surréalisme (suite)
La peinture surréaliste après la guerre (1947-1969)
L’Exposition internationale du surréalisme de 1947, à Paris, est l’occasion d’un regroupement de forces au lendemain de la guerre. L’automatisme tient désormais le haut du pavé, mais il entraînera à diverses reprises des déviations du côté de l’abstraction lyrique : ainsi chez Francis Bott (Allemagne, né en 1904), Jean-Paul Riopelle*, Iaroslav Serpan (Tchécoslovaquie, né en 1922), plus tard chez Simon Hantaï (Hongrie, né en 1922) et Antonio Saura (Espagne, né en 1930). Installée à Paris depuis 1947, Toyen (Marie Čermínová, Tchécoslovaquie, née en 1902) s’y révèle comme le peintre par excellence des hallucinations. Accédant maintenant à une notoriété internationale, les premiers peintres surréalistes se détachent de l’activité collective : c’est le cas d’Arp, de Miró, de Magritte, de Tanguy. Des ruptures se produisent : en 1948 Matta et Brauner, en 1951 Herold, en 1954 Ernst. En revanche, de nouvelles adhésions interviennent, presque sans interruption : en 1949 Adrien Dax (France, né en 1913), en 1953 Hantaï et Max Walter Svanberg (Suède, né en 1912), en 1956 Agustín Cárdenas (Cuba, né en 1927) et Pierre Molinier (France, 1900-1976), en 1957 Le Maréchal (France, né en 1928), en 1958 Robert Lagarde (France, né en 1928), en 1959 Jean Benoît (Canada, né en 1922), Yves Laloy (France, né en 1920), Mimi Parent (Canada, née en 1924) et Friedrich Schröder-Sonnenstern (Lituanie, né en 1892), en 1961 Jean-Claude Silbermann (France, né en 1935), en 1962 Jorge Camacho (Cuba, né en 1934), en 1963 Gabriel Der Kevorkian (France, né en 1932). Autour de 1955, grâce au critique Charles Estienne, s’esquisse sous le signe du tachisme un rapprochement avec quelques abstraits lyriques, tels Degottex, Duvillier, Loubchansky, Messagier (v. abstraction). À partir de 1960, une alliance tactique avec le groupe « Phases », animé par Édouard Jaguer, permet à certains artistes, tels que Pierre Alechinsky (Belgique, né en 1927), Enrico Baj (Italie, né en 1924), Alberto Gironella (Mexique, né en 1929), Konrad Klapheck (Allemagne, né en 1935) et Hervé Télémaque (Haïti, né en 1937), d’entrer en contact avec les surréalistes.
Deux grandes Expositions internationales du surréalisme auront de nouveau lieu à Paris du vivant de Breton : « Eros » en 1959 et « l’Écart absolu » en 1965, qui marqueront avec force la position du mouvement sur le plan de l’érotisme* et face à la société de consommation. Après la mort de Breton (1966), de nouveaux peintres indiscutablement surréalistes se révèlent encore, par exemple Théo Gerber (Suisse, né en 1928) et Ivan Tovar (Saint-Domingue, né en 1942). Et si l’on découvre en 1969 l’œuvre à laquelle Duchamp avait travaillé vingt ans durant (1946-1966), Étant donnés : 1o la chute d’eau, 2o le gaz d’éclairage, doit-on l’interpréter comme le mot de la fin de l’aventure surréaliste dans le domaine des arts plastiques ou, plus vraisemblablement, comme le signe qu’une étape du surréalisme est close et qu’une autre s’annonce ?
J. P.
➙ Automatisme / Dada (mouvement).
A. Breton, le Surréalisme et la peinture (Gallimard, 1928 ; 3e éd., 1965). / M. Jean et A. Mezei, Histoire de la peinture surréaliste (Éd. du Seuil, 1959). / P. Waldberg, le Surréalisme (Skira, Genève, 1962). / J. Pierre, le Surréalisme (Rencontre, Lausanne, 1967) ; Der Geist des Surrealismus (catalogue d’exposition) [Cologne, 1971] ; le Surréalisme (Hazan, 1973). / W. Rubin, Dada and Surrealist Art (New York, 1969). / Quatre Siècles de surréalisme. L’art fantastique dans la gravure (Belfond, 1973).

