Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Socrate (suite)

 É. Boutroux, Études d’histoire de la philosophie (Alcan, 1897). / A. E. Taylor, Varia socratica (Oxford, 1911) ; Socrates (Londres, 1932 ; 2e éd., 1939). / J. Burnet, Greek Philosophy (Londres, 1914). / E. Dupréel, la Légende socratique et les sources de Platon (R. Sand, Bruxelles, 1922). / G. Rodier, Études de philosophie grecque (Vrin, 1926). / O. Gigon, Sokrates (Berne, 1947). / V. de Magalhaes-Vilhena, le Problème de Socrate, le Socrate historique et le Socrate de Platon (P. U. F., 1952) ; Socrate et la légende platonicienne (P. U. F., 1952). / J. Brun, Socrate (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1960 ; 5e éd., 1973). / J. Humbert, Socrate et les petits socratiques (P. U. F., 1967). / E. Callot, la Doctrine de Socrate (Rivière, 1970).

Sofia

Capit. de la Bulgarie ; 848 000 hab.



Permanence du site et tradition urbaine

La ville a connu un développement très lent jusqu’à l’ère socialiste. Au départ des Turcs (1878) — un peu comme Athènes dans les années 1830 —, elle ne comptait plus que quelques milliers d’habitants. Des fouilles ont permis d’attester la présence d’une ville romaine fondée sur une cité thrace, Serdica, au pied du massif de la Vitoša (qui se dresse, limité par des failles, au-dessus d’un bassin de remblaiement néogène coincé entre les avant-postes du Rila et du Rhodope et l’arc de la Stara Planina). Dans le bassin se croisaient de grandes routes de l’Antiquité, demeurées de grandes voies modernes : du sud au nord, une route mène des plaines de la mer Égée au Danube par la percée de l’Iskăr à travers la chaîne de la Stara Planina, que les Turcs appelaient Balkan ; de l’ouest à l’est, une grande diagonale conduit de Belgrade et des plaines pannoniennes en direction des bassins de la Marica, de la ville de Plovdiv, enfin d’Istanbul. Sofia est un des grands carrefours entre l’Europe centrale et l’Europe méditerranéenne et orientale.

Détruite par les Huns, la cité est reconstruite lors des « grandes migrations des peuples », lorsque les Bulgares, pasteurs et agriculteurs, se sédentarisent sur des terres relativement fertiles, en tout cas assez bien arrosées. Les Bulgares édifient alors une forteresse (grad), qui abrite une population de paysans, des colonies grecques, arméniennes, ragusaines, italiennes, auxquelles viennent se joindre au xixe s. d’autres populations méditerranéennes. Même sous l’occupation turque et, plus tard, lors de la rénovation de la ville, cette permanence d’une vie de symbiose entre citadins et ruraux, ainsi que la présence d’une cité commerciale, le bazar, se sont perpétuées, comme dans tous les Balkans.

Le plan de la ville ancienne est encore mal dégagé. Il regroupe des échoppes et des boutiques témoignant de la fonction de bazar ainsi que l’ancienne mosquée et le vieil hôtel du Balkanturist ; des noyaux forment des places, l’une encadrant la cathédrale orthodoxe Alexandre Nevski, l’autre bordée de monuments d’architecture néo-classique, d’inspiration stalinienne, comme l’immeuble du parti communiste et le mausolée de Georgi Dimitrov. À partir de ce centre s’étirent des quartiers résidentiels au plan en damier le long des radiales qui divergent de la croisée des routes : les maisons, basses et au toit à quatre pans, sont entourées d’un jardin ou d’un verger. Dans les faubourgs, d’allure plus ou moins paysanne, se maintient une bonne partie de la population, surtout d’origine rurale. La gare et la voie ferrée, au nord, ont longtemps limité l’extension urbaine, mais l’ensemble urbain et le bassin lui-même peuvent accueillir une population beaucoup plus nombreuse.

Malgré les revers dus à la participation de la Bulgarie à la Première Guerre mondiale, la volonté de construire une capitale de type européen se manifesta après le conflit : destruction des mosquées et du ghetto, édification des principales églises, fondation d’un musée ethnographique. La réunion de la principauté autonome de Bulgarie et de la région autonome de la Roumélie orientale (avec comme capitale Plovdiv) donna sans conteste la prééminence à Sofia. Mais les grandes modifications ne sont intervenues que dans les années 50 et même 60 : au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Sofia ressemble encore plus à une ville de la fin du xixe s. qu’à une cité moderne.

L’histoire de la ville

Sofia, l’antique cité thrace de Serdica, apparaît dans l’histoire un peu avant l’ère chrétienne. Au début du iie s., l’empereur Trajan fonde la colonie d’Ulpia Serdica, et, à la fin du siècle suivant, Aurélien en fait la capitale de la province de Dacia Mediterranea. Au temps de l’empire chrétien, en 343, un grand concile se tient à Serdica dans le dessein de mettre un terme aux troubles occasionnés par l’hérésie arienne.

Sous le règne de Constantin Ier le Grand, la ville joue le rôle d’un important centre commercial, à la rencontre des trafics orientaux et occidentaux. Elle subit les assauts des Barbares, Ostrogoths et Wisigoths ; et, de 441 à 447, elle est dévastée par les hordes d’Attila. Elle ne reprend de l’importance que sous le règne de l’empereur Justinien Ier (527-565), qui relève ses remparts.

En 809, elle tombe aux mains des Bulgares, lorsque leur tsar l’enlève aux troupes byzantines de l’empereur Nicéphore Ier. Serdica, baptisée Sredec par les Slaves, est âprement disputée du ixe au xie s. entre Grecs et Bulgares.

Définitivement bulgare, elle n’est pourtant pas la capitale des tsars, ce rôle étant dévolu successivement à Pliska, à Preslav et à Tărnovo. C’est au xive s. qu’elle devient Sofia. À cette époque, les Turcs ravagent le plat pays autour de la ville, qui, en 1382, tombe en leur pouvoir. À part un court intermède en 1443-44, lorsque le roi Ladislas III de Pologne parvient à s’en emparer pour quelque temps, Sofia demeure une petite ville turque.

Elle ne rentre dans l’histoire que le 4 janvier 1878, lorsqu’elle est libérée par les troupes russes du général Iossif Vladimirovitch Gourko (1828-1901). En 1908, elle devient la capitale du royaume indépendant de Bulgarie.

P. R.