, soit 500 000 ha. La double récolte est de règle : compte tenu de l’existence d’une culture permanente comme la canne à sucre, pour 900 000 ha cultivés, 1 650 000 sont récoltés ; il y a double récolte annuelle de riz dans la plaine grâce à l’irrigation dans le Sud-Ouest, sans irrigation dans le Nord ; certaines terres portent trois récoltes, une récolte de riz, précédée et suivie d’une récolte de patates douces, voire quatre récoltes : deux de riz, une de légumes, une d’arachide entre les deux récoltes de riz ou de blé après la seconde de riz ; les rendements en riz ont dépassé 40 quintaux par hectare (emploi massif d’engrais chimiques) ; des variétés très productrices ont été sélectionnées, qui sont même diffusées à l’étranger ; la production de riz a approché 3,5 Mt en 1971. La canne à sucre a régressé, bien que la vente de sucre au Japon représente encore 30 p. 100 des exportations totales ; elle est cultivée par irrigation surtout autour de Tainan (T’ai-nan), dans le centre et dans le sud de la plaine occidentale, où les hivers secs et ensoleillés favorisent la richesse en sucre. La canne n’est pas en monoculture ; elle intervient dans un cycle de trois ans. La production de sucre a été de 750 000 t en 1971. Au riz et à la canne s’ajoutent, en plaine, légumes, patates douces, bananiers et agrumes, ainsi que tabac, soja, arachide et aussi, en piedmont, une nouvelle culture commerciale, l’ananas (100 000 t). Les basses pentes, non irriguées, portent surtout la patate douce, deuxième production de l’île en poids, des citronniers (au sud) et des théiers (au nord, constamment arrosé) : ceux-ci, originaires de l’Assam, fournissent 21 000 t de thé, en grande partie exporté. La population rurale est dispersée dans le nord de la plaine, groupée dans le sud et aussi dans la Taitung Rift Valley, qui est une grande zone pionnière. La population agricole ne représente plus que 42 p. 100 de la population totale.

Taiwan est devenue, dans le cadre des plans quadriennaux, un pays industriel important. Les ressources naturelles sont cependant assez maigres : 4,5 Mt de charbon. Les Japonais avaient doté l’île de 4 000 km de voies ferrées (la ligne principale joint, sur la côte occidentale, les ports de Jilong au nord et de Gaoxiong au sud) et construit des barrages hydro-électriques, une cimenterie, une raffinerie de pétrole, une usine d’aluminium (à Gaoxiong) et des chantiers navals (à Jilong). Après 1949, en partie grâce à des capitaux chinois apportés par des hommes d’affaires de Shanghai, mais surtout grâce à une aide américaine considérable, ont été créées d’abord des industries de faible technicité, utilisant une main-d’œuvre peu spécialisée mais bon marché : industries alimentaires, notamment 36 sucreries groupées dans la Taiwan Sugar Corporation, industries cotonnières (qui importent tout leur coton), fabriques d’articles de toilette, de chaussures de caoutchouc, d’objets en matière plastique, de ciment, d’engrais et de papier. Cela a été possible grâce à un développement considérable de la production hydro-électrique, qui trouve dans cette île montagneuse et humide des conditions favorables (près de 1 000 MW installés). Plus récemment, en 1967, une zone franche a été créée à Gaoxiong et des hommes d’affaires américains, japonais et chinois (de Hongkong) ont développé, là et ailleurs dans l’île, de nouvelles industries plus sophistiquées : industries mécaniques, électroniques, chimiques, chantiers navals pouvant lancer des navires de 100 000 t (à Jilong), aciérie. Déjà, la part de l’industrie l’emporte sur celle de l’agriculture dans le produit national brut et, de beaucoup, dans les exportations.