symbole (suite)
La psychanalyse, dans le même sens, a pu voir une analogie entre l’élaboration de l’œuvre d’art et les mécanismes du rêve*. Ainsi l’artiste donne-t-il à son œuvre un contenu manifeste, mais aussi un contenu « latent », qu’il faut interpréter et qui peut être le plus important. Les images qu’il crée sont alors des symboles de ce qui se produit dans son inconscient. Dans la peinture surréaliste, l’étrangeté de l’assemblage des éléments suscite naturellement ce genre d’analyse. Le danger, pour la juste appréciation de l’œuvre d’art, est de faire subir aux images un décodage systématique et de s’y limiter, comme s’il s’agissait d’analyser les attributs d’une divinité antique ou d’un saint guérisseur, ou comme ferait un psychiatre analysant un rêve pour y découvrir les causes de troubles psychiques. C’est sans doute ce que redoutait Magritte.
Le problème du contenu symbolique de l’œuvre d’art — dont il faut bien distinguer celui de sa structure sémiotique* — se pose obligatoirement à qui s’interroge sur les finalités de l’art abstrait (voir par exemple l’œuvre peint et les écrits de Kandinsky*). L’art abstrait, ne demandant pas au spectateur une profonde érudition historique ou littéraire, mais l’habitude de la contemplation, touche ou pourrait toucher un aussi grand public que les « allégories symboliques » d’origine religieuse. Certaines tendances de la philosophie, depuis le début du xxe s., vont dans le même sens (ne citons que la Philosophie des formes symboliques d’Ernst Cassirer). Selon ces tendances, tout l’art serait symbolique. L’étude des motivations de la création artistique montre, en effet, que le signe plastique ne résulte jamais d’un choix arbitraire, mais qu’il est toujours signifiant en profondeur, c’est-à-dire symbolique au sens large. Le style individuel d’un peintre connu ou celui des édifices élevés selon les canons d’une époque déterminée se relient ainsi aux grands archétypes du psychisme humain.
E. P.
➙ Art / Esthétique / Iconographie ou iconologie.
E. Panofsky, Gothic Architecture and Scholasticism (Latrobe, Pa, 1951 ; nouv. éd., Cleveland, 1963) ; Meaning in the Visual Arts (New York, 1955 ; trad. fr. l’Œuvre d’art et ses significations, Gallimard, 1969). / G. de Tervarent, Attributs et symboles dans l’art profane 1450-1600 (Droz, Genève, 1958-1965 ; 2 vol.). / G. Durand, les Structures anthropologiques et l’imaginaire (P. U. F., 1960). / J. Daniélou, les Symboles chrétiens primitifs (Éd. du Seuil, 1961). / O. Belgbeder, la Symbolique (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1957) ; Lexique des symboles (Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1969). / E. H. Gombrich, Symbolic Images, Studies in the Art of Renaissance (Londres, 1972).