Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

silicium (suite)

L’hydrolyse des halogénures d’alkylsilanes ou d’arylsilanes, d’une formule telle que (C2H5)3 SiCl, donne un siloxane de formule (C2H5)3 Si—O—Si (C2H5)3. Avec un dihalogénure tel que le diméthylsiloxane (CH3)2 SiCl2, la condensation entre hydroxyles des polysilanols intermédiaires donne des chaînes Si—O—Si—O très stables, qui sont à la base de la structure des silicones. Ceux-ci peuvent former des chaînes, et, dans certains cas, ces chaînes se soudent en réseaux. C’est ainsi que l’on trouve des groupes atomiques tels que :

ou

Avec un poids moléculaire faible, les silicones forment des huiles de viscosité constante. Pour des poids moléculaires plus élevés, on obtient des graisses ou des « élastomères ».

H. B.

➙ Silicates / Silice.

Sillanpää (Frans Eemil)

Écrivain finlandais d’expression finnoise (Hämeenkyrö, prov. de Häme, 1888 - Helsinki 1964).


Ses parents sont de pauvres tenanciers, mais il connaît, malgré la pauvreté, une enfance heureuse, qui éclairera toute son œuvre. Endetté et malade, il abandonne de longues études de biologie, pendant lesquelles il s’est initié aux théories modernes de la biogénétique, cependant qu’attiré par la philosophie et les lettres il lit les grands écrivains, influencé surtout par le style de son compatriote Juhani Aho (1861-1921), le panthéisme de Hamsun, le mysticisme de Maeterlinck. Retiré dans sa chaumière natale, il retrouve sa santé mentale, compromise, et écrit pour vivre, sur les petites gens des villages, des nouvelles réalistes et humoristiques, originales par la peinture exacte des personnages et une note impressionniste toute nouvelle.

Dans son premier roman, la Vie et le soleil (1916), hymne à la splendeur de l’été et à l’amour, de jeunes êtres instinctifs semblent vivre en dehors du temps « sur la frontière à la fois éveillée et sommeillante de la conscience », au rythme d’une nature à laquelle un lien mystique les unit. La guerre civile de 1918 efface pour un temps ces images souriantes et éveille chez Sillanpää un intérêt croissant pour la classe déshéritée. Sainte Misère (1919), un des livres les plus remarquables, sobre, objectif et poignant sur une des périodes les plus dures pour le prolétariat paysan et la lutte entre rouges et blancs, est aussi l’histoire du tenancier Juka Toivola, au cerveau étiolé, accablé tout au long de sa vie par une misère implacable, une détresse sans nom et qui, au moment où il « trébuche dans la vieillesse », se laisse entraîner dans la lutte contre les blancs et meurt fusillé sans avoir rien compris à la grande tragédie qui se joue. Ce fatalisme, cette vie végétative se retrouvent, dans une ambiance moins sombre, chez la jeune servante de Hiltu et Ragnar (1923), passive et si désemparée devant l’amour et les réalités de la vie qu’elle se jette dans un lac un soir de printemps. Après cette période assombrie par le souvenir de la guerre, Sillanpää se fait de la vie une image plus claire. Celle-ci se reflète dans Silja ou Une brève destinée (1931), l’histoire de Silja, la frêle servante à l’âme lumineuse qui, après une enfance près d’un père aimant mais veule, reste orpheline, est aimée, abandonnée, vit dans l’attente et le rêve, et meurt bientôt tuberculeuse « en souriant à son destin ». Par sa simplicité classique, sa langue harmonieuse, Silja est considéré comme le chef-d’œuvre de Sillanpää. D’un style moins poétique, souvent pesant et comme attaché à la glèbe, la Voie de l’homme (1932) est le roman des travaux d’une ferme et de son jeune patron sans volonté et singulièrement sensible au spectacle changeant des saisons, à l’attirance cosmique de la Lune, qui tient une si grande place dans l’œuvre de Sillanpää. Cette mystique panthéiste qui unit l’homme à la nature se retrouve avec encore plus de charme sensuel dans Des êtres humains dans la nuit d’été (1935).

Dans ses neuf recueils de nouvelles, souvenirs, portraits, réflexions philosophiques et causeries, l’art du court récit se fait jour. Sillanpää conte avec une tendresse enjouée sa vie d’enfance dans Ma chère terre natale (1919) ; il peint avec une précision toute scientifique, qui n’exclut pas la poésie, les paysages familiers des champs, des bois, des villages gris et du lac, ce « regard du paysage », dans Au ras du sol (1924). Il fait vivre dans ses portraits des valets rustiques, bien finnois, de jeunes servantes qui s’éveillent à l’amour, de petites vieilles résignées à leur pauvreté, des bêtes familières et surtout des enfants, qu’il a beaucoup aimés et auxquels il a consacré tout un livre, les Protégés des anges (1923). Dans Confession (1928), il philosophe volontiers sur le but de la vie, l’idée de liberté, de temps, la patrie et la guerre. À vrai dire, toutes les théories lui semblent « grises », et c’est toujours vers la vie et les qualités de cœur qu’il se tourne. On l’a souvent comparé à ses compatriotes Kivi* et Aho. Comme eux, Sillanpää s’est attaché à peindre avec humour et sympathie les villageois de sa région dans leur décor familier. Mais la place que tient le subconscient dans son œuvre, son déterminisme biologique, sa vision de l’homme ne faisant qu’un avec une nature que baigne une atmosphère impondérable, peinte en touches impressionnistes vibrantes de sensations visuelles, auditives, tactiles, le passage incessant du réel à l’irréel dans un temps sans durée où passé et avenir se fondent dans le présent, le vertige cosmique, tout cela le rapproche d’écrivains comme Maeterlinck, Bergson, Proust, Joyce et fait de lui le premier écrivain moderne de Finlande. Sillanpää a reçu le prix Nobel de littérature en 1939.

L. T.

Siloé (les)

Gil de Siloé (en esp. Siloe ou Siloee), ou « Maître Gil », ou « Gil de Emberres » (Anvers), sculpteur flamand actif à Burgos dans le dernier quart du xve s. ; Diego de Siloé, architecte et sculpteur espagnol (Burgos v. 1495 - Grenade 1563), fils du précédent.