Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

syndrome (suite)

• L’état de choc*. C’est un syndrome fait d’hypotension, de pâleur, de baisse de la température, parfois de coma ; il peut compliquer une infection, une intoxication, une allergie ou être la conséquence d’un traumatisme, d’un accouchement, d’un infarctus. Le syndrome général d’adaptation de H. Selye est constitué par l’ensemble des modifications internes (stress) par lesquelles l’organisme s’oppose aux agressions dans les limites de ses possibilités de défense.

• Le syndrome anémique. L’anémie est un syndrome qui se traduit par la pâleur, un abaissement de la tension artérielle, un souffle à l’auscultation du cœur, des syncopes* ou des lipothymies, parfois de la dyspnée. Les causes sont multiples (v. anémie).


Syndromes de localisation

Ces syndromes renseignent sur le siège d’une lésion ou d’un trouble, parfois d’une façon très précise. En neurologie, l’étude des muscles où se manifeste une paralysie, celle des anomalies de la sensibilité qui sont associées, celle des réflexes permettent de localiser la lésion qui est la cause de cette paralysie. Ainsi, le syndrome pyramidal (paralysie, conservation des réflexes tendineux, inversion du réflexe cutané plantaire ou signe de Babinski) témoigne d’une atteinte du faisceau pyramidal, principale voie nerveuse de la motricité allant du cerveau à la moelle épinière. Au contraire, une paralysie avec abolition des réflexes tendineux et absence du signe de Babinski est une paralysie périphérique touchant les neurones allant de la moelle aux muscles.

Ainsi, le syndrome cérébelleux (troubles de l’équilibre, de la coordination des mouvements, du tonus et mouvements anormaux des yeux, dits « nystagmus ») indique une atteinte du cervelet.

Dans la pathologie de la tête, de nombreux syndromes étudiés par les oto-rhino-laryngologistes et les ophtalmologistes affectent les organes des sens et les voies nerveuses qui leur sont rattachées. Les différentes affections thoraciques engendrent des syndromes respiratoires, cardiaques, médiastinaux (v. thorax). Les nombreux organes et appareils contenus dans l’abdomen traduisent leur atteinte par des groupes de symptômes qui permettent de distinguer des syndromes digestifs, biliaires, urinaires, génitaux, etc. Et, dans les différents appareils intéressés, un ou plusieurs symptômes observés ou recherchés peuvent apporter une localisation plus précise de l’organe atteint.


Syndromes mécaniques

Un obstacle dans un conduit, ou canal, perturbe le transit normal de son contenu ; il s’ensuit une accumulation des substances en amont, un arrêt de l’écoulement en aval et une lutte de l’organisme contre l’obstacle, traduite par des douleurs d’abord localisées, puis irradiées aux régions voisines. Au niveau du tube digestif, on observe ainsi l’occlusion* intestinale, qui peut se manifester à la suite d’une oblitération (tumeur, calcul biliaire, etc.) ou par strangulation (pliure, torsion) d’une anse intestinale.

Dans les voies biliaires, la migration d’un calcul obstruant un canal provoque la colique hépatique, alors que, dans les voies urinaires, elle provoque une colique néphrétique.

La compression d’un organe ou d’une région entraîne des troubles de la circulation veineuse, provoquant l’œdème (gonflement) des territoires correspondants, des douleurs par écrasement des nerfs, des perturbations dans les organes voisins : on observe ainsi des syndromes de compression médiastinale, de compression pelvienne (petit bassin), de compression de la moelle épinière, etc.

L’augmentation de pression dans un organe creux (hypertension* artérielle, porte*, intracrânienne) entraîne dans chaque cas un ensemble de symptômes évocateurs, quelle que soit la cause de l’anomalie.


Syndromes biologiques et syndromes radiologiques

Il s’agit des ensembles de modifications des constantes biochimiques, physicochimiques et cytologiques et de modifications des images radiologiques accompagnant certaines manifestations cliniques et en facilitant le diagnostic.

Il existe ainsi un syndrome biologique de l’occlusion intestinale, qui traduit les pertes de sodium et de chlore consécutives aux vomissements, qui ne peuvent être compensées par l’apport alimentaire. De même, l’occlusion intestinale s’accompagne, suivant son siège (intestin grêle ou colon), de distension gazeuse de la région sus-jacente à l’obstacle, de « niveaux liquides » dans les anses intestinales, visibles sur les radiographies.

On appelle encore syndrome biologique des manifestations cliniques provoquées par un dérèglement biochimique. Ainsi, l’hypoglycémie (baisse du glucose sanguin), qui peut être due à un excès d’insuline injectée à un diabétique comme à des maladies du pancréas, du foie, des glandes endocrines ou à un jeûne prolongé, se manifeste par des crispations, ou convulsions, et, au maximum, par un coma. Ainsi, la baisse du calcium sanguin provoque des troubles nerveux spasmodiques (v. spasmophilie), etc.


Significations des syndromes

• Dans certains cas, la constatation d’un syndrome n’est qu’une étape dans l’établissement du diagnostic. Celui-ci pourra être établi soit par l’apparition de nouveaux symptômes ou par la constitution d’un autre syndrome, soit par la recherche systématique de signes biologiques (examens de sang, d’urines, etc.) ou radiologiques (radiographies).

• Dans d’autres cas, le syndrome constitue une entité pathologique qui se manifeste toujours de la même façon, dans les mêmes conditions, mais dont la cause ou le mécanisme restent obscurs ou discutés dans l’état actuel de la science.

Ainsi, le syndrome de Dressler, qui peut survenir de deux à trois semaines après un infarctus* du myocarde, se manifeste par de la fièvre, une douleur thoracique, une accélération de la vitesse de sédimentation (v. sang) avec l’inflammation du péricarde et de la plèvre (épanchements liquides dans ces enveloppes du cœur et des poumons) ; entité d’origine obscure, ce n’est ni une rechute d’infarctus du myocarde, ni un infarctus pulmonaire, et son pronostic est généralement bon.