socle (suite)
Ainsi, la plaine des Eglab, au sud du bassin de Tindouf, est une boutonnière de socle qui a été tour à tour fossilisée et exhumée de dépôts infracambriens, cambro-siluriens, crétacés et tertiaires, chaque coup de rabot de l’érosion n’enlevant, outre la couverture fossilisante, qu’un mince copeau de socle, dont la surface polygénique est d’une rare perfection, quoique accidentée de quelques inselbergs (les « eglab »). Finalement, antéclises et synéclises sont si faiblement marquées que le relief est d’une très grande platitude. Les reliefs les plus notables sont les rebords des couvertures gréseuses, qui, sous les climats chauds, restent en saillie par rapport au socle. Leur dénivellation, cependant, est assez faible, elle n’excède pas une centaine de mètres.
On observe que, bien souvent, le relief des boucliers présente une plus grande énergie en bordure des continents, constituant des bourrelets marginaux qui isolent les platitudes intérieures de la mer. Il s’agit parfois de modestes renflements à peu près symétriques, comme la dorsale du bas Congo, qui ferme la cuvette congolaise à l’aval sans dépasser 870 m d’altitude. Mais, plus souvent, c’est un relief dissymétrique tournant un abrupt vers la mer. La cause en est parfois une flexure marquée de la bordure du continent, comme dans le massif de la Borborema, dans le Nord-Est brésilien. Plus souvent, ce sont des failles qui ont relevé la marge du continent. Suivant qu’elles ont joué à une époque plus ou moins récente, le relief offre une vigueur variable.
Les escarpements par lesquels le socle de l’Arabie s’effondre sous la mer Rouge et le golfe d’Aden sont certainement les plus frais qui se puissent observer ; la région littorale du Sud-Est brésilien montre, au contraire, un relief dérivant de failles plus anciennes : une côte sinueuse y dénote un recul inégalement rapide des escarpements en rapport avec la résistance des roches.
À la différenciation structurale des socles qui vient d’être esquissée se superpose une différenciation morphoclimatique.
Les paysages des socles sont, en effet, fortement influencés par les systèmes morphogénétiques qui les façonnent. À cet égard, les boucliers septentrionaux (Canada, Scandinavie), qui ont été raclés par les glaciers quaternaires et qui sont soumis aujourd’hui à des climats périglaciaires, présentent des modelés fondamentalement différents de ceux des boucliers tropicaux, qui sont façonnés depuis très longtemps sous des climats chauds tantôt plus humides, tantôt plus secs.
R. L.
P. Birot, Morphologie structurale, t. II (P. U. F., 1958). / J. Tricart et A. Cailleux, Cours de géomorphologie, fasc. 2, 1re partie : Géomorphologie des régions de plateformes (Sedes, 1958).